L'envers de la méchanceté
Vous croyez qu’une plaisanterie ne peut pas blesser ? Qu’une insulte ou une moquerie ne fait du mal que si elle est volontairement méchante ? Navrée de vous réveiller et de vous confronter à la vraie vie, mais vous tuez aussi bien avec des mots qu’avec un des couteaux.
Dire du mal de quelqu’un, se moquer de lui, c’est critiquer ouvertement ce qu’il est au plus profond de son être. Ça vous parait exagéré ? Quand on rit du poids ou de la taille d’une personne, c’est à son intégrité physique que l’on s’en prend. Quand on dit de quelqu’un qu’il est con, stupide, bizarre, attardé, et j’en passe… Ce n’est pas seulement sa personnalité ou son intelligence que vous condamné, mais tout ce qui fait qu’il est lui.
Pourquoi serait-il inférieur à vous ? Car oui, si vous traiter quelqu’un de con, c’est bien que vous vous sentez supérieur à lui, ou à minima plus intelligent. Qu’avez-vous de mieux que cette personne ? Elle peut faire les choses moins bien que vous, ou plus lentement. Elle peut comprendre moins vite ou même pas du tout. Mais honnêtement, qu’est-ce que cela peut vous faire à vous ?
Vous n’êtes pas libre, et encore moins dans le devoir de faire remarquer aux gens leurs faiblesses. S’il l’on vous demande votre avis, là donnez le. Mais sinon, il y a une chose magique chez l’homme qui s’appelle « la pensée ». Le principe est simple : vous faite une remarque, et vous la garder pour vous-même, bien au chaud dans votre tête.
Vous vous sentez peut-être plus beaux ? Soit ; les diktats de la beauté sont assez universels de nos jours, et c'est ce sur quoi vous basez votre comparaison. Mais croyez bien qu’il y aura toujours une personne pour trouver plus beau que vous, voir se trouver plus beau. A quoi sert cette échelle de la beauté plastique qui divise le monde en deux parties : les beaux et les laids. Vaut-il mieux appartenir à une catégorie, qu’à l’autre ? Certains diront : « c‘est la beauté intérieure qui compte. », les même qui plus tard discuterons de qui a le plus beau cul, ou les plus beaux yeux (si vous voulez la jouer romantique).
Alors bien sûr, vous trouvez toutes sortes d’excuses à votre manque de discernement face aux émotions d’autrui. Des arguments comme : « Mais il/elle sait bien que je rigole. » « Je ne le pensais pas vraiment. » « C’est pour rire, y a pas de mal. » Et bien d’autres, tout aussi… convaincantes pour vous c’est sûr. Sauf qu’il faut intégrer quelque chose, une bonne fois pour toute. C’est que les gens ne sont pas aussi cons que vous le croyez. Ils entendent et surtout retiennent ce que vous dîtes.
Soyez persifleur une seule fois à l’encontre de quelqu’un et vous pouvez être sûr qu’il va y repenser encore et encore. C’est facile de se moquer, rien de plus simple que de faire rire certains au dépend d’autres. Et il faut être honnête, tout le monde l’a déjà fait. Mais les pires, ce sont bien ceux qui n’en sont pas conscients. C’est comme cela qu’on en arrive à une habitude qui peut détruire peu à peu une personne. La méchanceté est une chose, la méchanceté gratuite et répétitive en est une autre. Une remarque maquillée par l’humour ou n’ayant pas la volonté de blesser, ne la rend pas plus inoffensive.
Vous défendez des valeurs telles que le respect de tous et la fraternité. Mais où est le respect dans les railleries ? Une moquerie ne sera jamais respectueuse, car elle fera toujours mal. Il ne faut pas se leurrer, vous croyez vraiment pouvoir faire plaisir à quelqu’un en vous moquant de lui ? Bien sûr que non. Alors pourquoi continuer ? Il y a bien d’autres formes d’humour, bien moins… bêtes, il faut le dire.
Et si votre excuse est : « je ne le pensais pas», alors qu’est-ce qui vous oblige à le dire ? Vous aimez parler pour ne rien dire ? Les autres n’ont pas besoin, de ces « remarques gentillettes », vous savez. Franchement c’est si dur de se taire dans l’intérêt d’autrui ? Et n’allez pas faire croire que vous vous en voulez, lorsque vous blesser quelqu’un. Si vraiment c’était le cas, vous ne recommenceriez pas.
Il faut se rendre compte que nos mots ont une portée et qu’ils peuvent avoir des conséquences que l’on ne s’imagine pas. Prenez conscience de ceux qui souffrent et ayez l’intelligence de les aider plutôt que les enfoncer. Une phrase gentille n’ait pas plus dure à exprimer qu’une cruelle. C’est peut-être utopique de penser cela, mais ça ne serait pas mieux de laisser les mauvais actes aux mauvaises personnes. Etes-vous une mauvaise personne ? Non, demandez-vous plutôt : êtes-vous assez désobligeants pour faire intentionnellement du mal à ces gens que vous appelez vos amis ?
Vous n’avez peut-être pas lu jusqu’au bout, vous ne vous sentez peut-être pas concerné… Mais regardez autour de le vous, dans votre monde parfait, la tâche noire ce n’est pas cette personne que vous dénigrez, mais le reflet de votre cruauté. Il faut se juger soi-même avant de juger les autres.
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