6. YOU ARE NOT ALONE

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SCOTT

Nouvelle semaine, nouvelle réunion du groupe de soutien. C'est dans le plus grand des secrets que j'y vais depuis des mois, depuis que mon frère a été diagnostiqué. J'avais besoin de parler, sans pour autant tout révéler, sans qu'on me pose des questions aux quels je n'ai pas les réponses. Une partie de moi aimerait crier tout ce qu'il ressent, tout ce qu'il cache, mais l'autre préférer les occulter pour ne pas montrer ses faiblesses.

J'ai toujours l'impression d'être tiraillé entre les deux, et c'est fatiguant de se battre contre soi-même, contre ses émotions qui ne demandent qu'à sortir. Les réunions m'aident en ça, ils m'aident à relâcher une certaine pression.

Avant qu'elle ne commence, je discute avec d'autres personnes de toute d'âges, de toutes ethnies. Ils sont tous là pour la même raison, leurs maris, leurs femmes, leurs amis, leurs frères sont condamnés à mourir du cancer. Je discute notamment avec Andy, c’est elle qui est à l’origine de tout ça. Elle doit avoir la vingtaine et malheureusement elle aussi doit travers cette épreuve. Sa sœur est malade depuis longtemps, son cancer à récidiver.

— Alors ce road trip tu comptes l’emmène où ? je lui demande.

— Je ne sais pas elle a toujours rêvé d’aller en Australie. Mais bon, j’y réfléchis encore, puis faut que je sache qu’on va faire là-bas, cetera. Mais je te préviendrai quand j’aurai pris ma décision.

Je lui souris, elle est telle forte face à tout ça que je l’envie. J’ai l’impression d’être complètement perdu face aux événements, de ne pas savoir comment agir. Mais elle, elle m’aide, me donne des conseils, elle me redonne espoir. Elle a toujours le mot qui faut et lui parler me fait un effet de bien-être, de joie. C’est vers elle que je me tourne quand ça ne va pas, quand j’ai besoin de parler parce qu’elle est la seule à me comprendre, à connaître la vérité.

Andy finit par nous demander de nous asseoir en cercle. J'ai l'impression de connaître ses gens par cœur, de connaître leurs vies, leurs peurs, leurs amours. C'est comme si dans cet endroit, on était une sorte de famille qui connaîtrait bientôt le deuil.

Les premiers passent racontent l'évolution de la maladie sur leurs proches, ce qu'ils ressentent par rapport à ça et autres. Mais je n'écoute pas, je suis ailleurs. Je suis perdu dans le souvenir de la première fois où je suis venu ici.

J'étais en colère et j'avais besoin de l'exprimer autrement quand détruisant ma chambre et en buvant. Je voulais sortir de cet état sans vraiment le vouloir. Alors je me suis inscrit là, je me suis dit, c'est le seul moyen de remonter la pente. De ne pas être un poids mort pour mon frère, qu’il sache qu’il peut compter sur moi. À peine rentré dans le bâtiment que j’avais envie de m’enfuir, c’est Andy qui m’a empêché de commettre cette erreur. Je me souviendrais toujours de ce qu’elle m’a dit :

— Ne pars pas, je sais que tu as peur, que tout ça t’effraie mais ils sont dans la même situation que toi. Ils peuvent t’aider, je peux t’aider, mais si tu n’essaies pas, tu ne pourras jamais le savoir.

Elle a fini par me convaincre. Mais ça été compliqué, j'ai eu beaucoup de mal à me confier, à dire ce qui me pesait. J'ai encore du mal aujourd'hui, mais ce jour-là, j'avais envie de tout détruire, de pleurer, d'insulter toutes les personnes qui me demander si ça allait, alors que j'étais en miettes. Mais je n’ai rien fait de tous ça, j'ai serré les poings et j’ai presque tout gardé pour moi, parce que c'était plus facile. C’est ma manière de survivre prendre les chemins les plus facile, les moins risqués pour ne pas souffrir. Mais c’est en cela que je me trompe parce que garder tout ça pour soi, avoir le contrôle tout le temps finit par nous bouffer de l’intérieur, nous vide de notre énergie. On finit par ne plus se reconnaître dans le miroir.

Avec le temps et les réunions, je me suis un peu plus ouvert aux autres. Mais j'ai presque l'impression que c'est une façade face à tout ce que je ressens et que je refuse d'exprimer.

— Scott c'est à ton tour, me dit Andy.

Je reviens à la réalité, me racle la gorge et tripote nerveusement mon bracelet. C’est un cadeau de Reese pour nos dix ans. On avait acheté les mêmes, je me souviens qu’on avait rit de cette coïncidence. Depuis, ils n’ont jamais quittés nos poignets. Malheureusement, le sien rejoindra bientôt le mien. Je ne cesse de me demander si avant la fin, il aura d’autres moments comme celui-là, de joie, de rire. Vivre comme avant, mais c’est impossible et je le sais. Je sors de ce souvenir et prends enfin la parole :

— OK, comme vous le savez mon frère est amoureux et ça avance plutôt bien. Je suis heureux pour lui et je n'espère qu'une chose que tout ça se concrétise, même si je n'ai aucun doute la dessus. Il connaîtra le grand amour avant de mourir et c'est merveilleux. Mais ses derniers temps, je me demande si j'aurais la même chance. Si dans la vie, je connaîtrais le véritable amour. Ça m'effraie de mourir sans avoir aimé quelqu'un pour qui je donnerais ma vie, pour qui je serais près à tout sacrifier parce qu'elle en vaut la peine. En fait, tout le monde devrait connaître cette sensation au moins une fois dans sa vie. Mais je m'égare, j'espère que vos proches trouveront l'amour et le bonheur comme mon frère, c'est tout ce que je leur souhait.

Après ça quelqu'un d'autre a pris la parole, mais je n'y ai pas prêté attention. Je suis repartie dans mes pensées, pourquoi aujourd'hui j'ai temps de mal à me concentrer ? Je ne sais pas, mais je pense à toutes ses filles que j'ai soi-disant aimé. Est-ce qu'elles étaient là justes pour que je fasse comme les autres ? Où est-ce que je les aimais, mais pas assez pour les garder ?

C'est fou comme la mort prochaine de mon frère me fait remettre ma vie en question. Comme si j'avais besoin de ça pour remettre les choses en place, pour comprendre à quel point la vie est précieuse. J'aurais tellement aimé y prendre conscience d'une notre manière.

— Scott, est-ce que tout va bien ? me demande Andy

— Euh, oui, j'étais perdu dans mes pensées, je n’ai pas remarqué que la réunion été fini.

Je la salue et commence à quitte la salle :

- Scott attend, je vois bien qu'il y a quelque chose qui te tracasse et ne me ment pas.

- Prends soin de ta sœur, on se parle bientôt.

Puis je rentre chez moi. Je remarque que Reese m'a laissé un message, il me demande où je suis et qu'il a besoin de mon aide. Je souris et remets ma cape de super-héros…

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