11. LD
Malgré mes jambes vacillantes, ma fatigue et ma détresse, je ne leur laisse pas le temps de me soigner. Le sort des rêveurs et des fugueurs n'est pas bien différent de celui des assassins : pourchassés, enfermés, questionnés, méprisés une fois relâchés. Ceux qui tirent sur l'horizon et poignardent mon âme sont les héros de ce monde.
Mes pas sur le sable semblent des ricochets dans les étoiles. Mon souffle de givre colore le crépuscule d'une palette nacrée. Mon cœur s'embrase d'un invincible été malgré l'hiver qui le menace. S'ils me rattrapent aujourd'hui, demain perdra son éclat. Je ne suis plus capable de me complaire dans l'ombre.
Je connais mieux cette ville où je n'ai pas grandi que ceux qui l'habitent depuis toujours. Peut-être parce qu'un ange a foulé son sol. Ou grâce aux messages tacites déchiffrés dans les constellations : elles m'indiquent le sentier à emprunter. Dans mon sillage, je sème des cendres et des larmes. Les poursuivants perdent ma trace un à un. Je vérifie que leur troupe diminue en nombre ; c'est sans compter le mur face à moi et l'impasse qui se profile...
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