RACINES CORREZIENNES
« Si le poète ne va pas à son pays, son pays viendra à lui à travers toutes choses. »
Rainer Maria Rilke
Voyez dessus les toits ces petites ardoises
Grises, au milieu du vert qui ondule alentour ;
Hier s’est attardé dans la fuite du jour
Sur ce paisible hameau baigné d’ondes courtoises.
Tous ceux de mon sillon, outils silencieux
Aujourd’hui décimés mais dont l'ombre s’obstine,
Ont ici de leurs doigts, tout comme la racine,
Longtemps fouillé ce sol aux grains capricieux.
Dans le sommeil épais de la ronce exhumée,
Ma trace originelle, banale et abîmée,
Est sensible à mon cœur comme un deuil et pourtant,
Dans le creux du vallon où mon âme vient boire,
Raisonnent des serments, un rire persistant,
Et un torrent d’amour emporte ma mémoire.
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