Chapitre 11 - À couvert et découverts (2/3)

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Ildaryn était une petite planète tropicale, couverte de forêts et d’océans. Mais ce que Mark redoutait le plus, c’était la présence de Kasulas. Ces créatures immondes aimaient s’étaler sur des environnements comme celui-ci, assassinant la population locale et s’appropriant leur terre. Leur présence avait été soupconnée par les autochtones, et un négociant en plantes médicinales, qui faisaient la richesse d’Ildaryn, avait fait appel à la Compagnie de l’Azur afin de discrètement faire des recherches dans les environs des villes et d’abattre à vue le moindre Kasula que les mercenaires pouvaient éventuellement croiser.

Une première pour le gang qui avait plutôt l’habitude de faire dans la contrebande, mais Mark en était assez satisfait. Il préférait ce genre de mission à l’escorte banale de cargaisons insignifiantes.

Ce contrat était un véritable challenge pour le mercenaire, qui s'était fait accompagné de quelques hommes triés sur le volet, car elle nécessitait une discrétion hors-pair. La mission étant secrète, la Compagnie ne devait se faire repérer ni par la police d'Ildaryn, qui considérait les mercenaires comme des criminels adeptes du marché noir, ni par les potentiels Kasulas qui pouvaient se cacher sur la petite planète.

Le commando termina de passer au peigne fin la zone autour de la ville, sans succès. L'agglomération était principalement occupée ar des bidonvilles habités par les cueilleurs de plantes, payés à coup de lance-pierre. Mark n'avait pu récolter aucune information intéressante dans ces quartiers. Il retourna à la maison du négociant pour y faire son compte-rendu, mais ce dernier le renvoya fermement.

— Allez voir dans la forêt et revenez lorsque vous aurez des réponses !

Mark n'apprécia pas tellement le ton employé par l'homme mais son avis n'était pas demandé. Il donna l'ordre à ses hommes de le rejoindre et le groupe partit en direction de la forêt la plus proche, haute et dense, armes à la main et sacs sur le dos. La région était connue pour être humide et les mercenaires arrivaient en pleine saison des moussons. Les feuilles des arbres étaient donc trempées et le sol était devenu complètement boueux. Celle-ci s'accrochait aux bottes de l'Humain qui peinait à avancer.

— La mission ne vas pas être de tout repos, dit Mark.

Ils n'avaient aucun indice pour savoir où chercher, si tant est qu'il y avait effectivement quelque à chercher. Fort heureusement, la planète n'était pas bien grande et ils bénéficiaient d'un vaisseau pour se déplacer entre les régions. Mais tout de même, cela risquait de leur prendre plusieurs semaines avant de trouver quoi que ce soit.

— Surtout, n'oubliez pas de lever la tête, cria Mark à ses hommes.

Les Kasulas avaient l'habitude d'élire domicile dans les arbres lorsqu'ils vivaient en forêt, afin de préserver une certaine tranquillité. Ce n'était pas la première mission de Mark avec des Kasulas et l'homme détestait voir ces créatures. Les autres espèces possédaient de la compassion et une certaine empathie,. Pas eux. Pour l'Humain, ce n'était que des monstres assoiffés de sang, détestant tout et tout le monde et semant la terreur sur le passage.

Le groupe s'enfonça de plus en plus dans la forêt. Les bruits de la ville s'étouffèrent progressivement avec les arbres et le silence naturel prit place. Ce silence ponctué de sons d'insectes, de chants d'oiseaux et du bruissement des feuilles sous le vent. Des branches mortes craquaient sous les pieds du capitaine de la Compagnie de l'Azur, peu rassuré par la situation mais qui rassemblait son courage pour mener ses hommes.

Toute sortes d'animaux dangereux habitaient cette forêt, et tomber sur un serpent venimeux ou un Grourse adulte était peut être plus malchanceux que de trouver les Kasulas, selon Mark.

L'Humain restait attentif à tous les sons environnementaux et regardait partout autour de lui. Il jetait également des coups d’oeil par dessous son épaule régulièrement afin de vérifier que tout le monde suivait toujours et ne se perdait pas. Car il allait sans dire que perdre son chemin dans une forêt comme celle-ci équivalait à une mort certaine.

Mark était donc constamment sur ses gardes et son coeur tambourinait dans sa poitrine. Le moindre son suspect lui faisait faire un virage à cent quatre-vingt degrés en sursautant.

Un énorme papillon aux couleurs chatoyantes se posa devant Mark et celui-ci fit signe à ses hommes de s'arrêter net. L'Humain avait entendu un cliquetis derrière les fourrés et posa l'index sur la boucher pour indiquer le silence. Il s'accroupit et tout le monde l'imita.

Le silence pesa quelques secondes, puis un coup de feu retentit soudainement, abattant l'un des mercenaires de la Compagnie de l'Azur. L'homme s'effondra derrière Mark.

Dans la seconde qui suivit l'action, une demi-douzaine de Kasulas déboula sur le groupe, noyant les hommes sous une pluie de tir. Mark roula sur le côté et se cacha derrière un buisson. Deux autres mercenaires tombèrent sous l'embuscade. L'Humain abattit deux Kasulas avec son fusil mitrailleur avant de changer de cachette en quelques enjambées. Les tirs volaient dans tous les sens.

Un Kasula arriva par surprise dans le dos de l'Humain et, le temps que Mark se retourne, bondit sur lui avant de le déséquilibrer. Son fusil échappa des mains sur mercenaire avant de heurter un rocher. Le Kasula tenta de bloquer les mouvements de l'Humain et approcha dangereusement ses crocs. Ses énormes yeux blanchâtres semblaient scruter l'âme de l'homme.

La force de la créature avait été sous estimée par Mark. Malgré l’entraînement militaire de ce dernier, il était incapable de s'en sortir. L'Humain avait beau se démener, la créature lui avait bloqué les poignets contre sa poitrine et ses pattes arrières compressaient les rotules de l'homme.

Le Kasula ouvrit la bouche et sa langue, fine comme un serpent, chatouilla la joue de l'Humain. L'haleine fétide de la créature empêchait l'homme de reprendre pleinement sa respiration pour réguler le battement de son coeur.

L'oreille de Mark allait être croquée lorsqu'un mercenaire asséna un tir dans la tête du Kasula. Ce dernier hurla dans l'oreille du capitaine de la Capitaine de l'Azur qui resta sourd quelques secondes. Mark reçut du sang mauve en plein visage et put enfin se dégager. Il donna un coup de coude dans la tempe de la créature qui s'effondra sur le côté, morte.

L'Humain eut le temps de saisir le pistolet mitrailleur du Kasula et se releva pour repartir dans la bataille.

Seuls deux Kasulas étaient encore en vie mais ceux-ci furent rapidement abattus par les mercenaires. Ces derniers purent enfin respirer. De l'équipe qu'avait emmené Mark, seuls trois mercenaires avaient survécu à l'embuscade des Kasulas.

— La traque fut plus rapide que prévu, dit l'un des hommes.

— Rien n'est encore fini, s'exclama Mark, il nous faut encore voir où ils sont localisés. Savoir si il y en a d'autres, et combien.

Ses hommes acquiescèrent et la chasse reprit. Mark déposa une balise équipée d'un GPS pour récupérer les données de la zone.

Le groupe continua son chemin et s'enfonça un peu plus profondément dans la forêt. Après cette attaque surprise, Mark redoubla de vigilance et resta à l’affût. L'Humain avait mal évalué la force de l'ennemi. Sept cadavres de Kasulas étaient dispersés parmi les feuilles mortes et les corps des mercenaires de la Compagnie de l'Azur. Sept, c'était peu pour une planète, il n'y en avait forcément d'autre.

Mark relevait régulièrement la tête, mais la végétation dense empêchait de détecter d'éventuels construction dans les arbres. L'Humain avait récupéré l'un des fusils de ses hommes décédés car le sien s'était explosé contre un rocher suite à l'attaque du Kasula. Il avait également rangé le pistolet du Kasula dans un étuit accroché à sa cuisse, au cas où une situation similaire à celle-ci survenait de nouveau. Il fallait préparer le pire et espérer le meilleur, comme le disait l'adage.

Cela faisait plusieurs heures que le commando effectuait ses recherches et le soleil commençait à descendre.

C'était mauvais signe pour eux, selon Mark. Il aurait été préférable qu'ils terminent leur mission avant la tombée de la nuit, car, dès lors, ils deviendrait des proies idéales pour tous les prédateurs qui rôdent dans la forêt, Kasulas compris.

Plus ils avançaient, moins la lumière réussissaient à passer. Se repérer devenait donc un véritable problème.

— Nous devrions nous arrêter pour la nuit, proposa l'un des hommes, un Taeil du nom de Troeson.

— Avec tout ce qui rode ? S'exclama un Humain, hors de question !

— Troeson a raison, dit Mark, ne pas se reposer nous emmènerait directement vers la mort si nous recroisons la route de ces Kasulas.

Se pliant à la volonté du chef, les trois mercenaires restants ne discutèrent pas longtemps et posèrent leurs affaires.

— Pas si vite, déclara Mark, on va d'abord se diviser par groupe de deux pour aller chercher du bois.

— Personne n'a de LightBall ? S'affola le même Humain.

Le silence qui suivit sa question lui servit de réponse, aussi chacun reprit son sac. Mark prit le jeune homme affolé sous son aile. A l'évidence, ce dernier en était à ses premières missions.

Les deux autres mercenaires étaient assez expérimentés pour ne pas courir de danger. Mark donna une petite boule à chacun de ses hommes.

— Jetez-les en cas d'embuscade de Kasulas. Elles effectueront une détonation qui préviendront les autres.

— C'est genre l'alternative à l'absence de ComDev, blagua Troeson.

— T'as tout compris, confirma Mark. Restez bien sur vos gardes. Ne vous laissez pas surprendre.

Le Taeil acquiesça et s'enfonça dans la forêt avec son binôme. Mark resta donc avec l'Humain restant, dont les jambes tremblaient légèrement.

Lorsque le capitaine de la Compagnie de l'Azur avait sélectionné ses hommes pour partir en mission sur Ildaryn, il avait tenu à prendre au moins un jeune comme celui-ci, inexpérimentés mais bourrés de potentiel. A l'heure actuelle, ce mercenaire n'avait sûrement connu que des missions d'escortes, souvent données aux jeunes recrues. La tâche humide sur son pantalon trahissait son manque de confiance. Mais il remercierait son capitaine plus tard, car un challenge tel que celui-ci forge la jeunesse.

Mark se souvenait encore de ses premières missions. A l'époque, les gangs proéminents de maintenant, les Ombres Pourpres ou encore la Compagnie de l'Azur, existaient déjà mais ne recrutaient qu'à la fin de tests rigoureux et ne prenaient que les meilleurs.

L'Humain avait donc démarré sa carrière dans un petit gang aux côtés d'un jeune Zantry nommé Shenin. Leur duo affichait les meilleures performances. Ensemble, ils étaient capables de tout.

Mais un désaccord sur une mission les sépara. Shenin changea progressivement de personnalité, la gloire lui montant à la tête. Il devint cupide et intégra les Ombres Pourpres, son rêve de toujours.

Cette mission marqua la fin de leur duo, Mark ne pouvant plus compter sur son acolyte. Il intégra peu de temps après la Compagnie de l'Azur et coupa les ponts avec le Zantry, qui commençait à développer une réputation douteuse.

Il ne l'avait revu que récemment car il avait besoin que les Ombres Pourpres l'accompagnent sur une de ses missions. A sa grande surprise, le Zantry avait accepté la proposition, que l'Humain avait exprès rendu alléchante, et était resté loyal à ses dires. Cette collaboration d'un soir avait ravivé de bons souvenirs d'un temps perdu à l'Humain.

Mais Mark avait reçu des informations compromettantes de la part de ses pairs. Selon la rumeur, les Ombres Pourpres auraient soudainement arrêté de prendre des contrats, tout en rapidement terminant ceux déjà en cours. Leurs mercenaires étaient maintenant presque introuvables et chargés de missions dites « secrètes ». Beaucoup d'entre eux avaient été également retrouvés morts de façon mystérieuses, et seule une poignée de membres étaient restés.

Ces soupçons ne relevaient d'aucune preuve concrète, aussi Mark émettait des doutes quant à la véracité des propos. Mais cela attirait tout de même sa curiosité. Quel était le rôle de son vieil ami dans toute cette histoire ?

Les gémissements réguliers du jeune mercenaire empêchait Mark de penser. Le jeune homme semblait effrayer par tout, et l'Humain se demanda comment il en était arrivé là, à s'engager sur un chemin criminel, où la faiblesse et le doute font défaut.

Mark ramassa tout ce qui pouvait servir et les tendait au mercenaire qui eut bientôt les bras remplis de morceaux de bois empilés. Le capitaine tourna vers sa droite et tomba sur une aire de la forêt un peu plus dégagée. Mais l'Humain comprit rapidement pourquoi.

Au dessus de sa tête se trouvait plusieurs passerelles en bois accrochées entre elles par des cordes. Sur ses passerelles, une vingtaine de Kasulas les avaient entendus arrivés et les fixaient à quelques mètres du sol. Mark eut très peu de temps pour réfléchir. Le jeune mercenaire prit peur et laissa tomber le bois par terre en hurlant. Il attrapa la boule donnée par Mark un peu plus tôt et la lança de toutes ses forces. La boule explosa avec le bruit d'une bombe et le jeune garçon détala. N'étant pas de nature suicidaire, Mark prit lui aussi ses jambes à son cou et le suivit, le dépassant même au bout de quelques mètres.

Ils couraient tous les deux dans une direction inconnue, mais cela importait peu. Mark entendit bientôt les branches se briser derrière lui, et des coups de feu venaient brûler la cime des arbres. L'Humain avait cherché les Kasulas toute la journée.

Il les avait trouvés.

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