Chapitre 18 - Ce que je rêvais d'entendre
Il est bientôt vingt heures et toujours aucune nouvelle de Matéo. Là, je commence vraiment à être inquiète. Je ne cesse de tourner en rond dans ma chambre lorsque ma mère appelle pour le diner.
Je descends nerveusement les marches en essayant de cacher mon inquiétude. Ma mère dépose un plat gratiné sur la table.
- Maria n’est pas revenue ? je demande pour me changer les idées.
- Nous lui avons donné la semaine, explique ma mère. Elle a énormément travaillé ces derniers temps.
Je m’installe près de mes parents après les avoir embrassés.
- Il y a un peu moins de grabuge dans l’entreprise maintenant que nous avons renouvelé le contrat le plus important, commence mon père.
- Les employés avaient peur de se faire renvoyer ? je demande curieuse.
- Ce contrat est celui qui maintient l’entreprise sur une bonne voie, réponds mon père en se servant du gratin.
- Tu veux dire que ça ne fait que t’enrichir, je traduis.
- Eh bien oui, avoue-t-il. Nous devons penser à notre avenir. Si mon entreprise coule nous n’aurons plus les mêmes moyens financiers.
Je ne sais pas grand-chose de cette entreprise. Elle a été créée par mon grand-père et s’est assez vite développé. Mon père s’est occupé d’élargir les services qu’elle offre pour obtenir plus de bénéfices. Il travaille sur de nombreuses choses mais je trouve tous cela assez barbant et difficile dans le monde de l’entreprise.
- Nous n’allons pas nous plaindre, interviens ma mère.
- Tu as raison, c’est une chance que nous avons, je termine en regardant mon assiette.
C’est étrange, mais je pense à ce qu’aurait dit Matéo à ce moment-là. Les gens comme nous s’enrichissent sur le dos des pauvres. L’économie va mal pour les gens en difficulté mais pour nous tous va toujours pour le mieux. Ces pensées ne s’emboitent pas avec celles de la haute société à laquelle nous appartenons. Matéo est différent des gens que je fréquente et il me manque tellement.
- Valentina, est-ce que tout va bien ? s’inquiète ma mère.
- Oui ça va, je réponds en empoignant fermement ma fourchette.
Je me force à avaler plusieurs bouchées pour ne pas que mes parents me posent des questions alimentaires. Je ne veux pas qu’ils se préoccupent de ça car je mange correctement quand quelque chose ne me tracasse pas.
À la fin du repas, je remonte dans ma chambre avec désespoir. Je n’arrête pas de regarder les aiguilles de mon réveil et les minutes défilées.
La journée avec mes amies m’a permis de me changer les idées mais maintenant que je suis revenue dans ma chambre, je me permets de repenser à Matéo. Je suis de plus en plus persuadée qu’il est parti parce qu’il regrette de m’avoir embrassé.
Je prends mon portable délaissé depuis plusieurs heures sur mon bureau pour me changer les idées. Mon cœur rate un battement et je bondis de mon lit lorsque je vois le prénom de Matéo s’afficher dans la barre de notification.
La fureur s’empare de moi sans que j’aie eu le temps de lire le message. Je me précipite hors de la maison sous le regard consterné de ma mère assise dans le salon.
Je frappe à la porte des Di Angelo en tapant frénétiquement du pied. La porte s’ouvre sur l’homme que je cherchais.
- Tina ! Je suis cont…
Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase car instinctivement, je viens de lui donne une gifle magistrale et méritée.
Matéo se masse la joue en me regardant avec étonnement.
- Je ne pensais pas que tu avais une aussi bonne poigne.
- Est-ce que tu te rends compte de la gravité de tes actes ! je m’écris. Je pensais que tu étais parti une nouvelle fois. Tu n’as pas pensé une seule fois à ta mère ni à moi.
Je ne suis plus gênée par notre dernière entrevue à la piscine tellement je suis en colère.
- Je mérite totalement tes reproches et crois-moi, ma mère m’a également bien allumé, réplique Matéo mal à l’aise.
- Où étais-tu passé ? je demande en le pointant du doigt.
- J’étais à pôle emploi la moitié de la journée puis j’ai passé un entretient d’embauche dans un café, explique-t-il contrit. Je ne voulais faire de mal à personne Tina. J’ai oublié mon téléphone dans mon vieux jean, je t’aurais prévenu sinon.
- C’est la deuxième fois que tu me blesses Matéo, est-ce que ça va toujours être la même chose avec toi ? Tu ne peux pas penser aux autres ? j’enrage en abattant mon poing sur son torse musclé.
- Non, je te promets. Tu sais que je tiens mes promesses, je suis revenu. Je n’abandonnerais plus les personnes que j’aime.
Je commence à me calmer petit à petit. Je retire mon poing du torse de Matéo pour ne pas que mon cœur s’emballe. Je dois parler de ce qu’il s’est passé dans le bassin la veille. Nous ne pouvons pas rester comme si rien ne c’était passé.
- Nous devons discuter, je soupire d’une voix calme.
- Entre, m’ordonne-t-il doucement.
Je le suis jusque dans sa chambre. Je m’assois sur un fauteuil bleu installé à l’écart du reste du mobilier.
- Je ne vais pas te manger, fait remarquer Matéo pour détendre l’atmosphère.
Je lâche un petit sourire avant de me rapprocher de lui. J’aime vraiment Matéo et je ne veux pas me disputer ni être loin de lui.
- Il faut qu’on parle de ce qu’il s’est produit dans la piscine, j’engage d’une voix peu assurée. C’était quoi exactement ? Est-ce que tu essayais de m’éviter ?
Je vois que Matéo est vraiment mal à l’aise et pour cause, il réfléchit quelques secondes.
- Je ne regrette pas ce qu’il s’est passé, avoue-t-il sans me regarder. Je pensais que notre relation pourrait être comme avant mais maintenant, je te considère comme une femme. Quand je t’ai vu pour la première fois depuis dix ans, j’ai été véritablement bouleversé. Je ne pensais pas que tu allais devenir une personne si belle et intelligente puis sans que je puisse maitriser quoi que ce soit, j’ai fini par ressentir des choses pour toi.
Son discours me laisse abasourdie. Je suis contente de ce que j’entends mais je ne m’attendais vraiment pas à ce genre de déclaration. Je ne pensais pas que Matéo était quelqu’un de si romantique.
- J’ai été fou de te voir avec un abrutit comme Alex, continue-t-il les yeux concentrées sur le sol. Je voulais être à sa place même si j’ai eu du mal à me l’avouer au début. J’ai presque eu un coup de foudre pour toi. Je regrette vraiment d’être parti, d’avoir choisi une autre vie loin de toi.
Matéo me regarde enfin et je vois ses yeux briller ainsi qu’une larme couler sur sa joue. Ces paroles sont tellement belles et je ne peux m’empêcher d’embrasser Matéo sur la bouche. Malgré ses airs de dur, c’est quelqu’un qui a un grand cœur.
- Je t’ai toujours aimé Matéo, bien avant que tu ne me quittes, je lui confie en chuchotant.
Matéo accentue son baiser et cherche ma langue. Sa main se pose sur ma cuisse puis il me fait basculer sur le lit. Quand je commence à comprendre où il veut en venir, je l’arrête.
Je me relève les joues en feu et les cheveux décoiffés. Je me poste près de la porte prête à quitter cette pièce.
- Je préfère ne pas aller plus loin, ça me gêne, j’explique en tripotant mes doigts.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne suis pas comme Alex, je vais y aller doucement, s’offusque Matéo en pensant à mon ex.
- Je suis vierge, j’avoue de but en blanc.
Matéo se lève brusquement et me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes.
- Je pensais que tu avais de l’expérience, je suis désolé, je ne voulais pas forcer la main. C’est juste que tu es tellement belle, je croyais que tu avais eu d’autres aventures.
- Non, tu étais le seul dans mon cœur et je n’ai cessé d’attendre que tu reviennes.
Il s’approche de moi et me domine de toute sa hauteur. Il pose son front sur le mien.
- Désolé pour ce malentendu, souffle Matéo.
- Arrête de t’excuser tout le temps, je lui reproche gentiment.
Je le prends dans mes bras pour sentir son cœur battre contre le mien.
- Je suis très ennuyée parce que tu as eu beaucoup de femmes dans ta vie surtout quand tu étais acteur, je lui confie.
- Ça n’a rien avoir avec la réalité tu sais, explique-t-il d’une voix si sexy. Je ne veux plus jamais faire ce que j’ai réalisé devant une caméra.
- Je ne veux pas coucher avec toi Matéo alors que tu es avec une autre, ce n’est pas bien envers elle et envers moi.
- J’ai rompu avec Delphine avant de venir, c’est pour cela que je suis rentré aussi tard, m’indique-t-il. Tu es la seule personne que je veux. Malgré notre différence d’âge et notre passé, je veux croire en nous.
Je suis tellement comblée par les mots de Matéo que je ne parviens à me détacher de lui uniquement lorsque sa mère vient frapper à la porte.
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