Premier Chapitre - Partie 2/2
Chaque jour, elle rayonnait et me parlait du grand évènement, jusqu'à ce qu'il arrive enfin. Elle n'avait pas quitté sa chambre, pas même pour manger. Alyson se préparait et ne souhaitait en aucun cas qu'on la dérange.
- Bon... Viens, Emy, nous allons décorer la salle de vie, déclara ma mère.
Je la suivis.
- Viens, aide-moi à déplacer cette table.
- J’arrive.
Je portais la table et la décalais vers la cheminée.
- Tu sais, je ne pensais pas que tu réagirais comme ça.
- Comment ?
- Eh bien, je te sentais désinteréssée. Je croyais que tu serais jalouse !
- Moi ? Jamais ! J’aime ma vie telle qu'elle est. Avoir un pouvoir et devoir le cacher à tout le monde, c’est une trop grosse responsabilité, non merci !
Ma mère laissa échapper un petit rire qui traça un léger sourire sur mon visage.
- Bon, revenons où nous en étions, lançai-je.
- Ah oui. J’ai acheté de jolies assiettes assorties aux verres. Dispose cette vaisselle par-dessus la nappe dorée.
- D’accord, ça va être superbe !
- Correction, ça va être magnifique !
Je levais les yeux au ciel et souris.
Une fois toute la décoration déposée sur la table, ma mère amena une vitrine.
- Mets-ça au milieu du salon, c’est pour le diamant de ta sœur.
- Très bien !
J’exécutais l’ordre de ma mère. Enfin ! Nous avions fini.
- Il est où papa ? Il ne va pas célébrer ce grand jour avec nous ?
- Bien sûr que si. Il est parti chercher des fleurs et un cadeau pour Alyson.
- Super !
- Il ne devrait pas tarder.
- D'accord.
La sonnette retentit.
- Quand on parle du loup !
- Je m’en occupe.
Je me dirigeais à la porte d’entrée et ouvrit à mon père.
- Coucou !
- Bonjour, voici les fleurs. J’ai pris un collier pour Alyson, ça passe ?
- C’est parfait. Mais tu n’as pas l’air emballé pour elle...
- Si, si, me répondit-il sans grande conviction.
- OK, mets le bouquet dans le vase sur la table s’il te plait !
- D'accord. Elle est où, la miss ?
- Elle se prépare.
- Regarde, dit ma mère.
Mon père regarda le diamant dont elle disposait entre ses mains.
- Il est beau, hein !
- Superbe ! répondis-je.
- Oui, dit-mon père, qui ne semblait même pas heureux pour sa fille, lui qui avait toujours été là pour Alyson et moi. Ce grand homme fort, brun et barbu s'occupait de nous malgré l'abondance de son travail. Il nous aidait quand ma mère semblait occupée. C’était un très bon père, attentionné et gentil.
- Cache donc ta joie ... lança ma mère.
Ces derniers temps, des tensions séparaient mes parents. Le fort caractère de ma mère n'améliorait pas la situation. En effet, cette belle et grande blonde était accueillante mais s'énervait souvent.
Mon père quitta le salon et déposa sa veste sur le porte-manteau du couloir.
- Il ne manque pas quelque chose ? demandais-je à ma mère.
- Quoi donc ?
- Je ne sais pas, un peu d'ambiance, même calme. Un peu de musique douce, pour combler un futur silence durant la soirée.
- Bonne idée. Ramène l'enceinte, je sais quelles musiques sélectionner pour créer la playlist.
- OK, j'arrive.
Je me dirigeais vers la chambre de mes parents et apportais l'objet demandé.
- La voilà !
- Parfait.
Ma mère lança une douce mélodie quand Alyson descendit des escaliers, vêtue d'une splendide robe blanche. Ses cheveux étaient magnifiquement coiffés, une couronne tressée ornait son épatant chignon. Je regardais la tenue de ma sœur avec une grande admiration. Elle était vraiment merveilleuse !
- A table ! Je vais chercher Sébastien, il... se prépare à cette cérémonie.
Ma mère se dirigea vers leur chambre afin de ramener mon père pour qu'il assiste à la soirée. Si on tendait l'oreille, on pouvait entendre mes parents se disputer, ou plutôt, ma mère gronder mon père.
- Qu'est-ce que tu attends pour descendre ? Ta fille patiente dans le salon, c'est important pour elle alors tu viens, oui ?!
- J'arrive, c'est bon...
Heureusement, Alyson était trop dans ses pensées pour entendre nos parents. Je la fixais, mes yeux plongés dans ses prunelles scintillantes.
- Je suis de retour avec Sébastien !
Ma mère cachait si bien sa véritable humeur, elle ne voulait pas gâcher ce moment.
- J'arrive avec l'entrée, feuilletés de foie gras au muscat.
Ma mère revint avec les entrées en main.
- Tout est maison !
- Ça a vraiment l'air délicieux ! s'exclama ma sœur.
Je goutais le feuilleté, c'était exquis.
- C'est trop bon, je n'imagine pas la suite !
- Haha, merci les filles.
- Tu veux que j'aide à ramasser les assiettes ? proposai-je.
- Non merci mon cœur, Sébastien s'était proposé avant.
Un petit sourire se dessina sur le visage de ma mère tandis que mon père leva les yeux, presque exaspéré. Sa réaction était si bizarre, ce n’était vraiment pas son caractère.
- Bien. Suivant, lasagnes au saumon.
- Vraiment ? C'est mon plat préféré ! s'extasia Alyson.
- C'est pour ça que je l'ai fait chérie.
Cette fois-ci, c'était un vrai sourire qui se traça sur le visage de ma mère.
Nous dégustâmes ce délicieux plat où une légère acidité de citron se mêlait au somptueux goût du saumon frais, le tout ajouté à une pâte ni trop dure, ni trop molle, ni trop épaisse, ni trop fine, en bref, elle était parfaite, tout comme ces lasagnes.
Mon père se leva et débarrassa nos assiettes, pour laisser place à un gâteau au chocolat et à la banane.
- Mmh, délicieux !
- Merci Emy, je suis ravie que ça vous plaise à tous !
Elle insista sur le " tous " en visant mon père.
- Oui, très bon, dit ce dernier, en apercevant le signe de son épouse.
Ma sœur tourna la tête et aperçut la vitrine qui protégeait le diamant. Elle resta bouche bée, éblouie.
- Prends-le ! S'il brille d'une lueur bleue, alors cela veut dire que ton diamant t'a été accordé.
- D'accord, je le prends.
Ma soeur tremblait presque. Elle ouvrit la vitrine et saisit la gemme. Elle se mit au milieu de la pièce, le diamant bleu à la main, les yeux plissés et son cœur qui battait la chamade. Etonnamment, je commençai à briller, mes mains scintillèrent et une lueur bleutée enrobait mon corps. Mes yeux s'écarquillèrent, j'étais, comme toute ma famille, surprise. Je fus incapable de parler, ou même, de penser, demeurant dans l'incompréhension.
Je levai ma tête et regardai Alyson. Ses sourcils ne se fronçaient pas, elle ne serrait pas les poings, aucun signe ne le montrait mais on voyait qu'elle bouillait de fureur, à l'intérieur. Une larme traça un chemin sur ses joues, rejoigna son menton puis tomba au sol.
Elle baissa la tête puis s'en alla dans sa chambre, d'un pas décidé. Dans son esprit se mélangeaient tristesse et colère.
Je pense que, si j'avais été aussi excitée qu'elle, puis que je découvrais que finalement, je ne serais pas une Diame, j'aurais eu exactement la même réaction.
Ma mère, en voyant ma soeur partir, tenta de la retenir. Elle la rattrapa puis lui tint l'épaule, afin de lui faire signe de revenir. Alyson ne voulait plus rien entendre, elle poussa ma mère, qui revint vers moi. J'essayai à mon tour. Je montai les escaliers et me dirigeai vers la chambre de ma soeur.
- A..Alyson ?
- Sors, m'ordonna t-elle d'un ton sec.
Je ne l'écoutais pas et restais là où j'étais, déterminée à engager la conversation avec elle.
- Sors, j'ai dit !
Je devais me douter de sa réaction. Ma soeur était très affectueuse, comme moi, mais elle se vexait souvent et s'énervait très facilement, elle tenait cela de notre mère.
- Mais, Alyson, atten...
- Sors, je ne veux pas te voir, sors !
Pour éviter une future agressivité de la part de ma sœur, je quittais sa chambre et retrouvais ma mère.
- Elle ne veut rien entendre, dis-je désespérée.
- Il faut la laisser seule, ça doit être dur pour elle. Tu sais pourquoi tu as scintillé à sa place ?
- Bien sûr que non.
- Tu n'as aucune idée de ce qu'il s'est passé ? insista ma mère.
- Non je t'ai dit ! m'énervai-je.
- C'est tout de même bizarre.
- Ah ! Je ne suis pas au courant, tu crois ?
- Pourquoi tu es exaspérée comme ça, Emy ?
- Tu ne comprends pas ! Ma soeur et moi, on a toujours été ensemble, soudées, je l'ai toujours encouragé et elle m'a toujours défendu. On a tout en commun, les mêmes passions, les mêmes loisirs, les mêmes passe-temps. Lorsqu'on se dispute, on se réconcilie rapidemment !
- Il lui faut peut-être du temps.
- Du temps ? Tu ne connais pas ta fille ou quoi ? Les "crises" d'Alyson ne durent jamais plus de dix minutes.
- Retente ta chance et va la voir.
- Tu ne l'entends pas sangloter, là ? On ne pleure pas une demi-heure ! Laisse tomber.
Je me dirigeais dans ma chambre, dévastée. Peut-être que ma mère avait raison, que je devrais retourner lui parler. J'attendis un quart d'heure et, je n'entendais plus Alyson, je partis alors la voir.
- Alyson ?
- Mais sors ! Tu ne comprends pas quand je te parle ? Sortir, ce n'est pas compliqué ! Je ne veux plus te voir, sors de ma chambre !
- Ce n'est pas de ma faute Alyson... tu le sais. Je ne vais pas te perdre pour ça quand même !
- Si. Tu m'as perdue, et définitivement. Ne m'adresse plus la parole.
Je quittai sa chambre et les sanglots de ma soeur se refaisaient entendre." Tu m'as perdu, et définitivement. " Cette phrase résonnait dans ma tête. Je n'en voulais pas de ce pouvoir ! Je vivais ma vie tranquillement et là tout s’est bouleversé ! Je n'ai rien demandé, moi !
C'est ce jour-là que ma famille se brisa, mon cœur avec.
A chaque fois que je tentais de parler à Alyson, cette dernière m'ignorait ou bien me répondais très froidement.
Mon père ne nous supportait plus.
Un jour, il monta dans sa chambre, suivi de ma mère. On pouvait les entendre du salon.
- Je n'en peux plus de leurs crises stupides, juste à cause de ces foutus Diames ! C'est soit tu brises le diamant d'Emy, ou bien je quitte cette maison !
- Mais je ne sais plus quoi faire... qu'importe ce que je dis, elles restent contrariées ! Et toi, alors ? Monsieur désire que ce soit moi qui rétablisse la paix entre elles ?
- C'est toi la responsable.
- Ne me rejette pas la faute ! Je n'arrive pas à instaurer le calme entre elles-deux, c'est impossible !
- Mais je m'en fiche ! Je ne peux pas vivre comme ça. Je m'en vais, ça me fera des vacances !
Ma mère ne voulait évidemment pas que mon père parte. Mais elle ne pouvait pas rompre mon diamant, car, selon la règle Diame, si on brise un diamant, la personne nous ayant incité à prendre la décision de le détruire (ici mon père) mourra instantanément. Mais cela, il ne le savait pas, c'était un secret que seuls les Diames et leurs enfants connaissaient.
Mon père quitta alors la maison et on ne le revit plus.
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