La petite sirène

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Il était une fois, une petite sirène prénomée Ariel et qui rêvait depuis alevin de voir les plages de Copacabana et d'Ipanema. Le jour de ses vingt ans, son père, le roi Triton, lui donna enfin la permission de partir là-bas mais accompagnée de Jean-Jacques le goldfish, fidèle valet du souverain.

__ Ma chère fille, le monde est vaste et dangereux, sois très prudente ! Suis bien les conseils de Jean-Jacques et ne t'aventure pas trop près des côtes surtout ! On raconte de bien vilaines histoires sur cette contrée, je te somme d'être bien raisonnable ! Ordonna le père inquiet. Il embrassa sa fille, dévisagea le goldfish qui se prosterna en signe d'accord et d'au revoir.

Ariel était comme un poisson dans l'eau, ce qui est, en fait, à moitié tout à fait vrai. Elle et Jean-Jacques nageaient depuis peu dans le courant Sud équatorial et tous deux se laissaient porter par la douceur de l'océan beaucoup plus chaud que celui du royaume d'Atlantica.

__ "Sous l'océan, sous l'océan..." Chantonnait le poisson rouge. Nous ne devrions plus être très loin du Brésil. Pronostiqua-t-il.

Ariel sentit l'excitation monter en elle et donna de plus amples coups de nageoir caudale.

__ Hé ! Ariel ! Attends-moi ! Cria Jean-Jacques essoufflé.

__ Depêche-toi un peu J-J ! J'ai hâte de voir ces plages de sables fins ! Regarde déjà cette eau si clair ! C'est merveilleux ! S'extasia la jeune sirène en tournoyant sur elle-même dans une spirale de bulles.

Non loin de là, les Tupinambas, pleuple guerrier d'Amazonie, indiens nus et anthropophages, préparaient joyeusement la cérémonie de vengeance aux ennemis prisonniers. A l'écart des hommes, les jeunes femmes vierges, abstinentes ou chastes, assises en tailleur, préparaient le cahouin. Elles machaient les raves de manioc jusqu'à ce qu'elles soient ramollies par leur salive et que les racines imbibées de suc deviennent gluantes. Puis elles les crachaient avec de longues trainées de bave dans le cuvier de terre qui opérait la fermentation à feu doux pendant plusieurs heures. Tout près d'elles, d'autres femmes pilaient les matières colorantes destinées à décorer les condamnés. Les hommes quand à eux, tenus en retrait, revêtaient leur tenue traditionnelle, et s'échauffaient à la danse. Le rituel de mise à mort débuterait à la tombée du grand soir.

Pendant ce temps, la vieille Anaba, s'abandonnait à la pêche, à l'écart du village. Le repas de ce soir lui donnait l'eau à la bouche, mais elle aurait aimé agrémenter les cuisses des ennemis valeureux avec quelques poissons bouillis. En gastronomie, elle aimait le mariage Terre et Mer. L'ancienne replaça son filet à mailles entre deux rochers et attendit en écoutant battre les tambours de fête.

__ Ariel ! S'il te plait, ne joue pas les écervelées ! Je t'interdis de t'approcher de la plage ! Tu entends ! Ariel !! S'égosilla Jean-Jacques.

__ Allons, ne crains rien J-J ! Regarde ! Je vais me cacher derrière ces rochers, là, tu vois. Tout ira bien, sois tranquille. Le rassura la petite sirène. Je veux voir de plus près d'où vient ces bruits !

__ Si ton père apprenait ça, je serais châtié sévèrement ! Je te conjure de m'obéir ! Ariel ? Ariel ?? Ariel !!!!

Mais Ariel était déjà parti au loin, laissant seul le pauvre goldfish complètement désarçonné.

La jeune sirène attirée et transportée par les percussions des maracas, ferma les yeux un moment tout en dodelinant de la queue. Elle ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Elle sentit son front heurter doucement un cordage, puis le temps de réagir, elle se retrouva soulevée hors de l'eau.

__ Tiens, ça par exemple ! s'écria Anaba stupéfaite. Un corps de femme avec une queue de poisson ! Elle observait Ariel avec malice. Et bien c'est le mélange parfait ! Un succulent Terre-et-mer ! Dit-elle les yeux plein de gourmandise. La vieille Indienne serra son filet, le balança sur son dos et entreprit de regagner le village.

A l'horizon, le pauvre Jean-Jacques goldfish regardait disparaitre sa protégé, impuissant.

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