15. M
Je heurte le sol, mon corps roule sur le bitume rendu bouillant par le soleil. Des mains aggrippent mes vêtements comme des monstres affamés, me tirent et me bousculent confusément. Je me relève, je n'ai pas mal. Ma roulade a amorti la chute.
Une femme me crie quelque chose que je refuse d'entendre, on m'entoure et on me pousse vers quelque chose que je ne perçois pas, comme un fauve qu'on oblige à entrer dans une cage. Cette cage, je n'en veux pas. Cette cage, elle m'a fait saigner, pleurer, hurler, regretter. Pire, elle m'a fait espérer comme si j'attendais qu'on m'ouvre la porte, tout irait mieux. Personne ne l'a jamais fait. Et je me suis effondré, avec un souvenir pour seule raison de vivre.
Plus jamais. Cette fois je m'échappe, je cours, je suis libre. Les rêves sont faits pour être réalisés.
Bousculant la foule, je reprends ma course effrénée vers l'inconnu. Mon souffle se calque sur mes pas précipités, et bientôt, je suis seul dans une rue vide. Seuls quelques chats errants me jettent des regards ambrés emplis de méfiance. Je plonge les mains dans mes poches zippées et y trouve trois pièces. J'ai de quoi m'acheter quelque chose à manger, après quoi je partirai pour de bon.
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