Echappatoire 2/6
On traîna Ombre hors de ce lieu sombre, et le mercenaire la ramena à Gérald. Ce dernier n’était pas dupe, et rongea son frein jusqu’à la fin de la journée. Bouillonnant, à peine ferma-t-il la porte de ses appartements, qu’il apostropha sa confidente :
- Qu’as-tu fait ?
- Mon devoir.
- Assassiner à la première occasion compte parmi tes devoirs ? Ne te moque pas de moi !
Ils se défièrent du regard. L’une calme. L’autre angoissé.
- Je sème le trouble parmi vos ennemis. Ces mercenaires sont des criminels, votre promise les sais susceptibles de s’entre-tuer, ou de tomber sous les coups de l’un de ses esclaves sexuels, si ce n’est se faire manipuler par ses mages d’emprunt.
Le voyant ouvrir la bouche, Ombre poursuivit en s’éloignant de la porte :
- Les mages qu’elle emploie ont été dressés chez l’un de ses alliés. Elle ne leur fait pas confiance, malgré leur dévotion. Je n’ai pas encore eu l’occasion de connaître les raisons de leurs dresseurs, ni de voir les limites de leurs capacités.
Gérald se tordait lentement les mains. La pression qu’exerçait sur lui Isa, le poids des mensonges et l’angoisse de se trahir, ou pire, de trahir Ombre commençaient à le submerger. Pour couronner le tout, il se demandait si sa camarade de toujours ne commençait pas à développer le goût du sang. Isa serait capable de la faire exécuter devant lui pour cela. Et puis… si sa dragonienne prenait goût au meurtre… jusqu’où pourrait la mener cette addiction ? Il revoyait Ces scènes de chasses où les dragoniens se roulaient dans les carcasses chaudes. Finirait-elle ainsi ? Par les Vents, cela ne devait pas advenir !
Il repensait aux quelques misérables jours écoulés. En combien, trois nuits ? Il s’était presque totalement trahi sur un coup de sang, Ombre avait conduit à la mort plusieurs hommes et au moins un dragonien. D’ailleurs…
- Qu’est devenu le mage qui en savait trop ? grogna-t-il brusquement.
- Il est mort.
- Comment le sais-tu ?
- En dormant, mon seigneur.
- Bien sûr…
Ombre attendit patiemment qu’il lui dise ce qui lui pesait. Mais cette fois il garda le silence. Clément frappa à la porte, et amena l’espionne faire son rapport à Xavier. Ce qu’elle fit, avant de le prévenir que Gérald craquait déjà.
- Bon sang, fais tout ce que tu peux pour qu’il tienne sept jours encore ; soupira l’hériter.
La dragonienne opina du chef. Elle ignorait comment s’y prendre, mais savait que leur survie en dépendait. Et Xavier ne semblait pas enclin à les assister.
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