I.

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Devant lui se dressait le hall par lequel il s’était miraculeusement réfugié. Impossible de revenir en arrière à présent. L’homme, d’une carrure médiocre, vérifia la lame de son couteau. Elle était éméchée, et son utilisation sur l’étroite serrure de la porte d’entrée du manoir rendait son usage pénible. L’arme de fortune rangée dans son pantalon en jean, il considéra l’endroit irréel qui l’hébergeait. Utopique de savoir où se trouvaient ses compagnons. Ils avaient été séparés lorsque l’armée, dans un ultime baroud d’honneur, s’était liguée contre les goules. Veronica et Léo étaient partis en trombe dans une ruelle, tandis que lui s’était taillé un chemin à travers la forêt. Peut-être étaient-ils déjà morts.

Plongé dans la ténébreuse lueur de la lune qui par endroit offrait quelques sursauts lumineux, il tâtonna à la recherche de quoi que ce soit pouvant l’aider à subsister. Il caressa alors de ses doigts une vieille lampe à huile et utilisa les dernières réserves de son briquet pour l’allumer. L’obscurité, cédant sa place à l’aura sécuritaire d’une flamme de taille moyenne, il constatait avec admiration le lieu dans lequel il se retrouvait. Le hall d’un manoir surpeuplé de richesses en tout genre. Des tableaux poussiéreux accrochés aux mûrs froids, et divers mobiliers en similimarbre sur lesquels il s’efforçait de ne pas trébucher. Il était dans la demeure d’un parasite de premier ordre. La résidence bourgeoise lui avait pourtant sauvé la mise, et l’homme se hâta de pousser l’un des meubles en marbre contre la porte d’entrée qu’il avait violée de son couteau.

La tâche, éreintante, l’obligea à reprendre ses esprits, ce qu’il fit, accoudé à une table basse en ivoire lui renvoyant tel un miroir déformé un croquis de sa gueule de cadavre en profond manque de sommeil. Il ne savait plus depuis combien de temps il fuyait les créatures qui avaient fait irruption dans sa vie. Des heures ? Des jours ? Ce qu’il savait, c’est qu’il profitait, là, de son premier véritable moment de repos depuis que tout avait commencé. Alors, il savoura l’instant, et enfonça sa main dans la poche intérieure de sa veste en cuir, et récupéra une petite boite de conserve. Il n’aimait pas le thon, mais la salive lui dégoulinait presque de la bouche en tirant sur la languette qui s’écrasa sur le sol d’un bruit inexistant. Le bourgeois qui avait hanté ces lieux avait trouvé de bon goût de poser une moquette pourpre sur le domaine, et au fil de son repas, la broche en fer de la conserve se fit rejoindre par le jus du poisson qui coulait le long de ses lèvres. Le festin de fortune arrivé à son terme, l’homme aux cheveux bruns essuya ses doigts sur un drap couleur d’or et scruta avec appréhension la large porte en bois qui était la seule issue qui s’offrait à lui. Il approcha sa main de la poignée d’acier et la tourna, priant pour que le manoir ne grouille pas des créatures malsaines qu’il avait fuies.

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