Fleur et promenade.
Il me sourit encore, à croire qu’il ne savait faire que ça. Je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour, avant de faire demi-tour et de descendre dans le salon, cette conversation m’avait mise en appétit, en appétit de livre.
Je me saisis discrètement du portefeuille de ma mère et lui chipa deux billets de 20euros puis de mes clés avant de lancer un « Je sors » assez sonore à l’intention de qui voudra bien m’entendre. Je ne perçus qu’un vague « D’accord » venant de ma mère, mais rien d’Alex. Il avait sans doute déjà du plonger dans une des histoires que je lui avais conseillées. Quant à moi je ne perdis pas de temps, une fois dans ma voiture et le moteur démarré, je filai vers le centre de ville. Notre maison se situait un peu à l’écart de la ville, ma mère voulait de la tranquillité et le moins de monde possible, comme moi elle avait du mal avec les autres personnes, je tenais ça d’elle à n’en pas douter.
Le centre-ville était animé aujourd’hui, c’était le festival des fleurs, les rues étaient couvertes de milliers de pétales multicolores, au bord des fenêtres, chaque occupant y avait installé de çà et là des pots de fleurs de toutes tailles et de toutes formes. Les diverses odeurs se mélangèrent entre elles et dès que je sortis de ma voiture je fus accaparée de toute part par elles. D’habite les rues étaient désertes et la ville assez morne et grise, mais aujourd’hui, c’était un des seuls jours où elle prenait vie, comme si elle était envahie par une vague de couleur et de personnes. Je zigzaguai entre les différents stands de fleurs qui croulèrent sous le poids de leurs nombres produits. Je m’approchai d’un stand qui vendait des bouquets de mimosa, je me penchai et inspire profondément le parfum sucré des fleurs. J’aimai le mimosa, c’était une fleur assez banale qui n’avait pas forcément une belle forme, elle était bêtement ronde, comme une petite boule de poussière jaune. Mais ça avait toujours été ma fleur préférée. Quand le vendeur s’approcha de moi, un sourire de commercial au visage, je me détournai et repris ma route vers la librairie qui était caché par d’immenses bouquets de tulipe, de rose et de coquelicot. A l’intérieur, il faisait un peu plus froid et on ne sentait plus les fleurs, mais l’odeur un peu poussiéreuse des livres. Le vendeur, un vieux monsieur grisonnant leva les yeux de son livre et m’afficha un immense sourire, j’étais une habituée ici, et nous avions nos petites habitudes tous les deux. Je passai rapidement mon chemin tandis qu’il reprenait tout aussi vite sa lecture, sans doute un autre livre de cape et d’épée qu’il aimait tant. Je me dirigeai tout d’abord vers le rayon roman, puis je dérivai vers le fantastique, en passant par la science-fiction et les livres historique, mais rien n’attira mon regard. Je me rappelai ce que m’avait dit Alex, et je me dirigeai sans vraiment savoir pourquoi vers le rayon contemporain. Je n’étais pas très fan de ce genre car il était souvent trop étrange, décousus et sans queue ni tête, mais… je pouvais peut-être faire un effort pour cette fois ci. C’était étrange de se retrouver devant ce rayon que je détestai tant, pourquoi d’ailleurs je me retrouvai là ? Parce qu’un inconnu avait dit quelque chose de plausible ? C’était ridicule ! Je me détournai brutalement et percutai aussitôt quelqu’un, assez violement je dois l’avouer car j’en tombai à la renverse. Je sifflai de douleur entre mes dents en marmonnant un « Excusez-moi », je relevai la tête et restai bloquer une seconde. C’était Alex, Alex qui était devant moi, qui me regardait avec des yeux amusés et un sourire à moitié dissimulé, il me tendit une main.
- Mais… qu’est-ce que tu fais là ?
C’était sorti tout seul, peut être sous le coup de la surprise ou de la colère, mais tout ce que je savais c’était que pour être ici il n’avait pu que me suivre, et ça, ça avait le don de me mettre en colère ! Je me redressai en frappant la main qu’il me tendait comme si elle allait me bruler si je m’en saisissais. Je lui fis face, le regard mauvais, et une furieuse envie de le gifler sans réellement savoir pourquoi ce gars exacerbé mes sentiments.
- Moi ? me répliqua-t-il innocemment. Je me promène, je profite du festival des fleurs, et puis j’ai vu cette librairie et je me suis dit que je pourrais aller y faire un tour.
- Menteur ! Avoue tu m’as suivi ! Et puis comment es-tu arrivé ici vue que tu n’as pas de voiture ?
- Ta mère a bien voulu me prêter la sienne.
- Elle t'a prêté sa voiture ? Décidément je ne comprendrais jamais ma mère, elle qui me disait tout le temps que sa voiture n’était ni un taxi ni une location !
- C’est vrai que c’est bien son genre de dire ça…
Je lui lançai un regard noir, il ferait mieux de fermer sa bouche et d’arrêter de sourire autant, n’avait-il jamais de crampe ? Je soupirai et me détournant de lui, à croire que ma journée se résumait à ça, me détourner de lui et lui souriant comme un bien heureux. Je continuai ma fouille, survolant les étagères à la recherche d’une perle rare. Un froissement attira mon attention, je jetai un coup d’œil, il c’était saisit d’un livre et le feuilletait avec intérêt avant de le refermer et de le glisser sous son bras.
- Tu veux savoir ce que j’ai pris ?
Me lança-t-il soudain à la dérobée, mais comment avait-il sus que je l’observais ?
- Sans façon, ce genre de livre c’est très peu pour moi vraiment !
- Oh vraiment ? Mmm… Je sais, comme tu m’as si gentiment prêté tes livres je vais t’en offrir un !
- Quoi ?
Je me tournai vivement vers lui, m’offrir un livre, et puis quoi encore ? Mais tout ce qu’il fit ce fut de sourire en fronçant les sourcils sous la concentration, il parcourut les divers étagers rapidement pour finalement s’arrêter sur l’une d’elle, et, leva la main, se saisissant d’un livre, comme si cette dernière avait été attiré par ce dit livre.
- Celui-là est parfait ! il se tourna vers moi mais ne me tendit pas le livre. Je suis sûr qu’il va te plaire, mais pas tout de suite, j’aimerais que tu me fasses visiter la ville.
- Mais pour qui tu me prend ? Un office de tourisme ?
- Voyons, on pourra comme ça plus aisément profiter du festival des fleurs.
Il ne me laissa pas le temps de répondre qu’il s’élança déjà vers la caisse, à peine l’y avais-je rejoint que les livres étaient empaqueter et qu’il se dirigeait vers la rue. Pas le temps de soufflé avec lui, il était plus rapide que ce à quoi je m’étais attendu. Dehors c’était toujours l’effervescence, il en sourit de bonheur et se dirigea déjà vers un vendeur de fleur, je l’y rejoins au trot, mieux valait ne pas trop m’éloigner de lui, il pourrait se perdre comme un gosse. J’observai à mon tour les fleurs et comme toujours j’en fus émus, tans de couleurs, d’odeurs et de forme, les fleurs étaient un peu comme les livres je trouvai. Des tas de sorte pour des personnes différentes. On aimait ou on n’aimait pas, la couleur, l’odeur, l’ensemble, tout était en harmonie, mais on cherchait toujours celle qui nous plaira le plus, celle qui nous correspondra le mieux. Alex me tendit une tulipe blanche en souriant, et je lui souris à mon tour. Après tout c’était une belle journée et j’étais fatiguée de faire la tête. Je m’en saisis et en respirai son parfum, délicat et à peine perceptible. Je la reposai sur le stand et me dirigeai vers un autre, Alex à ma suite, puis un autre, et encore un autre. Je riais beaucoup, surtout aux blagues d’Alex, il acheta un immense bouqué de rose ancienne pour ma mère, et soudain, il s'arrêta au milieu de la rue et se tourna vers moi.
- Quelle fleur aimes-tu ?
- Mumm et si tu essayais de deviner ?
Il me lança un immense sourire, sans doute le plus grand qu’il ait fais depuis qu’il était chez nous, c’est-à-dire pas longtemps.
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