Correspondance Avec Darius de Saint-Germain (IX)
Mon bon Darius de Saint-Germain,
Retenez ardeur, fougue et palefroi, dans l’ordre qu’il vous plaira. Votre réputation vous a - il est vrai - devancé, mais n’ayez crainte : j'accorde peu de crédit aux ragots et aux quolibets. De toute façon, comme je vous l’ai confié, mon cœur est déjà pris et ne souffre nullement de l’existence de la gent féminine dans votre sillage. Vous n’êtes ni le premier ni le dernier à éprouver des sentiments volages.
Tel un marin vous lancez au loin vos filets en espérant trouver la perle qui vous fera définitivement chavirer. En toute amitié, je vous le souhaite aussi. D’ailleurs, je suis certaine qu’une sirène se languit quelque part au rythme des clapotis. À des lieues à la ronde ou peut-être tout près, elle n’attend plus que vous pour connaître amour et félicité. À n’en point douter, vous saurez toucher son cœur et éveiller en elle désir et curiosité.
Courage, mon ami ; gardez le cap. Au détour d’un détroit ou au bord d’un rivage, vous la rencontrerez un jour prochain. Sa beauté vous suffoquera et sa douceur vous transportera dans un tel état de joie que vous ne désirerez plus être séparé d’elle. Elle sera la moitié que vous avez si ardemment désirée.
J’ai foi en vous et grand-hâte de vous lire me raconter votre bonheur plus que vos exploits.
Fanny, petit grain de sable dans votre océan des possibles
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