Chapitre 9 : Tempête sur Pré-au-Lard (1)
Le lendemain de Noël n'eut l'air que d'une suite de formalités pour Cassius. Il descendit dans une salle commune inhabituellement calme et silencieuse. Il fut ensuite convoqué à l'infirmerie, où on ne lui trouva aucune séquelle de l'intense douleur qu'il avait ressentie dans l'estomac. Et puis McGonagall le réclama aussi.
— Voulez-vous une tasse de thé, monsieur Warrington ? lui demanda-t-elle lorsqu'il rentra dans son bureau, sur un ton qui laissait entendre qu'il ferait mieux de ne pas en demander.
— Non merci, madame.
— Asseyez-vous, lui ordonna-t-elle sèchement.
Ses yeux ne s'étaient toujours pas posés sur lui. De tout évidence, ce n'était pas son habituelle professeure de Métamorphose qu'il avait devant lui mais la sous-directrice de Poudlard.
— Bien, monsieur Warrington, racontez-moi ce qu'il s'est passé.
— Je ne sais pas grand chose, madame. Quand Pansy m'avait effleuré, on avait tous les deux ressenti une douleur, comme un choc électrique. Enfin, je suppose qu'elle a ressenti la même chose que moi. Et ensuite, quand je lui ai touché le bras, tout a explosé et la douleur a repris encore plus intensément, jusqu'à ce que Dumbledore arrête tout. En-dehors de ça, je n'en sais pas plus.
— Avez-vous déjà été en contact avec madame Parkinson auparavant ?
— Rien qui ne pourrait expliquer ce qu'il s'est passé, madame.
— Madame Parkinson pourrait-elle avoir créé cela sans que vous n'eûtes participé de quelque manière que ce soit ?
— Non, je n'ai participé à rien ! se défendit Cassius. Pansy a déjà fait preuve d'une magie puissante, et il lui est arrivé de perdre le contrôle de ses pouvoirs, ajouta-t-il en repensant aux événements de la soirée du Jeu des Souterrains, mais rien qui ne soit de cette ampleur. Et elle n'avait aucune raison de vouloir faire quelque chose comme ça.
— Monsieur Warrington, chuchota McGonagall au bout d'un certain temps, ce que vous ne savez sûrement pas, c'est que les Forces du Mal sont actuellement en train de se remettre discrètement en mouvement. Peu de gens savent ce que je vous dis là et personne n'en connaît la raison mais il n'est pas à exclure que des événements semblables à ce qu'il se faisait par le passé se reproduisent. Et le professeur Dumbledore était souvent à l'époque la cible d'attaques comme celle-ci.
— Non, Pansy ne fait pas partie des Forces du Mal ! s'écria Cassius.
Elle était simplement une Serpentard, cela faisait-il irrémédiablement d'elle une Mangemort ? Et puis Cassius pensa à ce qu'il avait dit à Potter, le même soir que l'accident, ce qu'il avait fait sous les ordres du Seigneur des Ténèbres. Était-il de ces Forces du Mal qui se réveillaient ?
— Avez-vous autre chose à ajouter, monsieur Warrington ?
— Non, madame.
— Vous êtes au courant que vous devez nous dire tout ce que vous savez sur l'accident, n'est-ce pas ? lui dit-elle sur un ton accusateur.
— Je ne sais rien de plus, madame.
— Alors comment m'expliquez-vous votre fuite du lieu de l'incident ?
— Ma fuite, madame ?
— Vous avez quitté la Grande Salle très rapidement, monsieur, pour quelqu'un qui a déclenché tout cela en touchant simplement le bras de madame Parkinson.
— Je n'ai rien déclenché du tout ! Et lorsque tout s'est fini, j'ai simplement voulu rentrer dans mon dortoir, comme tout le monde.
— Vous avez pourtant décrit ce matin à l'infirmière que vous ressentiez une extrême douleur à l'estomac et une fatigue telle que vous n'arriviez pas à vous lever.
— La fatigue avait fini par partir, madame, et Luna Lovegood m'a aussi aidé. Je n'ai rien fui du tout.
— Bien, vous pouvez partir. Si vous apprenez quoi que ce soit de nouveau, venez nous en parler immédiatement.
Sur ces mots, elle reporta son attention sur les papiers qui jonchaient son bureau et ne leva plus la tête, comme si Cassius n'existait pas, alors il sortit de la pièce.
Elle ne le croyait pas. Elle le pensait coupable d'être en lien avec l'accident et il n'avait su défendre son comportement suspect qu'avec : « La fatigue avait fini par partir. » Pourtant, malgré toutes les choses qu'il pouvait se reprocher, il en savait aussi peu que n'importe qui sur ce qu'il s'était passé la veille.
La suite des vacances fut beaucoup plus calme. Cassius dut finir ses devoirs, comme les autres élèves. En quelques jours à peine, plus personne ne parla de l'accident de Noël et, la veille de la reprise des cours, tout le monde semblait détendu et reposé.
Ce n'était pas le cas de Cassius. Quand il avait raconté sa discussion avec McGonagall à Adrian, celui-ci avait semblé perplexe et lui avait dit que, lorsqu'il était rentré au château ce soir-là, l'accident s'était terminé depuis un moment déjà mais il avait surpris une conversation entre Pansy et Rogue, qui demandait à la jeune fille ce qu'il s'était passé et ce qu'elle avait dit à Dumbledore. Tout ce qu'elle avait pu expliquer était que tout avait commencé lorsque Cassius l'avait touchée.
Les deux garçons en avaient ensuite parlé avec Daphné, qui traînait habituellement dans la bande de Pansy, mais elle leur expliqua que la jeune fille ne quittait plus son dortoir depuis qu'elle était sortie de l'infirmerie et qu'elle ne leur en avait pas dit plus que ce qu'Adrian avait entendu.
Ces trois-là s'étaient donc mis en tête de chercher à en savoir plus, puisque Pansy elle-même ne dirait rien. Et puis la reprise des cours était arrivée, les devoirs avaient recommencé à s'entasser, particulièrement pour Cassius et Adrian, et ils avaient eu de moins en moins de temps pour enquêter sur le sujet. Daphné ne put que leur dire que Pansy se remettait doucement sur pied et qu'elle avait repris les cours comme tout le monde mais en se faisant très discrète et en retournant dans son dortoir dès que possible à cause de la fatigue.
Le jeudi de la première semaine de cours, Cassius s'était levé plus tôt que d'habitude. Adrian se réveilla alors qu'il s'habillait et ils descendirent tous les deux. L'aurore avait déjà faufilé ses doigts à travers les eaux du lac jusque dans la salle commune. Il était apparu une nouvelle note sur le tableau d'affichage : des cours de transplanage donnés par le Ministère de la Magie contre douze Gallions pour les élèves qui atteignaient dix-sept ans durant l'année. Ils y inscrivirent leur nom.
Juste à côté, une note annonçant une sortie à Pré-au-Lard pour la semaine suivante avait été collée par-dessus le haut d'un tract pour une école de sortilèges sous-marins. Le sorcier immergé dans l'affiche, avec à la main une baguette magique et à la tête un sortilège de Têtenbulle, était donc obligé de se tenir la tête baissé, recroquevillé sur le fond marin, en bas de l'image, pour ne pas se retrouver dans le noir derrière la note qui recouvrait son affiche.
Cassius fixa un moment le sorcier avant de prendre conscience que le sortilège de Têtenbulle, parmi les divers moyens de respirer sous l'eau qu'il pouvait trouver, pourrait bien se révéler le plus pratique pour l'épreuve du lac. C'était après tout ce qui avait permis à Adrian d'y respirer si longtemps pour écouter la chanson de l'œuf d'or. Mais le vrai défi, celui qu'aucun sortilège ne pouvait résoudre, était celui de sa peur de l'eau.
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