Avant de se croire libre, malgré l'enfermement, et avant de sombrer dans la folie furieuse de la liberté comme seul et unique bannière, volonté, poursuite et absolu, Pierre Neuville avait été un écrivain somme toute... plutôt normal et discret.

Au fur et à mesure du temps, l’expérience de la vie, la compréhension des choses et sa vision du monde l’amenant à voir la portée des codes, des lois et des principes sur le monde et la société, et l’impact que cela avait sur lui, Pierre Neuville s’émancipa. Il refusa d'entrer dans le carcan moral et social. Il s’écarta de toutes formes de réglementations pour finir par s'exclure totalement du sérail littéraire.

L’homme affranchi jusqu’à l’excellence, jusqu’au-boutisme, décidé jusqu’à la mort même, par idéologie, par revendication comme un acte politique, de ne plus se laisser diriger, influencer ou conditionner par quiconque, s’écarta de la vague progressiste, de l’engouement du siècle, de l'intellectualisme moderne, des éditeurs en place et de la pensée commune.

Rapidement, dans cette volonté de demeurer libre et dégagé des autres et de la bienséance, il fit un pacte avec lui-même. Il se jura de garder intactes et véritables ses créations, quitte à y laisser sa vie, tous ses biens et son honneur. Quoi qu’il lui en coûte, il défendrait cette cause devenue sienne à part entière. Il tiendrait ferme et ne permettrait à personne de le bâillonner ou de le forcer à se mouler à la doctrine générale et à rentrer dans le rang. Ni la prison, ni la censure, ni l’isolement, ni les menaces n’auraient raison de sa créativité et n'empêcheraient Pierre Neuville de s'exprimer librement.

Pour lui, la liberté physique n’était rien en comparaison de la liberté intellectuelle au pays des droits de l’homme. 

à suivre...