Chapitre 9 - Fantômes du Passé (1/3)

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Denita avait attendu que le vaisseau se stabilise pour commencer à bouger. Elle ignorait sa destination mais peu importait, tout ce qu'elle voulait, c'était réussir à capturer l'aristocrate pour le faire payer.

La Swatrozi s'était dissimulée dans un coin d'ombre de la cage d'escaliers de la navette. Elle observait les allers et venus des membres de l'équipage. Ces derniers n'avaient pas l'air très nombreux, aussi s'estima-t-elle chanceuse. Elle prenait bien le temps d'analyser ceux qui passaient afin de déceler les membres qui portaient une arme. L'un d'entre eux passait relativement fréquemment. La victime idéale, se dit le Swatrozi.

Elle attendit le retour de l'Humain qu'elle comptait attaquer. Ce dernier passait à l'étage en dessous, elle se prépara à lui sauter dessus.

Au moment où une brèche s'ouvrit, elle saisit l'occasion et se laissa tomber sur l'homme. Celui-ci fut déséquilibré et tomba à la renverse. Il tenta de se relever mais la Swatrozi fut plus rapide et lui asséna un violent coup de pied au visage. L'homme grogna, portant la main sur son nez ensanglanté. Il se colla contre le mur puis roula sur le sol afin d'éviter un coup de poing de la Swatrozi. Il put enfin se lever et saisit son arme, mais Denita fit voler cette dernière d'un coup de talon.

Le combat s'ensuivit à mains nues. Personne ne passa par là et l'Humain fut rapidement dépassé par les capacités physiques supérieures de la Swatrozi qui semblait ne pas se fatiguer. Elle asséna un dernier coup de pied sur la tempe de l'homme qui s'écroula. Denita vérifia qu'il était bien mort puis le déplaça dans son ancienne cachette. Elle ramassa ensuite l'arme qui avait volé sur l'une des marches et commença son infiltration en étant la plus discrète possible.

Elle se doutait que le poste de pilotage serait sûrement placé au deuxième étage, c'est pourquoi elle commença ses recherches au premier. Elle poussa doucement la porte la plus proche d'elle.

Celle-ci menait vers les cuisines, vides, du vaisseau. Cependant une forte odeur d'épices indiqua à la Swatrozi qu'on venait d'y préparer quelques plats. De la vaisselle sale baignant encore dans l'évier vînt confirmer la supposition de la jeune femme. Une autre porte se trouvait au de bout de la cuisine et la Swatrozi s'y engouffra discrètement.

Cette nouvelle pièce était plus sombre que les cuisines et semblait être une partie des dortoirs de l'équipage. Six lits étaient superposés en deux rangées symétriques et une petite porte entrouverte au bout sur la salle de bain privée des membres.

Elle voulut retourner sur ses pas lorsqu'elle entendit des bruits ainsi que des éclats de voix en provenance des cuisines. Elle hésita un instant puis se cacha dans la salle de bain. La jeune femme se dissimula derrière la porte. Cette dernière ne bénéficiant malheureusement pas de verrou, elle ne put s'enfermer de l'intérieur.

Les voix se firent plus fortes. Deux femmes discutaient entre elles. L'une d'elles ouvrit la porte du dortoir.

— …. Même pas un coup d’oeil, termina-t-elle.

Denita pouvait dès à présent entendre distinctement leur conversation. Grâce à leurs voix, la Swatrozi pouvait en déduire que les deux membres étaient assez jeunes, dans la vingtaine.

— Non mais laisse tomber, répondit la seconde femme sans que Denita ne comprenne le sujet de la conversation, il n'a d'yeux que pour la nouvelle-là. C'est une Taeil aussi, alors forcément, ça lui fait de l'effet.

La Swatrozi comprit rapidement que ces deux jeunes femmes devait parler de l'esclavagiste Taeil qu'elle recherchait. Ces femmes étaient d'ailleurs probablement des esclaves elles-même.

Elle en était même sûr.

— D'ailleurs, reprit la première femme, tu sais où ils nous emmènent ?

— Aucune idée, il nous a interdit de nous approcher du poste de pilotage.

— Il est bizarre ce maître-là, j'en viendrais presque à regretter Sylfan. Lui au moins savait reconnaître les belles courbes d'une vraie femme.

Les deux jeunes filles éclatèrent de rire, pas Denita. Elle ne comprenait pas comment des femmes pouvaient avoir aussi peu d'estime de soi, allant jusqu'à considérer son corps comme un objet sexuel afin de se donner en pâtures à de gros aristocrates.

— J'espère au moins qu'il fera beau sur la prochaine planète, s'exclama la deuxième femme, au moins du soleil comme sur Mosmo Era.

— T'as trop raison, dit la première, bon, je vais me refaire une beauté.

Denita entendit des bruits de pas puis sentit la jeune femme approcher. Son parfum infecte piqua les yeux de la Swatrozi. Cette dernière vit la poignée se tourner puis la porte s’entrouvrir. Elle n'avait pas imaginé devoir tuer des esclaves mais déballa tout de même son arme chargée.

Denita vit l'avant-bras d'une Humaine apparaître derrière la porte, puis la voix de la seconde retentit.

— Pas besoin ! T'es très belle comme ça, viens on va au salon voir des hommes.

La Swatrozi vit le bras se figer. Si elle avait été Humaine, elle aurait pu sentir des gouttes de sueur lui couler sur la tempe. Son coeur battait à toute vitesse. Après un moment de silence, la première jeune femme s'exclama.

— Bonne idée ! Allons draguer un peu !

Elle referma la salle de bain et Denita les entendit quitter le dortoir. Peu à peu, leurs voix s'étouffèrent. La Swatrozi souffla de soulagement et se détendit enfin.

Elle sortit de la salle de bain et, en vérifiant plusieurs fois que la voie était libre, revînt à son point de départ. Le dortoir qu'elle venait de visiter était donc celui des filles. Denita traversa la passerelle où se trouvait les escaliers et continua ses recherches de l'autre côté.

Elle ouvrit une nouvelle porte qui déboucha sur un grand dressing, vraisemblablement destiné aux membres de l'équipage car toutes les tenues étaient similaires. Denita s'infiltra discrètement. Elle entendit un sifflement mélodieux. Une Humaine d'un âge moyen, en tenue de soubrette, pliait soigneusement les tenues avant de les ranger dans un ordre précis de taille sur les immenses étagères prévues à cet effet. L'employée sifflotait joyeusement tout en répétant machinalement ses pliages comme si elle avait toujours fait cela.

Denita se cacha derrière l'une des étagères et avança le plus discrètement possible en direction de la porte qui se trouvait au bout de la salle. La Swatrozi se trouvait dans le dos de l'Humaine et essayait d'attirer le moins possible son attention.

Cependant, l'employée fit malencontreusement tomber un uniforme par terre et se retourna pour le ramasser. Denita se mit alors dans le coin le plus sombre de la pièce et arrêta sa respiration. Le sifflotement s'était arrêté. La femme leva les yeux et Denita crut être repérée.

Mais, après un silence, l'Humaine se redressa et se remit à plier en sifflotant. La Swatrozi souffla et termina les derniers mètres qui la séparait de la porte. Elle l'ouvrit et atterrit dans un second dortoir. Celui-ci ressemblait en tout points au précédant d'où elle venait, exceptée la forte odeur de pied et de semence trahissant son utilisation : C'était le dortoir des hommes.

N'y trouvant rien de particulier, elle revint sur ses pas, évita à nouveau de se faire repérer par l'employée puis retourna sur la passerelle.

Le premier étage ne recelait donc rien de bien intéressant et ne servait que de lieu de vie aux membres de l'équipage. Le second étage allait sûrement être plus riche en informations, mais également plus difficile d'accès. Car comme personne ne se trouvait au premier, l'équipage se trouvait forcément au deuxième.

Denita monta les marches une part une en prenant bien soin d'observer l'étage au dessus. Elle guettait le moindre mouvement, même si cela n'était que par pure précaution. L'équipage avait l'air de n'utiliser que les ascenseurs présents dans la navette, car lors de sa cachette entre les deux étages, elle n'avait croisé aucun membre. Personne n'empruntait les escaliers.

Mais qu'importe, elle aimait éviter les risques inutiles. La Swatrozi finit par atteindre la passerelle du deuxième étage et se figea une instant pour écouter les bruits aux alentours.

A l'instar du premier étage, la passerelle faisait rejoindre deux portes qui menaient aux différents côtés de la navette. Les deux semblaient dégager des atmosphères chaleureuses. Denita entendait des rires à sa gauche et de la musique à sa droite. Il lui fallu faire un choix et elle commença par la droite.

Denita ouvrit timidement la porte et tomba dans un salon immense où tout l'équipage faisait la fête et buvait à leur santé. La plupart bavardait joyeusement autour d'une coupe et certains se déhanchaient au centre de la piste sur une musique un peu disco.

La Swatrozi s'était peut être trompé à leurs sujets. Ils ne semblaient pas être des esclaves du Taeil. Ou, si c'était tout de même le cas, leur situation aurait été enviable par beaucoup sur Mosmo Era.

Les employés était tellement occuper à boire et à s'amuser que personne ne remarqua la présence de la Swatrozi, pourtant habillée comme une marchande. La jeune femme se baladait tranquillement parmi la foule. A l'évidence, bon nombre d'entre eux étaient déjà bien, alcoolisés.

Un Taeil puant l'alcool vînt l'aborder alors qu'elle essayait de se faufiler vers le fond de la pièce.

— Bonjour, mademoiselle, hip, je vous sers un verre ?

— Non, merci, répondit calmement la Swatrozi.

La réponse n'était vraisemblablement pas du goût du Taeil qui attrapa violemment Denita par le bras, chose qu'elle détestait. Elle se dégagea rapidement et continua sa route, mais le Taeil était tenace. Il la prit par les épaules, tout en lui déclamant des poèmes d'amour contenant des noms d'oiseaux, et tenta de l'embrasser dans le cou. Sans hésitation, Denita évita le baiser et envoya le front du Taeil dans un coin du bar. Le malheureux s'effondra, inconscient.

Personne ne prêta attention à la scène qui venait de se produire et l'équipage continua de profiter de la soirée comme si rien ne s'était passé. Denita se dirigea vers une porte gardée par un grand Taeil et soupçonna que des gens importants se trouvaient à l' intérieur. Elle fut stoppée par le garde.

— Je suis navrée mademoiselle, c'est la chambre du maître ici, je ne peux pas vous laisser entrer.

Bingo, se dit-elle avant de prendre une voix mielleuse pour dire.

— Le maître m'a demandé de venir. Il souhaite profiter de mes... Services.

Elle avait terminé cette phrase en se mordant la lèvre inférieure, chose qu'elle détestait voir en temps normal, mais elle y était contrainte pour le bien de sa mission. Le garde ne sembla pas entièrement convaincu, c'est pourquoi elle détacha sa tenue et l'ouvrit, dévoilant ainsi au Taeil son corps nu.

Ce dernier eut probablement une réaction hormonale qui le déstabilisa, faisant tomber ses lunettes noires. Il afficha un regard surpris et desserra légèrement sa cravate. Dérouté, il se contraint à ouvrir la porte de la chambre après que Denita ait refermé sa tenue.

La Swatrozi pénétra dans la chambre et tomba sur le lit de l'esclavagiste Taeil, en compagnie d'une fille Taeil dans ses bras. En les voyant, Denita se dit qu'elle trouvait définitivement cette espèce immonde, et encore plus nue.

Une chance pour elle, le garde avait été trop maladroit et avait oublié de vérifier ses poches.

Le Taeil et sa compagne sursautèrent en voyant Denita.

— Que... Qu'est-ce que vous faîtes là ? Qui êtes vous ?

La voix de l'esclavagiste était tremblante, comme si il connaissait déjà la réponse.

— Ton pire cauchemar, répondit Denita d'une voix rauque.

Cette dernière dégaina et pointa son arme sur le Taeil. La jeune fille à côté de lui se mit à hurler et Denita la fit rapidement taire d'une balle dans la tête. Elle rechargea et visa de nouveau entre les deux yeux de l'esclavagiste qui commençait à transpirer à grosses gouttes. Ses longues moustaches reluisaient de sueur.

Le Taeil s'agita et mit les mains devant son visage en s'exclamant.

— Attendez ! Que voulez-vous ? De l'argent ?

La Swatrozi ricana sans abaisser son arme.

— L'argent ne pourrait pas acheter ce que je recherche.

— Que recherchez-vous ?

— Réfléchissez un peu. Obissar, cela ne vous rappelle rien ?

Le Taeil écarquilla les yeux et ses grosses lèvres s'écartèrent lorsqu'il dévisagea la jeune femme.

— Cette planète de Swatrozis ? Mais c'était il y a des années. Je ne me souviens pas de toutes les planètes que je visite.

— Pas de chance pour vous alors, dit Denita sur un ton ferme, votre mémoire ne vous aura pas sauvé.

La Swatrozi allait appuyer sur la gachette lorsqu'elle reçut un violent coup sur la nuque. Elle tira tout de même mais la balle ricocha et se logea dans l'un des murs de la chambre. La jeune femme s'écroula, désorientée. Elle tenta de se relever mais vit dans son dos le garde qui l'avait laissée passer quelques minutes plus tôt.

La Swatrozi s'agrippa à la jambe du Taeil mais ce dernier l'évita avant de lui asséner un coup de pied au visage. Celle-ci vit la pièce s'assombrir. L'arme glissa de ses doigts. Denita se retrouva sur le dos et, après quelques secondes de lutte, perdit connaissance. Le rire démoniaque de l'esclavagiste résonnait dans sa tête.

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