9. HEART BREAKING EVEN
SCOTT
Depuis notre dispute, on s’évite, on ne parle pas, nos parents s’inquiètent de cette situation. On les rassure, on fait semblant quand ils sont là. Mais rien ne va, le moindre faux pas de l’autre nous met hors de nous. Cette situation me rend malade. Malheureusement, je n’ai aucune idée pour que tout s’arrache, que tout redeviens normal.
De plus, il ne fait rien pour arranger les choses. En deux semaines, il a eu plus d’une occasion pour lui dire. Entre les sorties, le cinéma, leurs discussions qui dure des heures sous le perron, qu’il l’embrasse comme si rien n’était. Mais pas une seule fois, il ne lui a dit la vérité. Je ne peux même plus regarder ma meilleure amie dans les yeux, parce que la voire heureuse me fait mal, mal parce que la vérité la brisera.
J’ai envie de tout lui dire, mais ce n’est pas mon rôle. Pourtant ça me démange chaque jour un peu plus.
Aujourd’hui, je me suis préparé à sortir, à aller la voir, je ne peux plus, c’est en train de me dévorer de l’intérieur. Comment Reese fait pour ne pas ressentir ça ? J’ai le doigt sur la sonnette près à commettre l’irréparable quand mon portable sonne, c’est Andy, c’est elle qui m’empêche d’aggraver encore plus les tensions avec mon frère.
— Salut, qui a-t-il ?
— On peut se retrouver à notre café habituel, j’ai besoin de parler à quelqu’un, répond-t-elle avec triste.
— OK, j’arrive tout de suite.
Ça m’inquiète je n’ai jamais entendu Andy parler avec cette voix, comme si elle était en détresse, comme si elle était perdue aux confins de l’univers. Je regarde une dernière fois la porte d’Angel, je jure, me précipite vers ma voiture et me dirige vers l’endroit.
Quand je rentre dans le lieu l’esprit des années 50 m’accueille, les couleurs roses bonbon, le carrelage noir et blanc et le juke-box qui passe des titres pop-rock. J’adore cet endroit, ça respire la vie, la joie, l’amour et l’espoir. Tout le monde est souriant et de bonne humeur. Je viens souvent ici avec Andy, on se pose et on discute une ou deux heures de tout et de rien. Je me sens bien avec elle, mieux, elle m’empêche de penser à mes problèmes. Elle est un peu comme une combinaison spatiale, elle me protège de ce sombre univers qui tente à m’engloutir.
Je la cherche alors du regard sous le monde qu’il y a, elle est là, à notre place habituelle au bout du comptoir.
Mais à peine je me suis installé à côté d’elle, qu’Andy fond en larmes dans mes bras. Je commande alors deux milk-shakes au chocolat, essayant de lui remonter le moral. Mais je n’ai jamais été fort dans ce domaine, pire, je suis très maladroit et Reese pourrait en témoigner.
— Raconte-moi ce qui ne va pas, sauf si tu n’en a pas envie.
— Scott, ma sœur est morte la nuit dernière. C’est arrivé si vite, je pensais qu’on avait encore du temps. Je mettais décider pour notre voyage, j’allais lui annonce quand je l’ai trouvé dans sa chambre. Ça me fait mal parce que je ne peux pas oublier son corps sans vie, je ne peux pas fermer les yeux sans me revoir la secouer la supplier de rester. Je mettais fait à l’idée que ça arriverai un jour, mais je ne pensais pas ressentir une telle douleur, une telle détresse.
D’une main tremblante, je porte la paille à mes lèvres, serrant Andy plus fort dans mes bras. Je n’ai pas envie d’entendre ça, de repenser à Reese allongé sur le sol, ni de penser à sa mort. J’ai envie de courir, de m’échapper de cette situation, ne plus avoir à entendre ses sanglots qui seront un jour les miennes. Mais je ne peux pas l’abandonner, c’est mon amie et pourtant cette sensation d’oppression et c’est envie de partir sont de plus en plus fort au fur à mesure que les mots sort de sa bouche :
— Oh Scott, je suis désolé. Je ne devrais pas te parler de tout ça. Parlons de ton frère si tu veux, ça me changera les idées.
J’acquiesce.
— Je tenais tout d’abord à dire que je suis vraiment désolé pour ta sœur.
Un silence pesant s’installe entre nous, je décide alors de reprendre la parole :
— Mais bon, parlons de mon imbécile de frère. Il n’a toujours pas dit à sa petite amie qu’il est mourant. Pour tout te dire ça me mets hors de moi. Il n’arrive même pas à lui dire pourtant il n’a eu aucun mal à refuser les traitements.
— Tu lui en veux encore ?
— Bien sûr que oui.
Elle m’oblige alors à la regarder, me souriant tristement :
— Dis lui, fais lui comprendre que son comportement te blesse. Ne gâche pas le temps qui te reste avec lui pour ça.
Nous nous fixons comme hypnotiser par le regard de l’autre. J’ai l’impression qu’il n’y a qu’elle, que le bruit et les gens ont totalement disparu. Alors avec une lenteur insoutenable, elle se penche en avant, faisant rentrer en contacter nos lèvres. Je la laisse faire, parce que nous sommes deux êtres brisés, deux être en mal d’amour et perdu sur ce qu’il ressente. J’ai l’impression que ce baiser peut réparer tout, ce qui nous fait de la peine, comme si elle pouvait l’effacer. Mais tout ça n’est qu’une illusion, l’autre est une bouée de sauvetage, un repère dans la nuit. Ce n’est pas de l’amour c’est une question de survie, de survivre à ce qui nous arrive. Et quand l’un des deux ira mieux, l’autre sera délaissé. Ce n’est pas cet amour que je veux.
— On ne peut pas faire ça, l’un de nous deux finira par souffrir. Je tiens à toi plus que tu ne le penses, mais cette histoire finira mal. Je ne veux pas prendre de risque. Je suis vraiment désolé.
Je me lève alors et sans me retourner, quitte le café le cœur lourd. Ça me brise de la laisser. Mais je refuse de souffrir d’avantage, je vais perdre mon frère, si je la perds aussi j’exploserai comme la bombe que je suis. Malgré qu’elle est la seule à qui je tiens réellement, la seule à qui j’aurais pu dire je t’aime, la seule pour qui j’aurais brisé toutes mes barrières. Mais je sais comment tout ça finira, et je préfère avoir le cœur brisé maintenant, que de vivre dans une relation qui n’est pas réelle…
REESE
hear
Je regrette les mots que j’ai dits à Scott, de son côté les siens tournois encore dans mon esprit, me tiraillent entre le mensonge et la vérité, entre qui est le plus à même de lui dire. Dans tous les cas les retombés blesseront quelqu’un. Qu’elle l’entende de ma bouche ou de la sienne cela ne changera rien. J’ai envie de croire qu’elle le prendra bien, qu’elle comprendra pourquoi je lui aie caché, mais j’ai bien peur que ce soit l’inverse. C’est bizarre parce que j’ai peur quand lui avouant, tous cette situation devienne réelle, que le coin de paradis dans lequel je me réfugiais explose.
Je suis à la maison me tracassant l’esprit une nouvelle fois avec ça. Scott est parti et je ne sais plus quoi faire. C’est alors qu’on sonne à la porte, je l’ouvre et laisse entrer Angel. Mais son visage m’inquiète, il est fermé presque triste. Elle ne m’embrasse pas non plus, elle passe juste à côté de moi et s’assoie sur le canapé.
— Reese, il faut qu’on parle.
Je la rejoins, mais je n’aime pas ça, je commence à paniquer. Paniquer à l’idée qu’elle connaisse la vérité, que Scott, désespérer, lui est tout dit. J’essaye de me convaincre qu’elle est là pour une autre raison, qu’elle n’est pas là pour rompre. Elle finit par briser le silence, ne laissant plus de place au doute et à la peur.
— J’ai remarqué que ses derniers temps tu m’évitais. Et que quand on est ensemble tu es ailleurs. Je sais que quelque chose ne va pas. Que tu me caches quelque chose. Et je n’ai pas envie que tu me laisses à l’écart de tes problèmes. Je veux t’aider, être là si tu as besoin. Alors dis-moi, je suis là quoi que tu puisses me dire.
Je la regarde, je vois bien que mon comportement la blesse. Je n’ai même pas remarqué que je la mettais de côté, que je la faisais souffrir. Mais je n’ai plus le choix à présent, je dois lui dire parce que tout ça devient douloureux pour nous deux. Après une grande inspiration, un air grave sur le visage, je commence :
— OK, Angel, comment dire ça ? Je… Je t’ai menti je… Je suis malade depuis quelques mois maintenant. J’ai un cancer et ... Et il est incurable. Il me reste à présent un peu moins d’un an à vivre. Je… Je suis un égoïste, parce que je t’ai fait croire que notre relation durée des années, qu’on vieillirait ensemble alors qu’on a que quelques mois. Je suis sincèrement désolé de te l’avoir caché. Mais c’était trop dur de te le dire.
Elle me regarde avec colère, tristesse et incompréhension, pas une once de compassion. Elle m’en veut terriblement même.
— Garder tes excuses pour toi, Reese ! Tu m’as menti droit dans les yeux, il suffisait que tu me le dises, il suffisait que t’arrêter de penser qu’à toi ! Mais là, t’es qu’un enfoiré et un menteur ! Dire que je suis tombé amoureuse de toi, que je t’ai laissé m’aimer, je n’aurais pas dû ! Il n’y a plus de nous Reese, pas après ça ! crie-t-elle
Elle se lève et se dirige vers la porte. Je cherche à la rattraper, tout ne peux pas se terminer comme ça.
— Angel, s’il te plaît, écoute-moi, laisse-moi t’expliquer.
Elle se retourne furieuse.
— Je ne veux rien savoir, ni te voir, ni entendre parler de toi. Ne cherche ni m’appeler, ni à te pointer chez moi. Efface-moi de ta vie Reese.
Puis elle passe la porte la claquant derrière elle. Je la suis, quand je me sens retenu comme par une forme invisible, mon frère vient de rentrer et m’empêche de la suivre. Je me débats et je la vois rentrer chez elle en pleure sans rien faire.
— Laisse-moi lui parler Scott, lâche-moi !
Il ne m’écoute pas et me serre dans ses bras, je fonds en larmes. Elle était la seule avec qui j’avais l’impression d’être normale. La seule pour qui j’étais encore vie.
— J’ai besoin d’elle.
— Je sais, mais tu dois la laisser seule. Elle doit réfléchir à tous ça.
Tout ce que j’ai réussi à faire c’est plus de mal que de bien. Je l’ai anéanti et elle a broyé mon cœur. Je le mérite après tout, tous les faux espoirs et les rêves qu’elle avait fondé. Je viens de les réduits à néant en une seule phrase. Je me demande à présent comment je vais faire sans elle ?
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