NEANT POUR NEANT
Triste sort que celui de l'humain, n'est-ce pas ?
Qui connaît son issue et sait à l'évidence
Qu'après avoir souffert de naissance à trépas
Au mieux s'élèvera, sans corps ni conscience,
Vers quelque paradis où pour l'éternité
Il devra demeurer, tout auprès de son Hôte,
Entre élus rescapés d'un réel agité
Et feindre de trouver la blague rigolote !
Si la chose promise est d'un pareil confort,
Inutile je crois qu'à partir je m'empresse,
Mais s'il faut à tout prix s'en remettre à la mort,
Ce n'est pas « l'au-delà » que je veux pour adresse
Mais plutôt « l'en deçà » qui me paraît plus doux
Et plus en harmonie avec mon caractère.
L'en deçà de la vie est, pour chacun de nous,
Ce temps où nous étions l'énigme et le mystère,
Ce temps qu'on a passé sans connaître l'ennui,
Dans un écrin douillet, un nid de quiétude,
Jusqu'à ce qu'un grand froid, nous attirant à lui,
Nous jette dans la vie et dans la multitude !
Alors si j'ai le choix - et Néant pour Néant -
Si ma vie à jamais se déclare en faillite,
Je voudrais revenir dans mon Néant d'avant
Plutôt que dans celui qui s'annonce à la suite !
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