Pyramide V Ivresse
Je n’étais plus alors que cette ombre ténue.
Dans la nuit sans étoile, un lampyre est soleil :
Nous y trouvons refuge, une attente ingénue,
Mais ce n’est plus qu’un ver à l’heure du réveil.
J’avais froid, j’avais peur, j’avais envie de geindre,
Ainsi quand tu m’aidas à passer le ravin,
Je vis à l’horizon cette lumière poindre :
La lueur du titan qui me guidait en vain.
Je sortis de torpeur, de raisons aveuglantes
Mais restais sur la plage alors que tu partais.
De mes cris effarés à mes chairs indolentes,
Je rêvais de chimère et de faucon maltais.
Je bondissais sans cesse et roulais dans l’écume,
Je nageais sur la vague où je coulais jadis,
Je volais sur le flot comme vole une plume
Et plongeais dans l’abîme à chercher Atlantis.
Mais grisé par le sel et l’espoir indicible
De retrouver un jour un peu de liberté,
Je croyais que mon corps devenait invincible
Alors que mon esprit s’était juste emporté.
Dès lors je me souvins de ton frêle navire
Dont j’avais repéré l’infime lampion
Et cessait mon ivresse avant que je chavire.
Je m’approchai du feu pareil au papillon.
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