Lorsque je pointe le bout de mon nez dehors, le temps est devenu plus agréable. Après le violent orage de dimanche, je vais pouvoir profiter de la piscine de ma maison.

Laura m’a envoyé un message pour me dire que son voyage en Europe a été écourté car sa petite sœur est tombée malade. Elle est tellement dégoutée qu’elle veut absolument se changer les idées en me proposant une journée piscine.

Après réflexion, je décide de proposer à mes deux amies de venir se prélasser dans mon bassin pour se détendre. Il ne fait pas aussi chaud que les dernières semaines à cause du récent orage mais la température est tout de même optimale pour ça.

Peu de temps après, Anne-Lise et Laura arrivent chez moi. Je sais que toutes deux admirent ma villa moderne.

- Merci de nous avoir invité, lance Laura en me serrant dans ses bras. Je suis vraiment dégoutée que ce voyage tant attendu et exceptionnel n’est pas duré plus longtemps. Je ne sais pas quand une occasion pareille va se représenter.

- Ne t’inquiète pas, je la rassure, tu as toute ta vie pour voyager.

- Elle voulait absolument visiter Rome, Venise, Berlin, Barcelone et bien sur Vienne, intervient Anne-Lise. C’était le programme convenu qui devait durer un mois.

- Je comprends ta déception mais profite plutôt de ces vacances pour te détendre au lieu de rager, je lui conseille. Allez profiter de ma piscine.

Mes amis s’avancent vers les transats tandis que je vais chercher les rafraichissements et les biscuits à l’intérieur. Cela fait un moment que je n’ai pas vu Maria et je dois avouer qu’elle me manque. Mes parents ont accepté de lui donner plusieurs semaines de congé.

Les filles sont déjà en maillot allongées sur le transat lorsque je dépose mon plateau sur la table basse. Je retire mes vêtements puis je prends un verre de limonade et des biscuits pour compenser ma faim.

- Merci, mais je suis au régime, refuse Laura lorsque je lui tends l’assiette pleine. Je ne boirais que ta boisson maison.

- Moi par contre je ne refuse pas ! s’exclame Anne-Lise en riant.

Je pose mes lunettes de soleil sur le nez quand mon téléphone posé près de moi émet une notification. Je suis heureuse de constater que c’est un message d’Irina. Elle m’annonce que sa cousine va beaucoup mieux et qu’elle est contente que ma relation avec Matéo se passe bien. Cependant, je n’ai pas précisé que j’étais en couple avec lui. Je ne sais pas pourquoi mais je n’ai pas envie que ça se sache, je préfère que ça reste un secret pour le moment.

- J’ai des nouvelles d’Irina, je mentionne à mes amies. Elle est contente de retrouver sa famille.

- Je n’ai rien reçu de sa part, s’étonne Laura en levant un sourcil. Moi qui pensais que nous étions proches.

- Elle n’a pas beaucoup de temps pour elle et je pense qu’elle est limitée en connexion internet chez elle, je la défends.

- Tu sais bien que Tina est sa meilleure amie, affirme Anne-Lise. C’est normal qu’elle lui donne des nouvelles en priorité.

- A la dernière soirée chez Charlie, nous nous sommes beaucoup rapprochées elle est moi, c’est pour ça que je disais ça, se justifie Laura.

- A quel point vous étiez proches ? ricane Anne-Lise.

Laura lui lance sa serviette à la figure.

- Ferme-la, Anne-Li ! s’écrit-elle mécontente.

Elle est vraiment à fleur de peau depuis son retour, je n’apprécie pas vraiment son comportement.

Vexée, Laura prend un magazine de son sac et ne nous adresse plus la parole. Anne-Lise me regarde avec un air moqueur avant de se lever pour aller dans l’eau.

- Hey, Tina, qui est cet Apollon perché sur le toit ? demande soudain Laura la tête en l’air.

Je suis son regard et je tombe sur Matéo torse-nu en train de réparer l’antenne de sa maison. Il est vraiment beau dans son vieux jean et la transpiration luit sur ses abdominaux.

- C’est Matéo mon voisin, je réponds d’un air détaché.

Je ne l’ai pas revu depuis hier soir. Nous n’avons pas beaucoup discuté sur le chemin du retour à Toulouse et nous sommes rentrés directement chez nous.

- Hey Matéo, crie Laura en agitant sa main libre dans tous les sens.

Mais qu’est-ce qu’elle fait ! Non non non ! Je ne veux pas me faire remarquer aujourd’hui et encore moins devant mes amis. Anne-Lise s’arrête de nager et désormais tous les regards sont tournés vers mon amoureux.

Matéo pivote vers nous en mettant sa main en visière. Lorsqu’il m’aperçoit, son sourire s’élargit et il me fait de grand signe, mais c’est Laura qui répond de la main. Je me recroqueville sur mon transat mais c’est trop tard, je sens que mon amie ne va pas me lâcher. Pourquoi faut-il que mon amoureux soit la proie de Laura ?

- Pourquoi te montres-tu en spectacle ? je demande mécontente.

- Il ne fallait pas me cacher que tu avais un voisin si canon, dit-elle. Mais j’ai bien compris que tu voulais le garder rien que pour toi.

- Ça ne fait pas longtemps qu’il est là, un peu plus d’un mois, je réplique en me tournant vers le ciel.

- C’est déjà trop pour moi ! J’aurais tenté quelque chose depuis un moment, me reproche-t-elle sans méchanceté.

- Tu ne t’es pas imaginé qu’il serait peut-être pris, intervient Anne-Lise à voix basse pour ne pas se faire entendre. Un mec aussi mignon est forcément en couple.

- Justement ! Il doit profiter de pouvoir se taper plein de filles, justifie Laura. Les hommes comme lui ne se mettent pas en couple.

Cette fois s’en est trop ! Laura parle trop fort et je ne supporte pas de l’entendre parler comme ça.

- Bon ! Je vais chercher d’autres limonades, je m’exclame en posant brusquement mon verre sur la table, ce qui fait sursauter mes amies.

Je me lève sans demander mon reste pour m’isoler à l’intérieur. Je remplis la carafe des dernières gouttes de limonade puis après avoir respiré un grand coup, je retourne dehors. C’était peut-être une mauvaise idée cette après-midi piscine entre copines mais je ne peux pas revenir en arrière.

Je retrouve Anne-Lise trempée en train de sécher sur le transat près de Laura. Elle a quitté son magazine pour discuter de la prochaine soirée. J’ai à peine le temps de déposer mon plateau que je suis à nouveau interpelée.

- Tiens tiens, la chance est de mon côté, chante Laura.

Je me retourne pour apercevoir Matéo venir dans notre direction. Il ne me lâche pas une seule foi du regard et son sourire rayonne dans tous le jardin. Je vois bien que mes amies ne sont pas insensibles à mon amoureux. Je sais bien qu’il fait chaud, mais je suis agacée par le fait qu’il n’est pas mis de t-shirt.

- Salut, lance Laura pour attirer son attention, je suis une amie de fac de Tina.

Matéo détourne le regard pour se concentrer sur elle.

- Matéo, l’homme d’à côté, se présente-t-il avant de me regarder à nouveau.

- C’est ce que j’ai cru comprendre, continue Laura d’un ton séducteur. Tu ne veux pas venir avec nous à la prochaine soirée ?

- Désolé, mais les soirées étudiantes ce n’est pas trop mon truc, réplique-t-il en secouant la tête.

Mon homme ne prête plus attention à mes amies et se concentre sur ma personne.

- Je voulais te rendre les outils que j’ai utilisé pour réparer l’antenne. Ton père me les a gentiment prêtés car je n’avais pas le bon équipement, dit-il en me désignant une mallette non loin de là.

- Très bien, je vais aller les ranger, je les renseigne.

Matéo marche derrière mais lorsque je saisi l’objet, sa main se pose sur la mienne.

- Laisse-moi la porter, elle est lourde, je ne veux pas que tu te fasses mal.

Il est si proche de moi que j’ai peur que ce soit louche surtout que mes amies ne ratent pas une miette de la situation. Je lâche rapidement la mallette puis je fais signe à Matéo de me suivre. Je lui désigne un coin d’étagère libre. A peine a-t-il déposé l’objet qu’il se précipite sur moi pour m’embrasser. Je suis tellement surprise que je ne peux plus respirer. Après quelques secondes, il se détache de moi et s’exclame :

- A plus Tina, on se voit plus tard.

Son sourire est craquant et il poursuit par un clin d’œil avant de disparaitre chez lui. C’est vraiment déconcertant comme situation mais je ne vais pas refuser que Matéo vienne chez moi.

Je retourne auprès de mes amies pour ne pas qu’elle se pose des questions au sujet du long laps de temps que je passais avec Matéo dans le garage.

- Oublie ce que j’ai dit, impossible de choper Matéo, siffle Laura. Il est déjà pris par une petite chanceuse.

- Pourquoi tu dis ça ? je demande en espérant mal comprendre.

Elle se retourne subitement vers moi en me regardant avec de grands yeux.

- Il n’avait d’yeux que pour toi ! s’exclame-t-elle. Même un aveugle aurait pu le voir.

Je vois qu’Anne-Lise approuve les paroles de Laura et j’espère du plus profond de mon âme qu’elles ne vont pas…

- Il faut que tu tentes quelque chose avec lui ! s’écrit cette dernière. Un mec pareil qui s’intéresse à toi, ça ne se rate pas.

- Ne m’embête pas avec ça.

Pour ne pas crouler sous les paroles de mon amie, je plonge dans la piscine puis je fais plusieurs longueurs. Désespérée par ma passivité, mes amies ne remettent plus le sujet sur le tapis même après leur départ. Je me promets de me punir d’avoir fait une erreur pareille. Je me complique la tâche à garder mon secret et Matéo ne m’aide pas.