Chapitre 52 - Dernière épreuve
Le jour du procès arrive enfin et c’est le cœur lourd que je pénètre pour la seconde fois au palais de justice de Toulouse. Matéo serre ma main en signe de soutien tandis qu’Alma encourage ma mère qui est au bord des larmes.
La colère qui m’assaillait le jour où mon père s’est fait arrêter a laissé place à de la compassion car je comprends pourquoi il a fait ça même si je n’approuve pas ses choix. La seule chose qu’il voulait c’était nous protéger et assurer notre avenir même si cela n’a fait qu’accélérer notre chute.
La salle d’audience est pleine à craquer et certains journaux locaux tente de se frayer un passage pour pourvoir nous interroger. Un gardien nous aide à passer à travers la masse de personnes pour nous installer sur les bancs à l’avant.
Mon père est le premier à passer devant les juges mais les autres procès auront lieu les jours suivant. J’espère que mon père obtiendra un procès et une sentence juste en accord avec ses délits.
Le juge principal demande le silence car le brouhaha résonne dans toute la pièce empêchant de nous entendre. Mon père ne tarde pas à faire son entrée après une brève présentation des juges. Le maitre des jurés dénombre les accusations faites à mon père. Je pense que le procès ne durera pas longtemps par rapport à la dernière fois si mon père plaide coupable.
Quelques minutes plus tard, mon père avoue être responsable de tout ceux pour quoi on l’accuse sauf la fomentation de tous les plans illégaux concernant le trafic de drogue. Bien évidemment, les vrais coupables sont monsieur Di Angelo et les Rochefort.
J’entends ma mère retenir son souffle lorsque les jurés annoncent la sentence après une brève retraite dans la salle d’à côté.
- Nous condamnons monsieur Di Angelo à deux ans de prison ferme et une amende d’un million pour réparer les torts causés et ses écarts.
Mon père tourne un regard vers nous avec un sourire qui se veut encourageant. Pour quelque chose d’aussi grave, je trouve qu’il s’en sort plutôt bien. Nous avions prévu une amende aussi élevée ce qui explique de nombreux saisis personnels et professionnels. Je fais confiance à ma mère pour gérer ce qui reste de l’entreprise correctement.
Nous attendons que la masse de personnes sorte du palais de justice pour à notre tour quitter la grande salle d’audience. Je prends l’air sur les marches du bâtiment avec Matéo lorsque mes amis viennent vers moi. Je retrouve Anne-Lise, Laura et bien sûr Irina qui sont toujours là pour me soutenir.
- J’espère que ça va aller sans ton père, je sais que c’était un pilier dans ta famille, comprends Irina.
- Ma mère et moi, on s’en sort très bien depuis qu’il n’est plus à la maison, j’avoue fièrement.
- Le temps va passer vite et tu le reverras bientôt, m’encourage Anne-Lise.
- Je ne suis jamais allée le voir en prison avant le procès et je compte bien me rattraper.
Je vois James s’approcher lentement de moi avec timidité. Je l’encourage à venir me parler et à son tour, il vient me montrer son soutien. Il a compris que je m’étais remis avec Matéo et l’accepte sans problème. Nous sommes maintenant de très bons amis avec plus aucune ambiguïté dans notre relation.
Je suis contente que nous soyons réunis dans un moment aussi important mais ma mère me fait signe qu’elle ne veut pas s’attarder plus longtemps à cause des journalistes. Je quitte ma bande d’amis sur le perron pour rejoindre la voiture.
Une fois à ma villa, ma mère nous propose à manger pour nous détendre après cette journée éprouvante. Maria ne tarde pas à nous rejoindre comme promis pour notre réunion de famille.
- Je sais que la sentence est difficile à accepter mais mon mari doit être puni pour ses erreurs, annonce ma mère solennellement. Nous devons rester fort jusqu’à ce que notre famille soit à nouveau au complet. Ce jour-là, cet épisode fâcheux sera derrière nous, nous pourrons l’oublier et petit à petit reprendre notre vie familiale.
Nous trinquons nos tasses de café pour nous encourager tandis que Maria déballe ses délicieux muffins maisons pour nous remonter le moral. Nous sommes tous assis dans notre salon pour partager un gouter en famille.
- J’ai aussi une requête à demander à Matéo, expose-t-elle en se tournant vers lui.
Mon homme la regarde, surpris par ses propos. Je l’observe tout aussi étonnée que lui par cette annonce.
- Je ne suis pas certaine de pouvoir gérer l’entreprise seule, c’est pourquoi j’aimerais que tu deviennes le directeur adjoint pour m’aider dans cette tâche et remplacer celui qui a démissionné, déclare ma mère. Je suis consciente de ta mauvaise expérience avec ton père mais je veux que notre entreprise reparte sur de bonnes bases. Je sais aussi que tu n’as pas perdu le peu d’expérience que tu avais acquise. Je veux t’offrir une chance de développer ton potentiel car je sais que tu es un homme très intelligent.
Après sa longue tirade, Matéo semble encore plus décontenancé que tout à l’heure. Je pense qu’il ne sait pas quoi répondre et ma mère semble ennuyée de l’avoir perturbé.
- Je ne te demande pas de me répondre sur le champ. Bien sûr, tu disposes de tout le temps que tu souhaites pour réfléchir.
Mon homme secoue la tête comme pour sortir de sa léthargie puis boit une gorgée de café. Il se tourne vers moi pour m’interroger du regard.
- Je pense que c’est une opportunité à ne pas rater, je lui dis puisqu’il veut mon opinion. Je me rappelle quand j’étais petite, je te voyais toujours heureux d’en apprendre plus sur l’économie et le fonctionnement d’une entreprise. Tu es un homme brillant qui a eu mention très bien au bac et qui ne demande qu’à exploiter son potentiel dans ce domaine.
Matéo me sourit avant de me donner un baiser sur le front puis de se tourner vers ma mère.
- C’est d’accord, j’accepte de travailler avec vous, annonce-t-il en souriant de toutes ses dents.
- Je suis tellement heureuse que tu acceptes ! s’exclame ma mère en se levant pour aller serrer mon homme dans ses bras.
Je pose ma main sur l’épaule de mère pour qu’elle se tourne vers moi.
- Papa a pris la bonne décision en avouant ses torts. Grâce à cela, il accepte sa punition puis reviendra chez nous, je lui explique avant de la prendre à mon tour dans mes bras.
Nous acceptons nos moments de bonheur et d’insouciance car la vie a encore beaucoup d’épreuves à poser sur notre chemin.
***
Malgré les récents évènements, je ne peux pas me permettre de louper les cours. Lorsque j’arrive sur le campus, je remarque que beaucoup d’étudiants me dévisagent. Je ne les regarde pas et je pars rejoindre mes amies qui m’attendent dans le hall principal.
- Plusieurs journaux locaux parlent de ton père mais tu as de la chance, ils ne sont pas vraiment négatifs à son sujet, explique Anne-Lise en me montrant le bout de papier.
- Ils sont surtout concentrés sur les Rochefort, complète Laura enthousiastes. Ces abrutis sont les seuls à ne pas avoir avoué leurs crimes.
- Peut-être parce qu’ils ont fait des choses encore pires, propose Irina.
- Le journal prédit qu’ils auront une punition encore plus grosse que celle de ton père, poursuit Anne-Lise. Ton oncle a réussi à prouver qu’il avait été forcé par les Rochefort tandis que le père de Matéo était complètement anéanti de s’être fait prendre.
- Merci pour toutes ces nouvelles mais il me semble qu’il est l’heure d’aller en amphi, je fais remarquer en riant.
Mes amies me suivent dans ma bonne humeur et nous partons prendre des places. La journée du lundi se passe à merveille, enfin jusqu’à ce que je sorte sur le parking. Je me retrouve assaillit par des journalistes qui me posent des questions dans tous les sens.
Je reste interdite quelques secondes face à cette situation bruyante si soudaine. Un crissement de pneu agressif me sort de mes pensées. Matéo me fait signe de monter et je grimpe dans sa voiture sans discuter.
- Merci mon amour, tu viens de me sauver la vie, je souffle en attachant ma ceinture.
- Je voulais te faire une surprise en venant te chercher mais on dirait que je tombe à pic, explique-t-il légèrement irrité. J’espère que ces grattes papiers ne viendront plus t’embêter. Nous avons de la chance qu’ils ne débarquent pas dans notre quartier.
Le trajet en voiture passe rapidement et Matéo me raconte avec enthousiasme son premier jour dans l’entreprise familiale. Il a démissionné de son poste de barman sans regret car il dit et je cite « je n’en pouvais plus de toutes ces groupies au bar ». Je suis contente pour lui car je le vois vraiment heureux et épanouie.
Matéo veut passer chez lui car Alma veut nous inviter à prendre le thé avec ma mère. Nous sortons de la voiture lorsque nous croisons à notre grande surprises les dernières personnes que nous pensions voir. Une jeune femme blonde descend d’une berline en tenant son fils par la main. Mon amoureux ne l’a pas manqué et la laisse s’approcher de nous.
- Bonjour, je m’appelle Mélanie, commence la jeune femme peu sure d’elle. Je suis l’ex-femme de ton père et voici ton frère…
- Timothée… complète Matéo d’un ton aussi gêné que Mélanie.
- Je ne savais pas que mon mari avait un premier fils et je n’étais pas non plus au courant de ses actions illégales, poursuit-elle. J’ai fait la part des choses quand ton père m’a expliqué son point de vue et j’ai très vite compris que c’était pour ça que tu étais parti. J’ai demandé le divorce car je ne veux pas que mon fils grandisse avec un homme néfaste. Je suis vraiment désolée pour tout ce qu’il t’a dit au restaurant.
Matéo semble décontenancé quelque seconde mais se laisse touché par la sincérité de la jeune femme.
- Ne vous inquiétez pas pour moi Mélanie, je vais bien et votre sincérité me touche, dit-il en lui lançant un sourire rassurant. Mon père est en prison pour longtemps, il ne viendra pas vous embêter et si vous avez besoin de quelque chose, vous pouvez venir me voir.
- Vous êtes bien gentil Matéo, avoue-t-elle plus détendu. Je suis venu car je pense que tu as le droit de voir ton frère.
Timothée qui jusque-là était resté en retrait derrière sa maman, se poste à côté d’elle avec timidité.
- Je suis heureux de te rencontrer, déclare mon homme avec sincérité. Tu veux venir voir ma maison ? J’ai des figurines avec lesquelles tu peux jouer.
Timothée acquiesce timidement et accepte de prendre la main que Matéo lui tend.
- Venez prendre le thé avec nous, je propose à Mélanie.
Elle me sourit chaleureusement et nous rejoignons tout le monde à l’intérieur. Nous faisons les présentations et je suis heureuse de constater qu’Alma et Mélanie sont parties pour bien s’entendre. Je regarde Matéo jouer avec enthousiasme avec Timothée puis je prends par à la conversation avec les autres femmes.
Nous avons la chance de connaitre un bonheur aussi grand avec tous ce qui nous ai arrivé et je remercie tous les gens qui ont accepté de pardonner. Maintenant que je suis à nouveau avec Matéo, ma vie reprend des couleurs et je ne suis pas prête de le quitter.
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