Le jouet. (Jour 6: 600 mots)
Seul dans ma cage en bois, je guettais le moindre son, le moindre bruit permettant de m'avertir que ça allait recommencer. Pour l'instant, le silence pesait tout autour de moi, et au final, je me demandais laquelle des deux situations demeurait la pire: l'attente ou la certitude que ça recommence. Dans tous les cas, les deux m'étaient insupportables.
Des jours bloqué dans cette prison à peine plus large et longue que moi. La hauteur semblait quant à elle, totalement démesurée par rapport au reste, j'aurais pu facilement tenir debout, même trois fois, si je n'avais pas été aussi faible.
Des jours que je ne mangeais presque rien, ayant uniquement droit à un bol à moitié rempli d'eau qui restait vide pendant quelques heures, les meilleurs jours.
J'avais perdu toute notion du temps, incapable de dire le jour et encore moins la date, impossible même de dire si c'était le jour ou la nuit. Je me contentais d'essayer de me maintenir en vie le plus longtemps.
*Dling... dling*
Le voilà, cet avertissement que j'attendais et craignais en même temps, ce son qui m'annonçait leur retour, que tout allait recommencer. Mes membres se mirent à trembler totalement incontrôlables, simplement contenues par l'étroitesse de l'espace.
Parfois, j'entends que je ne suis pas le seul, qu'il y en a d'autres avec moi. Pas dans la même cage que moi, mais ils ne sont pas loin, je les entends en train de pleurer, moi ça fait bien longtemps que je suis résigner. A quoi bon pleurer, ils s'en moquent, ils n'y font même plus attention.
Une fois, au tout début, je me suis énervé et j'ai voulu me défendre, mais c'est parce que ces brutes m'avaient fait mal. Je l'ai vite regretté, après ça, je n'ai plus eu ni eau ni nourriture pendant une semaine complète. J'ai cru qu'ils ne me donneraient plus jamais rien, et lorsqu'ils ont rouvert le sommet de ma cage pour me glissait un minuscule morceau de viande archicuite, au fond de moi j'avais envie de les remercier, mais je n'en fis rien, préférant ne pas bouger du tout, juste les regarder, les fixer pour essayer de comprendre ce qu'ils me voulaient.
*Dling... dling*
Y en a marre! Chaque fois c'est pareil, je ne veux plus faire ça et d'ailleurs je ne l'ai jamais voulu, si on m'avait demandé mon avis, évidemment que j'aurais refusé, qui aurait accepté? Plus jamais, je préfère mourir ici que de revivre une de ces journées de plus, ils croient peut-être que ça m'amuse! Est-ce que j'ai l'air de m'amuser? Non! Ca n'a rien de drôle, laissez-moi, je ne veux pas que ça recommence!
*Dling... dling*
NON! Par pitié! Pas aujourd'hui, laissez-moi un peu de répit. Ils m'ont déjà emmené hier, pas aujourd'hui, pas deux jours de suite! Laissez-moi me reposer... juste pour une fois...
*Dling... dling*
J'entends quelqu'un qui s'approche, cette fois-ci c'est encore pour moi, par pitié, faites que je me trompe... J'entends une voix, à peine audible depuis ma prison de bois, une voix aiguë:
- Mamaaaaaaaan! C'est lui que je veux!!!
- Tu es sûre ma chérie, tu ne veux pas plutôt celui-ci, regarde la photo, il a l'air beaucoup plus amusant, ne trouves-tu pas?
- Naaaaaan, c'est celui-là que je veux comme petit frère!!!
- Très bien!
Pendant quelques secondes je n'entendis plus rien.
- Monsieur... Combien pour celui-ci?
Une voix forte et grave lui répondit:
- C'est cent-quarante-cinq euros la journée m'a p'tite dame et y a cinquante euro pour la caution. On sait jamais, que la petite me rende celui-ci comme celui de la dernière fois.
Je ne pus échapper un sanglot lorsque la lumière commença à pénétrer l'intérieure de ma cage à l'ouverture du couvercle de ma prison.
Dédié à Pierre Richard :)
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