Epic patrouillait fièrement dans les rues de sa cité. Le port altier et le regard perçant, il scrutait les alentours à la recherche d’une épreuve qui le ferait devenir un héros. Au détour d’un chemin, il perçut un cri d’effroi suivi d’un grognement. Il se précipita sur les lieux pour découvrir Zahr, rudoyant la reine Amélie tandis que la belle Ellora, blottie contre sa maîtresse, jappait de détresse. Il tourna le regard vers Dom qui semblait impassible. Son maître soupira en haussant les épaules :

• Ils s’engueulent encore ces deux-là.

Il reprit sa route sans se soucier de la dispute, mais Epic ne l’entendait pas de cette oreille. On ne devient pas un héros en ignorant les princesses en détresse. D’un geste habile, il recula pour retirer son collier et fondit sur Zahr, indifférent aux cris d’effroi de Dom. Il traversa la route au son d’un crissement de pneus et se rua sur le pantalon du mage qu’il mordit frénétiquement. Zahr le dégagea en maugréant d’un coup de pied qui envoya valser le courageux animal dans un couinement de douleur. Le sang de Dom ne fit alors qu’un tour, il se précipita sur Zahr et lui écrasa son poing dans la figure :

• On ne touche pas à mon chien, hurla-t-il de fureur.

Il se retourna vers Epic qui gisait au sol en jappant. Amélie était déjà à son chevet, inquiète pour son état.

• Il faut l’amener chez le vétérinaire.

Dom déclara que le sien était le meilleur, mais quand il prononça son nom, Amélie ne put s’empêcher de pouffer : elle pensait au même. Une voiture fut rapidement apprêtée pour conduire l’animal blessé au plus vite. Allongé sur la banquette arrière, dans les bras de son maître, Epic prenait un doux plaisir à couiner à chaque changement de vitesse trop brutal. En réalité, il jouait la comédie ; se trouver là à quelques pattes d’Ellora le ravissait. Il tourna un regard heureux vers Dom. Ce dernier, bien qu’inquiet, rayonnait d’une étrange aura. Un jour, il serait un héros... Non, il en était devenu un aujourd’hui.