Epic masquait comme il le pouvait la crainte qui l’envahissait. Pour libérer la belle Ellora, il était prêt à tout, même traverser les enfers. C’est en ce lieu qu’il était à présent. La chaleur écrasante le faisait haleter et ses pattes fondaient littéralement sous le bitume brûlant. Il longeait une rivière de lave en fusion, se demandant par quel miracle il parviendrait à l’enjamber. L’interminable serpent incandescent le séparait de la corniche qu’il souhaitait atteindre. Il s’assit et leva une patte en quête de fraicheur. L’idée de rebrousser chemin était forte, mais Epic la chassa d’un ébrouement. Il ne devait pas faiblir devant ce défi, c’était indigne de son statut. Il bondit comme il le pouvait au-dessus de la langue de feu. Il fut instamment touché par la grâce de Saint Canigou. Une force invisible le souleva du sol, il volait. L’impression était merveilleuse, il sentait le vent chaud s’engouffrer dans son pelage. Il avisa une prairie ombragée, comme une oasis dans ce monde hostile, et y atterrit en douceur. Une voix s’éleva alors de nulle part :

• Bah oui, mon Kiki ! Ça fait chaud les papattes la rue, mais Papa t’a porté pour traverser.

Epic tourna son regard vers son maître et lâcha un soupir amusé. Un jour, il serait un héros… mais pas aujourd’hui.