CHAPITRE 44 Une nuit rocambolesque (Repris)
— Hey, vous là ! Qu’est-ce que vous faites ici ? cria une voix caverneuse.
Éva et moi nous relevâmes en sursaut. Un moine encapuchonné, à la carrure plus proche de celle d’un rugbyman que d’un homme d’Église, s’avançait à grands pas, sa lampe torche braquée vers nous. Le regard sévère qu’il nous adressa me noua la gorge. Le péché de luxure nous vaudrait-il un aller simple pour les cachots ?
— Excusez-n… tentai-je d’articuler.
Ses chaussures à la main, Éva attrapa mon bras et me traîna jusqu’aux escaliers en me déboîtant presque l’épaule. Nous dévalâmes les marches en colimaçon sans demander notre reste. Ma tête tournait, je crachai mes poumons, mais pas question de m’arrêter. Jamais je n’avais couru aussi vite. À peine le temps d’apercevoir la nef que nous étions déjà sur le parvis.
Devant la porte du jugement, Éva et moi échangeâmes un regard. Mauvaise idée. Nous éclatâmes d’un grand rire nerveux sous la surveillance des gargouilles austères. J’avais du mal à reprendre mon souffle, mes abdomens brûlaient. Quelles autres surprises cette soirée rocambolesque nous réservait-elle ?
Notre hilarité dissipée, je jetai un coup d’œil à ma montre. Minuit approchait.
— Nous devrions retourner à l’hôtel avant d’avoir des problèmes, Éva.
— Ne t’inquiète pas. Avec moi, tu ne risques rien. Après tout, je suis la fille du général Kaltenbrün.
Elle s’appuya sur moi et enfila ses escarpins.
— Les métros sont fermés à cette heure, ajouta-t-elle. J’espère qu’une promenade au clair de lune ne te dérange pas.
Elle enroula son bras autour du mien et se blottit contre moi. Un crépitement électrisant se répandit dans mon ventre. Mon cœur palpitait si fort que ma cage thoracique menaçait d’exploser. Éva se tenait là, collée à moi. Rêve ou réalité ? Peu m’importait. Je ne désirais qu’une chose : profiter de ce moment magique.
Nous traversâmes plusieurs ruelles sans rien dire, accompagnés par les claquements de ses talons sur les pavés. Les bâtiments haussmanniens défilèrent. Au bout d’une dizaine de minutes, ma gorge s’assécha. Éva s’était montrée si entreprenante tout au long de la journée que son silence me perturbait. Avais-je commis une bourde ? Qu’attendait-elle de moi ? Espérait-elle que je prenne l’initiative, que je lui susurre des mots doux ?
— Éva… ?
Elle tourna la tête vers moi, planta ses iris bleu ciel dans les miens. Devant l’insistance de son regard, mon courage se volatilisa.
— Vous… Vous n’avez pas trop mal aux pieds ?
Quel imbécile ! Une nouvelle bouffée de chaleur carbonisa le bout de mes oreilles. Le rire d’Éva s’envola dans le calme de la nuit.
— Augustin ! Nous venons de nous embrasser sur le toit de Notre-Dame et c’est tout ce que tu trouves à me demander ? Et puis, cesse un peu de me vouvoyer !
— Désolé… C’est que… Je ne sais pas quoi dire. C’est la première fois que j’embrasse une fille.
— C’est bien ce que j’avais cru comprendre.
Je m’arrêtai net. Recevoir une gifle en pleine face n’aurait pas été pire.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? J’ai été si nul que ça ?
— Pour un début, c’était plutôt satisfaisant. Tu as juste besoin d’un peu de pratique.
Elle effleura ma main du bout des doigts, déposa ses lèvres sur les miennes, titilla ma langue avec la sienne. Toutes les cellules de mon corps s’éveillèrent. Aucun mets, même le plus raffiné, n’aurait pu rivaliser avec le goût de sa bouche.
Nous longeâmes la Seine un moment en discutant de tout et de rien. Les péniches, les hululements des chouettes, le bruissement des feuilles d’arbre, les bâtiments en pierres blanches ne m’intéressaient pas. Je ne voyais qu’elle, n’écoutait qu’elle.
Alors que nous arrivions devant les grilles du jardin des Tuileries, trois hommes dépenaillés traversèrent la route. Une alarme rouge s’alluma dans mon esprit. Derrière la nuque d’un balafré reposait un bâton dont il cramponnait les bouts. Sa ressemblance frappante avec Frankenstein ne m’inspirait rien de bon. Que nous voulaient-ils ?
Il sifflota, fit tournoyer son arme autour de sa tête et nous bloqua le chemin.
— Y sont-y pas mignons ces deux-là ! Z’avez l’air d’être d’la haute avec vos belles tenues. Vous n’auriez pas une p’tite pièce pour nous ?
— Non, désolé, nous n’avons pas d’argent, répondis-je avec méfiance.
Il massa la cicatrice qui lui barrait la joue.
— Une cigarette alors ? insista-t-il.
— Nous ne fumons pas.
— Et la p’tite dame ?
Les doigts d’Éva se crispèrent sur le dos de ma main.
— Nous n’avons rien à vous donner, messieurs, fit-elle en essayant de dissimuler son accent allemand. Allez, viens, Augustin, nous devons rentrer.
Les trois hommes nous encerclèrent. Le balafré pointa son bâton vers nous. Mon rythme cardiaque s’affola. Trop tard pour fuir.
— J’y crois pas ! C’est qu’le p’tit bourgeois se tape une boche ! persifla-t-il.
Pendant que ses deux amis ricanaient, le plus jeune retira un couteau de sa poche. Ces types s’apprêtaient à nous faire la peau, je le sentais. Je n’avais même pas d’arme pour nous défendre.
— Alors, vous avez le droit de vous promener dans les rues pendant que nous devons rester sagement chez nous ? Vous allez voir ce qu’on fait des collabos et des salopes de nazies.
Il fondit sur nous comme un rapace. Le flux d’adrénaline qui se répandit dans mes muscles éteignit mon cerveau.
Je poussai Éva en arrière, agrippai le bras de mon assaillant et lui tordit le poignet pour le forcer à lâcher son couteau. La lame s’enfonça dans ma chair. Ni une ni deux, je l’empoignai par le col de sa chemise. Le coup de tête que je lui décochai dans l’arrête du nez le stoppa net. Il s’effondra par terre en hurlant, le visage crispé par la douleur.
J’eus tout juste le temps de m’incliner pour éviter de justesse le poing de son acolyte. Une seconde de plus et je me le prenais sur la tempe. Avant qu’il ne puisse réagir, j’envoyai la pointe de mon coude s’écraser contre son menton. Un craquement jouissif résonna, une dent voltigea. Cible atteinte !
Un sifflement bourdonna dans mes oreilles. Le bâton de Frankenstein fendit l’air et s’abattit sur mon épaule. Une brûlure atroce me paralysa le bras. Je vacillai un instant, tentai de m’agripper à un lampadaire avant de m’écrouler sur les pavés.
L’ombre de son arme se dressa au-dessus de ma tête. Cet enfoiré allait m’achever. J’essayai de bouger, mais je n’en avais pas la force.
Un coup de feu me déchira les tympans.
— Dégagez d’ici tout de suite, ou je vous tue ! rugit Éva dans mon dos.
Les trois ordures décampèrent plus vite qu’Usain Bolt. Éva s’agenouilla à côté de moi, rangea son pistolet dans son sac et passa ses doigts dans mes cheveux. Son contact m’apaisa.
— Comment te sens-tu, Augustin ?
— Je suis un peu sonné. J’ai les jambes en coton… Tu peux m’aider à me relever ?
Alors qu’Éva me tendait la main, des aboiements suivis de bruits de bottes résonnèrent dans l’obscurité. Au bout de la rue, cinq soldats allemands se précipitaient vers nous, leurs chiens en laisse.
— Heureusement que je suis accompagné par la célèbre Éva Kaltenbrün, plaisantai-je d’une voix faible.
— Augustin… Je crois que j’ai oublié mes papiers à l’hôtel.
Commissariat du deuxième arrondissement de Paris, 11 juillet 1942, minuit trente
Sur son bureau, le policier attrapa un carnet et un crayon.
— Âge, nom, prénom, motif de la violation du couvre-feu ?
Éva soupira et se pinça l’arête du nez.
— Je m’appelle Éva Kaltenbrün, j’ai vingt-deux ans. Mon ami et moi avons été agressés à proximité du jardin des Tuileries alors que nous rentrions au Ritz.
— Pourquoi vous promeniez-vous avec un revolver, mademoiselle ?
— Je le trouvais parfaitement assorti à ma tenue, répliqua-t-elle avec une pointe d’ironie dans la voix. Si vous n’avez pas d’autres questions, vous pouvez contacter le Capitaine Hans Gëring. Il séjourne à l’hôtel Meurice et vous confirmera mon identité.
— Oh non, pas lui ! m’écriai-je.
Elle me donna un coup de pied dans le tibia. Pourquoi fallait-il que cette soirée vire au cauchemar ?
L’officier se leva de sa chaise.
— Bon… Attendez-moi ici, je vais passer un coup de fil.
Lorsqu’il eut quitté la salle d’interrogatoire, Éva retira le mouchoir noué autour de mon bras pour examiner ma blessure. Elle laissa échapper une exclamation et désigna ses initiales brodées sur le tissu.
— Mais… C’est le mien !
— Euh… Ah, oui… Je n’avais jamais eu l’occasion de te le rendre après l’explosion de la Kommandantur.
Un sourire réjoui se dessina sur son visage.
— Ne me mens pas, Augustin ! Il y a plus de huit mois que je te l’ai prêté. Avoue plutôt que tu le gardais précieusement parce qu’il te faisait penser à moi.
Les joues en feu, je détournai les yeux.
— La plaie est assez profonde, reprit-elle. À mon avis, quelques points de suture seront nécessaires. Si tu m’avais laissé le temps de sortir mon arme au lieu de te jeter dans la gueule du loup, tu n’aurais pas eu besoin de te mettre en danger. Nous n’aurions peut-être pas fini au poste.
— C’est le comble ! Je te signale que ce n’est pas moi qui ai oublié de prendre mes papiers !
D'un geste de la main, elle balaya la mèche qui retombait sur mon front. Un frisson agréable cavala le long de ma peau.
— Disons que, j’avais l’esprit ailleurs quand nous avons quitté l’hôtel… En tout cas, j’ignorais que tu savais aussi bien te battre.
— Louis et Jean m’ont enseigné quelques bases de combat rapproché.
Elle désapprouva d’un hochement de tête. J’aurais pourtant juré qu’une lueur de fierté brillait au fond de ses yeux.
Trente minutes plus tard, Hans et le lieutenant Aldermann nous rejoignirent au commissariat, à mon grand déplaisir. Ken s’entretint un moment avec l’officier de police qui nous avait interrogés, puis nous informa que tout était réglé.
Ce sale frimeur m’ébouriffa les cheveux. Estimant préférable de me tenir tranquille jusqu’à ce que nous quittions les lieux, je me retins de le gifler.
— J’ai appris que vous étiez blessé, Monsieur Augun. J’ai demandé à Friedrich de récupérer sa trousse d’urgence afin qu’il puisse vous soigner.
— Je n’ai pas besoin de son aide !
— Augustin, nous ne repartirons pas d’ici tant que tu n’auras pas accepté de te faire recoudre ! trancha Éva d’un ton sans réplique. Le lieutenant Aldermann est médecin. Fais-lui confiance !
Hans glissa quelques mots à l’oreille de son ami qui se dirigea vers moi. Son sourire perfide ne me rassurait pas. L’énorme seringue qu’il retira de sa sacoche non plus. Il imbiba un coton d’alcool et le déposa sur ma blessure. Je réprimai avec difficulté une grimace de douleur. Pas question de faiblir devant lui !
— Ne vous inquiétez pas, je vais juste vous faire une anesthésie locale, m’expliqua-t-il. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop pour notre petite altercation.
Sans me prévenir, il me planta l’aiguille dans l’épaule. Un grognement de protestation m’échappa. Alors que mon bras s’engourdissait, le lieutenant Aldermann referma ma plaie et rangea son matériel.
— Sans rancune, monsieur Augun ?
Finalement, ce gars n’était pas si désagréable. J’aurais aimé lui répondre, mais ma bouche pâteuse ne s'ouvrit pas. Que m’arrivait-il ? Ma tête tourbillonnait, les meubles et les lumières dansaient autour de moi. Lorsque je m’appuyai sur l’accoudoir du fauteuil pour me lever, mes jambes refusèrent de m’obéir.
Éva s’agenouilla à côté de moi.
— Tout va bien, Augustin ? Tu es tout blanc.
— Che…Ch’zé pas… Arrête de bouzer, Éva, za tourne.
La silhouette d’Aldermann qui examinait sa seringue d’un air triomphant s’assombrit.
— Oups ! Je crois que j’ai un peu trop forcé sur la dose, l’entendis-je proclamer avant de m’évanouir.
*
* *
La voix lointaine d’Éva m’extirpa de ma torpeur. Mes paupières en parpaing s’ouvrirent avec difficulté. Une lumière éblouissante m’agressa les yeux. Je bougeai un pied, une jambe, un bras. Les meubles de la chambre d’hôtel se dessinèrent devant moi. Qu’est-ce que je foutais là ?
Le disque dur qui me servait de boîte crânienne se ralluma. Un à un, les évènements de la soirée défilèrent dans mon cerveau. Je m’assis au bord du lit, me redressai et chancelai jusqu’à la porte entrouverte. La voix rauque de Hans gronda dans le salon. Éva et lui se disputaient-ils ? En filou assumé, je collai mon œil contre l’entrebâillement. Une opportunité en or pour parfaire mes skills d’espion.
Le paon, avachi sur le canapé, frappait nerveusement l’accoudoir du divan avec la paume de sa main, pendant qu’Éva arpentait la pièce de long en large. Une chemise de nuit en satin lui couvrait les jambes.
— Non, Hans ! Tu ne peux pas me demander ça !
— Arrête d’être aussi obstinée, Éva ! Tu dois faire plus attention. À ton avis, que va-t-il se passer si les commérages se répandent jusqu’à Berlin ? Tu sais très bien ce qu’il risque de vous faire.
— Comment veux-tu qu’il l’apprenne ?
— N’importe qui a pu vous voir à l’opéra ! Il a des contacts partout. Il finira par le découvrir, tôt ou tard.
— Il n’osera jamais s’attaquer à moi ! Ma famille a beaucoup trop d’influence dans le parti. Et puis, il a besoin du soutien de mon père.
— Sois raisonnable, Éva. Je le connais mieux que toi. Il n’hésitera pas à envoyer ses hommes de main pour éliminer à sa place ceux qu’il juge indésirables. L’agression de ces trois voyous, tout à l’heure, n’était peut-être pas un hasard.
— Si je comprends bien, je suis censée obéir et me taire ?
— Oui. Tu es une femme. Et dans ce milieu, les femmes n’ont pas leur mot à dire.
— Je n’ai pas d’ordres à recevoir de toi ! J’ai déjà fait mon choix et je ne compte pas revenir dessus.
— S’il te plaît… J’essaie juste de veiller sur toi !
— Mais je n’ai pas besoin d’être protégée ! Je ne suis pas en porcelaine ! Occupe-toi donc de tes affaires ! Je te rappelle qu’il y a aussi des rumeurs qui courent à ton sujet. C’est pour cette raison que nous en sommes là tous les deux !
Ken jura, bondit du canapé et lança un coup d'œil dans ma direction.
— Tiens, je crois que ton prince s’est réveillé !
Jouer la comédie plus longtemps ne servirait à rien. Pris en flagrant délit d’espionnage, j’ouvris la porte et les rejoignis au salon.
— Comment vas-tu, Augustin ? s’enquit Éva. Tu as l’air plus en forme que tout à l’heure.
Hans s’esclaffa d’un rire tonitruant et horripilant.
— N’exagère pas, Éva. Il n’a qu’une petite égratignure !
Je lui jetai un regard noir.
— L’autre charlatan n’est pas avec vous ? rétorquai-je.
— Monsieur Augun, ne soyez pas si susceptible. Friedrich a juste voulu plaisanter un peu, me répondit-il. Je l’ai déposé à l’hôtel avant de vous ramener au Ritz, il était épuisé.
— Pauvre chéri. S’il n’avait pas tenté de m’euthanasier, j’aurais presque pu avoir pitié de lui.
Il me tapota le sommet du crâne.
— Susceptible, grincheux et rancunier à ce que je vois !
Pour qui se prenait-il ? Je lui balayai le bras d’un revers de la main et me plantai devant lui.
— Mais, c’est qu’il mordrait presque, le petit bonhomme !
Éva retroussa les lèvres et le pressa vers la sortie.
— Merci, Hans, de nous avoir aidés, mais maintenant tu t’en vas ! lui ordonna-t-elle.
Il récupéra sa casquette d’officier posée sur le meuble de l’entrée.
— Au plaisir de vous revoir, monsieur Augun !
Il eut à peine le temps de terminer sa phrase qu’Éva claquait la porte derrière lui. Je jubilais. Ce sale frimeur n’aurait pas gain de cause ce soir !
— Ah… Enfin seuls, soupira-t-elle.
Elle enroula ses bras autour de mon cou, me poussa sur le canapé et s’assit sur mes genoux. L’odeur de sa peau m’exaltait. Du bout des doigts, elle effleura ma nuque, colla sa bouche contre la mienne. Nos langues entrelacées embrasèrent mon esprit.
— Éva, de qui parlais-tu tout à l’heure ? soufflai-je.
Ses mains se faufilèrent sous ma chemise, caressèrent mon torse puis s’attardèrent sur mon bas-ventre, brûlant de désir.
— Ne t’en préoccupe pas. Je pensais que nous pourrions organiser une escapade du côté de Chinon, vendredi prochain. Cette fois, personne ne viendra nous déranger.
— J’aurais adoré partir en weekend avec toi, Éva, mais je me suis engagé pour une mission.
Elle déposa plusieurs baisers particulièrement sensuels au creux de mon cou. Mes veines palpitaient, mon corps frémissait, l’envie de glisser ma main sous sa robe me démangeait. Afin de freiner mes ardeurs, j'inspirai et expirai, m'efforçai de penser à autre chose.
— Tes camarades pourront bien se passer de toi. Tu n’auras qu’à leur dire que tu es malade.
— C’est que… Je ne peux pas décliner. J’ai promis à Louis, tu sais bien comment il est.
Ses muscles se raidirent. Elle me lança un coup d’œil glacial et s’écarta de moi.
— Tu pars en mission avec Louis ? Ce type est dangereux ! Ce n’était pas un hasard si la Gestapo le surveillait. Crois-moi, j’ai lu tous ces dossiers avant de te les remettre. C’est une tête brûlée, il n’hésitera pas à te sacrifier si nécessaire. Tu as intérêt à lui dire que tu as changé d’avis !
— Je lui ai déjà donné ma parole, Éva. Je ne peux plus faire marche arrière.
— Très bien ! Puisque vous avez tous décidé de me gâcher la soirée, je vais me coucher !
Elle me repoussa sans ménagement, sauta du canapé et s’enferma dans la chambre.
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