Retour à Vorn 7/7

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Ombre ne s’en inquiétait pas autant. Elle se sentait capable de déjouer ces humains. Ce qui l’inquiétait, c’étaient les mages. Elle posa quelques questions au sujet de dragoniens ayant subis une autre forme d’éducation que celle ayant cours en ce duché. Il lui fallut noyer et ranimer deux fois l’épouvantail, pour que le compagnon de ce dernier réponde correctement, horrifié par le sang-froid de la prédatrice, qui avait si bien caché son jeu.

- La duchesse nous les a présenté comme des alliés ! Ils… ils sont… fanatisés…

Il ne parvint pas à trouver d’autres mots. Clément insista :

- Comment cela, fanatisés ?

- On sent qu’ils mourraient pour la duchesse…. Ils ne défendent pas leur vie…

Ils ne purent rien savoir de plus, et Ombre dut quitter les lieux, au cas où quelqu’un la chercherait. D’un pas flânant, elle rejoignit les écuries, et assista les palefreniers. Elle devait reconnaître que les mercenaires présents s’y connaissaient en chevaux, et elle en profita pour observer le niveau équestre de ceux qui détendaient ou débourraient des destriers.

Les animaux venaient de croisements entre les chevaux aux longues et solides jambes de Xévastre, et les lourds animaux du centre du continent. De leurs parents nordiques ils conservaient l’allure générale et des robes variés, et leurs origines vorniennes se remarquaient à leur tête massive et leur avant-main développée par les travaux aux champs de leurs ancêtres. Elle les trouvait physiquement déséquilibrés. Leur croupe semblait faible, comparée aux épaules et à leur puissante encolure.

Elle se garda bien d’assister un homme qui s’efforçait de désensibiliser un jeune hongre au fracas de l’acier. Le cheval se dérobait lorsqu’il voyait le plastron sur lequel frappait un assistant. Elle se demanda si, plutôt d’insister ils ne feraient pas mieux d’amener un équidé plus expérimenté, qui montrerait l’exemple. Le troupeau, ou au moins un compagnon rassurait toujours les plus anxieux.

Le reste de la journée s’écoula, elle contribua à nourrir les bêtes, et malgré quelques tentatives ne put rien apprendre de plus. Son Seigneur ne la fit rappeler qu’à la tombée du soir, et lui laissa le temps de se sustenter avant de lui résumer maladroitement son interminable conversation avec la duchesse Isa, de remonter le fil de leurs divagations sans fin.

Clément les rejoignit dans la chambre des gardes rapprochés, et leur fit savoir que maître Xavier les faisait mander. Ils le rallièrent tous trois à ses appartements.

- Bonsoir, les salua l’aîné. Gérald, comment t’en es-tu sorti ?

- Pour le mieux, affirma ce dernier.

- Je le souhaite de tout cœur. Vous avez passé la journée ensemble, c’est bien cela ?

- En effet.

- Et tu n’as laisser filtrer aucune information compromettante ?

- Xavier, je ne suis plus aussi benêt qu’il y a quelques années !

L’héritier émit un grognement peu convaincu, et interrogea Ombre.

- Le temps de ma présence, mon seigneur m’a peut-être dévisagée pendant une durée suspecte. Pour le reste, il a respecté votre plan. Je puis m’en tenir garante jusqu’à mon départ.

- Donc pour le reste, il faudra attendre cette nuit ; conclut le maître.

Ombre acquiesça.

- Je m’adresse à vous tous ici présents ; poursuivit Xavier en dévisageant tour à tour son frère, Ombre, Clément et son second garde ; Avez-vous recueilli des informations sur les mercenaires et les dragoniens mages ?

Les deux gardes de l’héritier secouèrent la tête, et Clément demanda à Ombre de transmettre ses connaissances.

- Tout ce que je puis vous dire, est qu’ils sont aussi menaçants à cheval qu’à terre. Le jour où la duchesse leur en donne l’ordre, ils s’efforceront de nous noyer, mon seigneur et moi, à la mer. Sur la plage où la vie débuta. Je n’ai pas vu de chevaux autres que ceux de Vorn.

- Ce château compte plusieurs écuries, annonça Xavier.

- J’aurais apprécié être mise au courant plus tôt.

- Maintenant tu le sais. Autre chose ?

Elle donna les estimations de Clément, et la mise à mort des trois mercenaires. La dragonienne ne parla pas de la tentative de viol. Cela n’intéressait personne. Ces deux dernières pensées lui hérissèrent les écailles. Une fois son rapport achevé, elle attendit que quelqu’un d’autre prenne la suite. Mais nul ne savait rien de plus.

Xavier les congédias, et Ombre réintégra sa chambre. Elle ne tarda pas à retourner dans le passé, pour connaître les mercenaires engagés, ainsi que les termes de leurs contrats.

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