Un bruit de verre brisé retenti dans une boutique sur une île. Regardant les milliers de bouts de verre mêlés à des fleurs séchées, un jeune corgy, dans la vingtaine, tremblait, totalement pétrifié sur place.
« Mince… Je… Je… »

Soudain, il sursauta. Une présence discrète et gracieuse était arrivée dans son dos avec une pelle et une balayette. Se plaça devant lui, un sourire aux lèvres, lui tendant les instruments de plastique.
« Calme toi Sam, tout va bien. Ça arrive de laisser échapper un bocal. Il y en a tellement ici. »

Prenant en main les ustensiles de nettoyage pour se baisser et ramasser son massacre.
« Par contre, je t’ai engagé pour t’occuper de la partie librairie et non herboristerie. Cette partie c’est mon territoire. »
« Oui Yggdrasil. Excusez-moi. En passant, j’ai remarqué qu’il était presque vide… J’avais pensé vous l’apporter pour le remplir à nouveau... »
« En effet, c’est gentil de ta part, mais je te connais depuis les huit mois que tu travailles ici. Tu es nerveux et a tendance à trembler. C’est pour ça que je ne veux pas que tu touches aux bocaux. »
« Vous avez raison. Je vous demande pardon. »

Elle lui sourit, et lui fit un clin d’oeil.
« Allez, ce soir, je t’offre un café pour oublier tout ça. Retournons travailler maintenant. C’est bientôt l’heure. »

Oui, ce que la belle panda-roux bleu-verte signifiait par là était l’heure de l’ouverture de Coven, la boutique dont elle était la propriétaire. Il s’agissait d’une sorte de boutique magique. Moitié librairie occulte, avec certains accessoires en vitrine, comme des runes et des pierres. Moitié herboristerie avec de multiples bocaux remplis d’ingrédients de couleurs toutes aussi différentes que variées.

Cette petite boutique se trouvait dans le quartier ancien de l’île Prostr’ofa, au large de l’Écosse qui d’ailleurs, en faisait même partie. Il y avait notamment un quartier assez moderne et jeune dans au centre de l’île mais celui-ci n’était pas dans l’optique de l’ambiance qu’elle désirait donner à son commerce.

Elle avait soigneusement agrémenter son échoppe d’éléments de décorations occultes mais aussi de babioles chaleureuses. Un carillon à vent en bois pour la porte d’entrée qui reflétait des magnifiques nuances de couleurs avec la lumière du soleil, à travers le vitrail de la porte. Celui-ci représentant un pentagramme fait de branches et de feuilles.

Yggdrasil Drachenflagrion, propriétaire du cette sorte de boutique de magie, alla tourner le panneau sur la porte, signifiant qu’elle était ouverte. Une nouvelle journée commençait. Se retournant pour marcher vers Sam qui releva la tête, gêné en la voyant arriver vers lui. Il se demandait sans doute ce qu’il avait encore fait de mal. Mais il n’en était rien. Tout ce qu’elle se contenta de faire, c’est de toucher la truffe du chien avec un de ses doigts, en souriant malicieusement. Ce qui fit rougir instantanément l’employer. On aurait presque dit que son pelage n’était pas jaune et blanc mais rouge et blanc. Ce qui était relativement amusant. La panda-roux avait une fâcheuse tendance à taquiner son assistant.

Autant elle adorait taquiner son soumis et frère de coeur, Noah, et voir ses réactions ; autant elle adorait celles de Sam Kerigan. Se demandant à certains moments si elle n’allait pas lui parlait de ce sujet. De la soumission. Il l’intriguait, elle avait une curiosité prononcée pour se demander comment pouvait être telle ou telle personne en soumis. Totalement contraint par des cordes.

Bref, après un mouvement de tête frénétique pour sortir de ses pensées, la journée de travail commença. A peine s’était-elle installée derrière le comptoir d’herboristerie qu’une cliente entra en trombe dans le magasin.

Une cochonne, d’une cinquantaine d’années qui n’avait pas la peau sur les os et arborant un sourire de conspiratrice, comme si elle venait de manger toute la boîte de chocolat en accord avec le meuble de la cuisine.
« Bonjour mademoiselle Drachenflagrion ! Comment allez-vous aujourd’hui ? »
« Je vais bien merc… »
« Oh lala ! Je n’avais plus une seule dose de votre remède miracle et j’ai du attendre jusqu’au matin en trépignant ! » La truie lui tendit un petit bocal en verre vide, un peu du même genre qui se trouvait juste derrière Yggdrasil.

Donc, la dame était à court et semblait être en manque… Étrange, car le mélange d’herbes qu’elle donnait à Madame Leteuchberg était pourtant sans danger.
« Le même que d’habitude donc ? Mais dites-moi, vous semblez bien agité. Vous n’avez pas dormi cette nuit ? »
« Oh ! Bien sur que non je n’ai pas dormi. Votre tisane me fait tellement de bien à mes douleurs de dos que quand elles sont revenus cette nuit je n’ai pas pu le supporter. »

Ah… D’accord. Son mélange était bien trop fort pour l’organisme et le corps de sa cliente. Pour cette fois, elle allait avoir la main un peu plus légère sur le dosage. C’est avec un sourire qu’elle prit le pot et se retourna pour prendre dans les étagères les ingrédients nécessaire.

La cliente trottinait vers la porte d’une humeur satisfaite avec son petit pot d’herbes entre les mains.

« Vous êtes une vraie dealeuse en réalité, avouez. » avait sorti Sam, d’un ton ironique, alors qu’il était en train de s’étouffer de rire.
« Dealeuse de produits naturels, mon cher ! » venait de surenchérir la patronne.

**

La fin de journée était imminente, celle-ci ayant était assez calme mise à part une bande de collégiens se disant voyous étant passer pour se faire peur, ou bien, se donner du courage, dans la boutique et défier la panda-roux du regard. Elle s’amusait des défis de courage que certains se donnait mais bon. Quand il y en avait plus de trois par semaines, ça avait tendance à l’agacer. Il faudrait qu’elle réfléchisse à tout ça. Mettre un panneau ou alors les foutres dehors directement.
Encore, quand il y avait deux clients, cela ne gêné pas, mais quand la boutique était pleine à craquer… C’était une autre histoire.

Elle était en train de rangeait les derniers bocaux quand son employé arriva derrière elle, en lui tendant sa cape-menteau.
« Alors, on se le fait ce café ? »

Une fois arrivé au Starbucks du quartier, elle se commanda un Frappucino Salted caramel Brownie Hot chocolate et un Moka pour Sam. En profitant pour faire la bise à Laszlo, une chauve-souris qui habitat avec son voisin de pallier. Les deux collègues s’installèrent au fond de la salle, dans un endroit tranquille.
« Tiens ? Vous connaissez un des employés ? »
« Oui, c’est un ami. Et je t’ai déjà dit de pas me vouvoyer. J’ai l’impression d’être ma mère... »
« Excusez… Excuse-moi Yggdrasil. »

Ah. Enfin il avait comprit. Elle l’espéré tout du moins. Buvant avidement quelques gorgées, elle entreprit alors de le questionner plus sérieusement.
« Alors, qu’est-ce qui se passe en ce moment Sam ? »
« Oh… Rien… Rien, je t’assure… »
« Allons ! Sam ! Je ne suis pas aveugle. J’ai appris à te connaître. Tu travailles pour moi depuis huit mois quand même. »
Le chien rougit encore un peu. Triturant les doigts de ses pattes à cause du stress.
« C’est juste la faculté. C’est bientôt les examens, c’est pas facile pour moi cette année. »
« D’accord, mais fait attention à toi. Si tu as besoin de jours de repos, je m’arrangerais. »

C’est ici que s’arrête notre prolongue. Comme vous l’aurez comprit, nous allons suivre Yggdrasil tout au long de son histoire. Pourquoi elle ? Je ne sais pas. Je ne suis qu’un simple narrateur. Ce que je sais par contre, c’est que sa vie n’est pas aussi rose qu’un feuilleton de Noël.