Lors d'un apéritif dînatoire, un vieil homme moustachu discutait à voix basse avec une jeune femme vêtue d'une robe et de talons aiguilles. Avide, le regard du vieillard plongeait régulièrement dans le décolleté de la demoiselle. Cette jolie petite paire de seins l'excitait et sa langue se déliait.

— Vous voyez le type élégant avec une part de pizza à la main ?

— Oui !

— Peu de personnes sont au courant, mais c'est un enquêteur comme dans les films, il a frôlé la mort à plusieurs reprises et résolu un paquet d'affaires. En ce moment, il recherche l'homme à la hache, le tueur en série qui défraye la chronique.

Les yeux de la jeune femme étincelèrent, elle ne l'avait pas reconnu, cet enquêteur sera un trophée de plus dans son tableau de chasse. Elle l'observa de la tête au pied, elle lui donnait la quarantaine. Il était grand et son buste taillé en « V » le rendait craquant. Elle se mordit la lèvre puis s'élança vers lui en se dandinant. Ongles vernis, rouge à lèvres, maquillage excessif, elle était irrésistible pour de nombreux gars. Avec une attitude provocante, elle l'aborda :

— Excusez-moi, un type louche me suit depuis une bonne demi-heure. Ce pervers me déshabille du regard, je commence à avoir peur. Puis-je rester à vos côtés quelques minutes afin de décourager son ardeur ?

— Bien sûr !

Elle l'enlaça pour se blottir contre ses pectoraux saillants et susurra :

— Merci !

Surpris par tant d'affection, l'homme fut déstabilisé et sentant cette gêne, la jeune femme se recula avant d'entonner :

— Oups ! Je me suis pas présentée, je m'appelle Cassie.

— Enchanté !

— Puis-je savoir le prénom de mon sauveur ?

— Gurval !

— Ça me dit quelque chose !

Cassie leva les yeux au ciel en se frottant le menton afin de feindre la réflexion.

— Mais oui ! Vous êtes Gurval Lameliche, le célèbre enquêteur.

— Écoutez, si vous êtes journaliste, je m'en vais.

— Non non, je suis juste une femme qui vous trouve séduisant.

Elle murmura au creux de son oreille :

— J'aimerais être menottée en votre compagnie.

Avec une grâce déconcertante Cassie déposa un baiser dans le cou de sa proie. Il allait craquer et s'abandonner à ses pulsions bestiales lorsque son téléphone sonna. Gurval décrocha puis écouta attentivement son correspondant, son visage devint dur et impassible. Le tueur avait frappé ce soir à quelques kilomètres de là et pour la première fois, il y avait des survivants.

D'un ton morne et lointain, il articula :

— C'est une urgence, je dois y aller. Ravi de vous avoir rencontrée Cassie.

Prise au dépourvu, la jeune femme empoigna la main de l'enquêteur pour y inscrire son numéro de téléphone avec un stylo.

D'une voix sensuelle, elle déclara :

— Rappelez-moi Gurval !

— Promis !

Dépitée, Cassie regarda sa proie partir, la partie de jambes en l'air s'envolait. Pour elle, c'était le premier échec de l'année et elle sentit une main peloter ses fesses. En se retournant, elle découvrit le vieil homme moustachu.

— Foutez-moi la paix, vieux porc ! lâcha-t-elle sèchement.

D'un pas rapide, elle fila au vestiaire pour récupérer son manteau, puis elle s'éclipsa de la réception.