Chapitre 10 - Parfum de Trahison (2/2)

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Shenin s'affala sur son sofa en attendant son prochain client. Un Karin requiérait les services de ses Ombres Pourpres pour chasser une tête : Celle de Palason, le patron du géant pharmaceutique Physion. Ce dernier, sous la demande du gouvernement, avait arrêté la production d'un vaccin important qui protégeait les nourrissons d'une maladie que le Conseil avait jugé comme complètement éradiquée.

Mais le virus s'était de nouveau répandu et avait touché des millions d'enfants. Le Conseil n'avait toutefois pas accepté de revenir sur sa décision.

Le Karin venait donc demander l'élimination du patron afin de reprendre les reines de l'entreprise afin de remettre secrètement en circulation le vaccin, quitte à défier les régulations du Conseil.

Shenin avait écouté la déclaration de son client, et posa une question par simple curiosité.

— Avez-vous demandé de l'aide à d'autres gangs ?

— Non, monsieur, répondit fermement le Karin.

Le Zantry réfléchit un moment. Cette mission ne présentait pas de grosses difficultés. Les Ompres Pourpres avait l'habitude de faire les chasseurs de tête.

Il s'apprêtait à répondre lorsque l'un des mercenaires lui toucha l'épaule pour attirer son attention. L'Ombre chuchota à l'oreille du capitaine et ce dernier écarquilla les yeux. Il s'excusa auprès du Karin et se leva rapidement. Il suivit le Taeil qui venait de lui parler et entra dans la salle où se trouvait ses chercheurs. Le Zantry passa par une porte secrète dissimulée derrière un rideau couleur ébène et déboucha sur une toute petite pièce entièrement sombre muni d'un seul ordinateur.

Shenin venait très rarement dans cette salle car cette personne le contactait assez peu. Seul un état d'urgence le ramenait à la vie. L'écran s'alluma et la silhouette de son interlocuteur apparut.

Ce dernier indiqua les informations à mettre en place et Shenin fut quelque peu surpris. Il acquiesça tout de même d'un « Oui, chef. » et la connexion se coupa. Il retourna dans la salle précédente et appela le Taeil qui l'avait mis au courant du message. Le capitaine murmura à l'oreille du mercenaire.

— Prends des hommes et partez pour Ildaryn. Abattez-les.

Le Taeil eut un sourire sardonique et s'inclina. Shenin, quant à lui, retourna à son entretien afin de retrouver son client Karin. Il lui empoigna fermement la main avant de déclarer.

— Ravi de faire affaire avec vous, monsieur.

Le Karin eut un grand sourire, visiblement soulagé que les Ombres Pourpres aient accepté sa demande. Il se leva timidement, s'inclinant plusieurs fois devant le Zantry avant de rejoindre la foule près du bar.

Le capitaine des Ombres Pourpres eut un sourire. C'était probablement l'un des derniers contrats qu'il signait. L'orientation des Ombres Pourpres allait désormais profondément changer.

— Êtes-vous vraiment sûr de votre choix ?

Le Parfumeur était resté un long moment debout, raide comme un piquet, à méditer sur sa décision. Mais celle-ci était prise. Il ne savait pas encore les risques qu'elle allait encourir mais il était près à les prendre si les résultats qu'il espérait s'avéraient probants.

Après sa réponse, un concert de clapissements et de grognements, émis par les nombreuses créatures, retentit dans l'obscurité.

— J'en suis sûr, affirma-t-il avec fermeté.

Il entendit la voix ricaner une énième fois.

— Très bien, si c'est votre dernier mot. Bienvenue dans la famille.

Le Parfumeur sourit. Il avait choisi la collaboration. Mais avant toute chose, il voulait mettre au clair un dernier point.

— En échange de ma loyauté, dit-il, je veux avoir votre parole que vous mettrez à ma disposition tout ce que vous avez énumérez plus tôt.

— Bien entendu, répondit la voix, ce sera chose faite.

— Dans ce cas, termina l'Humain, l'accord est passé.

Si son collaborateur respectait ses engagements, le jeune homme ne voyait aucune raison de le trahir. Les deux partis seraient donc tous deux gagnants.

Il espérait terminer la négociation sur une poignée de main, ou bien la signature d'un contrat, comme il était habituel de le faire.

Mais rien de tout cela, le Parfumeur attendait vainement. Toutefois, il y eut du mouvement dans la pénombre et une silhouette gigantesque approcha. L'Humain n'avait jamais rien vu d'une telle taille. La silhouette mesurait plusieurs mètres de hauteur et était aussi grande que large.

Le grincement que le Parfumeur avait entendu le laissa deviner que la silhouette était restée assise sur une quelque chose pendant tout ce temps. La voix résonna de nouveau et l'Humain comprit que cette voix venait de cette même silhouette face à lui.

— Quel est ton nom ? Demanda-t-elle.

— On m'appelle le Parfumeur, répondit le jeune homme.

Il avait choisi de garder ce surnom fait par les habitants de Mosmo Era car il le représentait parfaitement : Il maniait les parfums. La voix sembla satisfaite de ce nom.

— Très bien, Parfumeur, maintenant tu seras sous mes ordres. Tu iras où je te dirais d'aller et tu rempliras les missions que je te confierais.

— Bien, chef, s'exclama l'Humain.

Des crocs éclatants se dessinèrent dans les ténèbres et le Parfumeur y devina un sourire. Puis la silhouette retourna dans l'ombre un instant avant d'allumer ce qui semblait être un dispositif de communication. Un écran bleu apparut, puis le visage d'un Zantry se dessina. Ce dernier avait l'air étonné d'un tel appel.

Le Parfumeur n'entendait pas sa voix, mais il saisit distinctement la réponse de la silhouette.

— Shenin, dit-elle, passons au plan B.

Le Zantry acquiesça et la silhouette éteignit le dispositif. La voix s'approcha ensuite du Parfumeur et la faible lueur vacillante de la torche accrochée au mur dessina un visage cauchemardesque. Une tête difforme et répugnante muni de deux yeux laiteux, d'une fente nasale béante et d'une énorme bouche dévoilant une dentition aiguisée.

L'interlocuteur du jeune Humain se trouvait maintenant face à lui, et mesurait au moins quatre fois la taille de l'homme. La silhouette regarda le Parfumeur comme s'il s'agissait d'une vulgaire fourmi, puis lui tendit une main démesurée, couverte de pustules.

La bouche s'ouvrit, et la voix que le Parfumeur avait entendu depuis le début résonna une dernière fois, faisant trembler tout le corps de l'Humain sous les mots.

— Bienvenue chez les Ombres Pourpres.

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