Sédiments

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Mardi 23 octobre :


 J’ai pensé à toi nu –nue- pendant des heures et ça m’a fait du bien.

C’est sans doute parce que tu me manques. Mon esprit m’a fait la faveur de te toucher d’une façon nouvelle.

Dis-moi, la réalité n’en vaut-elle vraiment pas la peine ?

Mon cahier est redevenu un cimetière d’aveux volubiles. Interdits. Ils crient en canon que je ne suis pas sure de pouvoir continuer sans toi.

Cela fait maintenant des mois. Alors que nos cœurs se suspendaient de vertige à ce regard fébrile, je bafouai un serment que je m’étais fait : de ne plus tomber amoureuse à moins d’être solide.

Je suis déjà passée par là. Cela t’est surement étranger. Je te souhaite de ne jamais la connaître, cette perte de foi en l’avenir. Ce sentiment que chaque pas, chaque geste épouse l’absurdité ambiante et qu’il n’y a pas d’échappatoire. Non, pas d’espoir. Cette certitude, presque, que j’avais déguisée de sourires et de « ton imagination n’effleure même pas le champ des possibles, ma grande. ».

J’ai déjà aimé de loin un fantôme corrosif. Je m’en suis remise, des années après, avec toi. Je m’en suis remise en réalisant à quel point j’avais été stupide de ne pas avoir cru en quelque chose de meilleur. Tu as débarqué dans un ouragan qui effaçait toutes les poussières d’un passé pesant.

Et des éclats de toi se cachent encore sous mes paupières.

J’ai les yeux fatigués de te voir en songe et de pleurer au réveil.

J’ai les lèvres boursoufflées d’être frottées à d’autres pour effacer ton absence.

J’ai le cœur épuisé par l’irrégularité de ses battements écroués. Ca ne bat à rien.

J’étouffe

De savoir deux rêves envolés –celui de partir en Irlande et d’y saisir sa magie ; et celui encore plus sublime de partager cela avec toi.

J’étouffe de voir que je ne suis plus capable de t’adresser la parole, de mettre un pied devant l’autre sans avoir l’impression que ma peine clignote. Qu’en somme, je ne suis pas devenue plus forte que cette enfant qui ne s’était pas donné les moyens de vouloir et de mériter quelque chose de beau.

J’étouffe de me dire que dans tous ces espoirs laissés à Paris, il y a aussi les tiens. Ceux d’un jeune homme qui ne jure que par le transcendant et qui se noie maintenant dans une vacuité qui m’est trop familière. Ca me tue de t’avoir déçu. Et c’est comme si aujourd’hui je m’acharnais à décevoir tous les autres cons qui ont fait l’erreur d’investir sur moi. A commencer par moi.

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