Retrouvailles et désillusions
Bonheur, amitié, famille et surtout amour, l’union de Seydou et Lucie est à l’image de leur histoire : iIntense et charismatique et David n’est jamais loin. La première danse, le premier toast, les photos, le gâteau. Tout la ramène à l’amour de sa vie à jamais perdu.
Six heures. L’aube pointe et les derniers debout sont les premiers témoins de cette rencontre si ien qu'en honneur au bon vieux temps, Sallie et Théo proposent un bain de minuit. Les maillots de bain ont laissé place à la dentelle féminine et ici, ce groupe à jamais uni a quinze ans, est amoureux, et a la vie devant lui. L’instant est léger et surtout plein de tendresse. Vida se délecte du bonheur qui inonde le visage de chacune de ses amies avant de s’excuser. Elle souhaite faire quelque chose qu’elle rêve depuis le début du séjour. Devant les allusions graveleuses de Sallie et Malia, la jeune femme à la peau ruisselante préfère mettre les points sur les i. Si ses amies ne monopolisaient pas continuellement la chambre pour leur propre plaisir personnel, elle aurait eu tout le loisir de s’octroyer son plaisir à elle : un bon bain chaud avec une ou deux coupes de Champagne. Avant de quitter la terrasse, elle ose un regard à Ken. Les chambres ayant été organisée d'une main presque militaire par Sallie, la jeune femme lui réclame sa carte magnétique avant de s'éclipser après un simple ordre.
— Ne me rejoins pas tout de suite. Prends tout ton temps ici s'il te plait.
Orgasmique. Ni plus, ni moins. Le calme, le vide, la chaleur de l’eau... Le bar était bien entendu fermé aussi, la coupe de champagne manque au tableau mais qu’importe, après cette journée riche en douceurs, en douleur et en souvenirs plus ou moins difficiles, la voilà en paix. Incapable de dire combien de temps Vida a profité de son moment pour elle, quoiqu’il en soit, la pulpe de ses extrémités est bien fripée lorsqu’elle sort de la salle de bain emmitouflée dans son peignoir. T-Shirt et culotte enfilés dans une pénombre salvatrice, la voilà qui se glisse sous les draps. Du repos, enfin.
— T’en as mis du temps, putain.
Ken lui arrache un sursaut.
— Bordel mais t’es là depuis quand ?
— Vida t’es restée plus d’une heure dans la salle de bain. J’ai osé entrer. Tu dormais. J’ai remis un peu d’eau chaude et je m’empêche de dormir pour être sûr que je ne te retrouve pas noyée demain. Maintenant que je te sais toujours en vie, si tu permets, je vais sombrer, je suis épuisé.
Sans aucun préavis, l’homme embrasse sa joue et installe un de ses bras autour de son corps, avec, pour dernier soupir, un bonne nuit empli de douceur.
Quinze heures. La tête est lourde, le corps est engourdi. Lendemain de fête pense alors Vida, le regard perdu sur le plafond de la chambre.
— Tu penses à quoi ?
— À la solitude de ma vie une fois tout ça terminé. Le retour au calme va me faire du bien, mais il va falloir se réhabituer à dormir seule, manger seule, regarder la télé seule, bref à vivre seule. On parle souvent de la routine d'une vie de couple comme un fléau, mais on évoque rarement la routine dévastatrice d'une vie en solitaire. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas passé autant de temps avec les filles. Difficile de leur en vouloir, c’est de ma faute mais désormais avec Lucie mariée, et toutes les autres partageant ici de doux instants amoureux, nul doute que nous ne serons plus réunies avant un moment après la fin de ses vacances... La vie file et les chemins se séparent.
Des coups interrompent la confidence pudique de Vida.
— Room service, scande Rauf derrière la porte.
Ken bondit du lit pour recevoir le chariot gargantuesque. Fruits, jus, pancake, œufs, charcuterie. La jeune femme ne peut s’empêcher de se moquer de son colocataire d’une journée.
— Un petit déjeuner au lit ! Ma parole Ken, je vais finir par croire que tu me dragues en bonne et due forme !
S’attendant à une réponse cinglante, comme il sait si bien le faire, Vida se trouve néanmoins devant un homme dont la mine souriante se déconfit.
— Je suis désolé, Vida, vraiment. Je sais que tu espères plus après ces jours passés ici et c’est de ma faute. Garder mes distances avec toi ici dans le calme et la sécurité de ce lieu familial est quasi impossible et je veux que tu saches que pour moi aussi, le retour va être pesant, mais j’ai envie de profiter de cette parenthèse et comme on a partagé presque tous nos petits déjeuners ensemble, pourquoi pas un de plus ?
La jeune femme ne comprend toujours pas la raison de cette distance prévue après la fin de ce qu’il appelle donc une parenthèse, mais qu’importe. Elle s’est jurée de prendre soin d’elle. Cet homme lui amène, à l’heure actuelle, tant de sérénité, de plaisir, de douceur, que le reste se gèrera en temps voulu, décide-t-elle tandis qu’elle se délecte du jus d’agrumes frais.
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