Réponse à la critique littéraire
Ma chère Léopold Ine,
Bien que nous n’ayons pas eu le plaisir de fréquenter le même terrier, permettez-moi, ma Douce, cette familiarité langagière.
J’ai parcouru avec intérêt votre critique littéraire plus fournie qu’un bol de carottes fraîchement râpées et vous en remercie vivement.
En vous imaginant savourer votre infusion en même temps que ma correspondance, vêtue de votre peignoir angora et chaussée de vos confortables et non moins élégantes charentaises vert paillettes, un élan de sympathie pour votre Lap Ine personne m’a brusquement saisie. Rassurez-vous, il en fut exquis. Néanmoins, je tenais à vous informer que Vous et votre chalut - que vous pourrez vous fourrer dans le… fût… de rhum, probablement vide au moment où je prends ma plus belle plume - cadeau de Léon, délicieux paon dont les…, mais laissons-là mes dixvagations* - pour reprendre votre métaphore maritime - et revenons à nos sardines, chère Lap Ine. Donc, Vous et votre chalut, partez sans plus tarder voguer sur les eaux agitées du bocal de la Mère Cassorteils !
Vous démontez à grand fracas mon texte en pointant la patte sur l’invraisemblance de mes propos. Or si je vous déclare que j'ai aperçu, pas plus tard qu'hier, et sans avoir avalé une seule goutte de votre fameuse camomille ni autre substance hallucinogène, une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête, vous allez me rétorquer en compagnie de votre perroquet perché sur votre épaule que ça n’existe pas, au même titre que mon filet et ma perle ! Eh ! Pourquoi pas, ma chère Cop Ine ? Dès à présent, je vous invite à vous équiper d’une pioche et d’une bêche pour déloger l’ami Desnos et lui demander son avis. Sans nul doute, à cette heure, les subtilités du bateau ivre de votre camarade de beuveries Arthur ou celles de votre marin-chanteur qui prétend posséder un fameux trois-mâts fin comme un oiseau vous semblent parfaitement crédibles. Mais de qui vous moquez-vous, stridente sirène d’Alexandrie avec votre barracuda !
Avec toute ma plus profonde estime, retournez à votre dégustation et fermez, s’il vous plaît, votre charmant clapier !
* " j'ai laissé mon esprit divaguer (et dix vagues, c'est beaucoup, mais les avis divergent, surtout pour une sirène)"
https://www.atelierdesauteurs.com/text/441362593/secrets-epistolaires--de-fanny-odezere
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