La sonnerie retentit, je me dirige vers la salle de musique pour assister au cours.

 Monsieur Muton nous demande d'entrer. Nous obéissons et nous nous installons.

 Ce vieil homme maigre et chauve d'un caractère désagréable et grincheux nous demande de sa voix monotone de venir au tableau pour chanter ce que nous devions apprendre pour cette semaine.

 Personne ne se porte volontaire, alors Monsieur Muton prend la liste de la classe et choisit une personne au hasard, et je suis interrogée.

 Je suis très timide et déteste chanter car le regard des autres me stresse énormément.

Je m'avance et commence à gazouiller lorsque mon poignet se met à me serrer, comme si quelqu'un le tournait.

 En continuant de regarder la classe, j'appuie dessus afin d'atténuer la douleur. Ma voix devient de plus en plus basse, la douleur m'empêche de chanter.

 Des élèves me dévisagent, d'autres grimacent, et Monsieur Muton me guette d'un air surpris.

 Je baisse alors le visage pour regarder mon poignet. L'écriture brille.

 Je dis avec une voix tremblante à mon professeur :

• Monsieur, j'ai une urgence ... pardonnez-moi ... je dois ... impérativement m'absenter !
• Eh bien Emy, pourquoi donc ?
• Heu ... eh bien ... j'ai quelque chose de très ... important à faire.

 Ma vision devient de plus en plus sombre, jusqu'à ne plus apercevoir ni les élèves, ni le professeur. J'ai l'impression d'être dans un tourbillon, mon poignet ne me fait plus mal. La peur me gagne, et je pâlis. Que se passe-t-il ?

 La forte agitation cesse et je me retrouve allongée sur un sol caillouteux, puis j'entends des pas. Des chevaux, qui trottent, puis qui galopent, je les vois s'approcher, mais où suis-je ?! Mon sang se glace dans mes veines et j'aperçois les chevaux qui vont me toucher. Je n'ai pas le temps de me décaler. Je tente de me lever mais je n'arrive pas à tenir sur mes pieds.

 Hop, je disparais et je retourne dans un tourbillon. Je tremble comme une feuille et tente de reprendre mes esprits. Quelques secondes plus tard, j'atterris de nouveau dans... la salle d'arts plastiques de l'école.

 Je me dirige rapidement vers la salle de musique. Je frappe à la porte et on m'ouvre.

• Bonjour mademoiselle, je suppose que vous avez des explications...

 De nouveau sereine, je réponds :

• Non Monsieur, je n'en ai pas, je suis sincèrement désolée, voilà tout ce que je peux vous dire.
• Eh bien, donnez-moi votre carnet, vous avez trois heures de colle, pour être sortie de la classe sans autorisation. Vous avez ouvert la porte et vous êtes sortie en courant comme si de rien n'était, c'est inadmissible !
• Mais monsieur, je n'ai pas ouvert la porte je vous le jure ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je chantais et...
• Vos idioties ne vont pas me faire changer d'avis, je vous ai vu, ainsi que toute la classe, sortir. Quelque chose d'autre à mentionner mademoiselle ?
• Non Monsieur.

 Je lui donne mon carnet et je m'assois à ma place. Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé et j'étais trop paniquée pour réfléchir tout à l'heure. La sonnerie se fait entendre et je range mes affaires.

 Dans mon sac, je trouve une montre, avec écrit dessus :

 "Dernier voyage : Année 1700 Durée : 28 secondes"

 Je comprends alors que cette dernière va m'être utile.