Chapitre 16 - Confrontations (1/3)
— Toujours rien...
Mark était avachi sur le canapé de la suite et cherchait son ami sur la carte galactique intégrée à son ComDev, sans succès.
Dicey, Bergins et Shad, quant à eux, n’avaient d’autre choix que d’attendre qu’il retrouve les bonnes coordonnées, car ils n’auraient bientôt nulle part où aller.
Le membre du Conseil, Falinson, ami de Mark, était venu leur annoncer un peu plus tôt, juste après leur entrevue, que leurs preuves ne suffisaient pas et qu’il fallait continuer à chercher. Il précisa également qu’il ne pouvait pas se permettre de les loger dans cette suite, dont la note ne cessait d’augmenter, et laissa trois jours au groupe pour repartir. Passé ce délai, les mercenaires se retrouveraient à la rue.
Mark fut fou de rage en entendant cela et se mit à rechercher son ami perdue partout dans la galaxie, sans même prendre le temps de se reposer. Il n’avait toujours pas réussi, et deux jours s’étaient déjà écoulés.
Le pilote s’assit sur le canapé, près du capitaine de la Compagnie de l’Azur, dont les yeux rougissaient de jour en jour, mais qu’il gardait tout de même sans cesse rivés sur la galaxie miniature qui apparaissait en hologramme au dessus de son bras.
Mark faisait tourner les petites planètes sur elles-mêmes, restait sans bouger, à réfléchir un instant, les repoussait en faisant non de la tête, puis allait explorer un autre coin.
Une petite assiette, dans laquelle se trouvait un sandwich de pain rassis renfermant du thon à moitié mangé par les mouches qui voletaient autour telles des rapaces, était posée sur la table en face du canapé. Shad avait fait ce sandwich la veille pour Mark et l’avait déposé là mais, à l’évidence, ce dernier n’y avait pas touché.
— Tu ne veux pas manger quelque chose ? Dit timidement le pilote.
— Le temps presse, je dois me dépêcher, répondit Mark.
— Mais tu es épuisé, tu revois les mêmes planètes en boucle. Tu n’avanceras pas plus dans cet état.
Bergins apparut dans le salon. Le colosse venait de prendre une douche et portait une serviette autour du cou. Il n’avait qu’un pantalon et son torse affichait des muscles saillants et bien dessinés. Il s’immisça dans la conversation.
— Où as-tu vu ton ami pour la dernière fois ? Demanda le colosse.
— Shad m’a déjà posé la question, rétorqua Mark, nous nous sommes vus sur Kentoria un peu avant mon départ pour Ildaryn.
— Ce n’est pas durant cette période qu’a eu lieu la trahison des Ombres Pourpres ? nota Dicey.
— Si, précisa le capitaine, je me souviens qu’il était chargé d’une mission et qu’il devait aussi quitter la planète au plus vite.
— Quel genre de mission ? Demanda Bergins.
— Justement, s’exclama Mark en se prenant la tête entre les mains, c’est là tout le problème. J’étais occupé par ma propre mission et par le comportement suspect de Shenin à ce moment là. Du coup je ne me rappelle ni de la mission, ni de l’endroit où il est allé. Et son ComDev a été désactivé.
— Il doit sûrement avoir des ennuis, dit Dicey.
— C’est bien aussi pour ça que j’essaye de me dépêcher. S’il lui arrive quelque chose, nos chances de convaincre le Conseil seront réduites à néant. Et c’est justement le Néant qui vaincra.
Dicey comprenait un peu plus maintenant l’urgence de la situation et la détresse de son acolyte.
— Où est ce satané Zantry ?!
Shenin ne s’était pas levé du bon pied et il tenait à ce que tout le monde le sache. Surtout que ces chercheurs ne semblaient pas si pressés que cela, tout le contraire de leur chef. Le Zantry souhaitait rapidement retrouver sa cible d’une importance capitale.
Selon ses hommes, un mercenaire aurait échappé au démantèlement de Kentoria et emmené avec lui des informations sur les Éphémères. Si ces informations étaient révélées au Conseil, le plan de Shenin serait voué à l’échec, chose que le Zantry ne pouvait accepter. Il avait donc chargé une équipe de chercheurs de retrouver ce mercenaire, mais ce dernier, en prenant la poudre d’escampette, n’avait laissé aucune trace.
La voix ferme de Shenin avait fait trembler plus d’un chercheur, dont les yeux ne quittaient plus l’écran de l’ordinateur. Le Zantry effectuait des allers et retours entre les mercenaires et les observaient. À chacun de ses regards, ces derniers s’écrasaient sur leur chaise, dégoulinant de sueur et accélérant la cadence de frappe ou les mouvements sur l’écran tactile.
La salle était sombre et seuls les écrans bleutés diffusaient un peu de lumière. Les chercheurs avaient passé en revue la majorité de la galaxie mais le Zantry restait toujours introuvable et impossible à localiser.
Shenin mettait cela sur le compte de Mark. Le mercenaire en question et lui étaient amis, donc le capitaine de la Compagnie de l’Azur devait forcément avoir un lien avec cette histoire. Depuis son coup fourré en aidant les traîtres, Shenin ne portait plus Mark dans son coeur, loin de là.
Le Zantry fut sorti de ses pensées par le cri de victoire de l’un des chercheurs.
— Je l’ai trouvé ! S’exclama-t-il, levant les bras en l’air et hurlant de joie.
Shenin accourut et regarda les coordonnées de la planète sur l’écran. Il eut un léger ricanement.
— Excellent travail.
Le Zantry convoqua ensuite ses hommes et leur ordonna d’envoyer une équipe sur place avec une mission bien précise : Neutraliser la cible et ramener les données.
Les données défilaient sans cesse devant ses yeux et ces derniers commençaient à piquer de fatigue. Mais cela ne l’empêchait pas de continuer ses recherches. Il devait aller jusqu’au bout et percer le secret des Éphémères.
Shalloon bailla et s’étira. Le Zantry mordit ensuite dans son sandwich, dont l’intérieur commençait à moisir. Cela faisait plusieurs semaines qu’il était seul ici, mais il avait assez de provisions pour toute une année.
Car il s’était exilé sur cette petite planète afin de mener à bien ses recherches, et il ne la quitterait qu’après avoir terminé.
Shalloon était sur le point de briser l’un des secrets les mieux gardés de la galaxie : l’existence des Éphémères. Il avait compris que tous les récents événements n’étaient pas dû au hasard. On ne le dupait pas aussi facilement. Pour lui, c’était là l’oeuvre d’une réelle entité.
Le Zantry avait récolté secrètement un certain nombre d’informations et s'apprêtait à révéler toute la vérité. Certains avaient essayé de le faire taire, c’est pourquoi il était venu ici, seul et sans moyen de localisation. Personne ne le retrouverait sur cette planète.
Ou du moins c’est ce qu’il pensait. Ses oreilles captèrent un bruit sourd au loin, comme une espèce d’explosion. Il fut pris de panique. La porte de son bunker secret avait-elle été forcée ?
Il sentit du mouvement et de faibles éclats de voix. Le Zantry n’hésita pas une seule seconde. Il transféra toutes les données de ses recherches sur un petit appareil en forme de roche et les supprima de l’ordinateur.
Shalloon courut ensuite se cacher dans un coin sombre, loin des voix. Il se saisit ensuite d’un petit poignard rangé à sa cheville et s’entailla légèrement le mollet. Il y inséra le petit appareil et referma la plaie en prenant bien soin de ne laisser aucune trace de sang. Le Zantry enfila ensuite une longue blouse de scientifique afin de dissimuler ses jambes, tout en restant caché dans l’ombre.
Les voix se faisaient de plus en plus forte et les personnes auxquelles elles appartenaient étaient apparemment armées. De sa cachette, Shalloon pouvait voir la table avec son ordinateur. Il s’était mis en retrait derrière des étagères, accroupi. La blessure qu’il s’était lui-même infligé le lançait légèrement.
Les hommes finirent par trouver la salle et commencèrent à chercher partout. Une voix familière s’éleva.
— Regardez dans tous les recoins ! Si l’ordinateur est ici et encore chaud, alors il n’a pas pu aller bien loin.
Un Zantry venait de donner cet ordre, et Shalloon recula un peu plus, se collant contre le mur. Il espérait être invisible à leurs yeux, mais l’un des hommes s’approcha des étagères et commença à les pousser en regardant derrière.
Shalloon n’eut pas le temps de bouger que l’homme tomba nez à nez avec lui.
— Tiens, tiens, mais qui voilà, fit l’homme qui venait de le trouver.
Le Zantry se prit un violent coup de pied en plein visage, qu’il ne put esquiver, et perdit connaissance.
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