Révélation

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L'immeuble était maintenant encerclé par une multitude de véhicules et un périmètre de sécurité empêchait les badauds d'approcher. En montrant pâte blanche Gurval franchit le barrage et suivi par ses collègues, il monta les étages puis il traversa des couloirs pour se rendre jusqu'au lieu du crime. Ce n'était pas joli à voir, comme Cassie la pauvre fille avait été massacrée. Dans la main de la victime, il repéra l'émetteur d'alerte. Il avait fonctionné correctement et des agents étaient intervenus dans les cinq minutes mais ça n'avait pas suffit. Elle s'est fait surprendre songea-t-il ?

En bas du bâtiment, un jeune homme arriva, il tenta de franchir la barrière mais un agent l'en empêcha :

— Monsieur, l'accès est interdit !

— Écoutez je ne comprends pas, je suis allé chercher des croissants pour ma copine, elle habite au troisième étage...

— Heu, comment s'appelle-t-elle ?

— Marianne Ballarine !

— Et vous êtes ?

— Edward Chaldone

Le policier fit un geste à des hommes et Ed fut pris en charge par une cellule psychologique. On lui annonça la terrible nouvelle et abattu, il fondit en larme.

Après s'être confié au personnel qualifié et avoir répondu aux questions de la police Edward rentra esseulé à Trévoux. En guise d'un repas savoureux et équilibré, il avait acheté des hamburgers au fast-food du coin, ça suffira bien à combler sa faim. Il s'empressa de les avaler et accablé, il cria pour tenter d'évacuer son chagrin mais envahi par le désespoir, il sanglota. Il n'avait qu'une envie, c'était de s'en aller à des milliers de kilomètres, mais il s'accrochait au caméscope, le dernier objet qu'avait touché Marianne. En tenant cette caméra entre ses jolies mains, elle l'avait filmé et il tenta d'imaginer ce qu'elle avait ressentit en le voyant disparaître. De cette manière, il avait l'impression d'être encore avec elle. Pour cela, il lança la vidéo et il vit le drap retomber à plat. Le plan resta figé durant de longues secondes et d'un coup la caméra fit volte-face pour filmer un visage radieux :

— Bonjour à tous, je m'appelle Marianne Ballarine et je viens de voir quelque chose d'extraordinaire. Comment vous expliquer, mon mec vient de se dématérialiser. J'en profite pour lui faire un gros bisou !

Avec ses lèvres pulpeuses, la jeune femme embrassa la caméra et elle susurra :

— Où que tu sois, je t'aimerais toujours ! J'vais continuer à tourner jusqu'à ton retour en racontant un tas de bêtises.

Elle éclata d'un rire cristallin et ses yeux brillèrent de joie.

— Fin de l'aparté, où en étais-je ? Ah oui, mon mec c'est un super-héros, son nom de scène, Sadjo Bel ! J'vous fait baver bande de pouffiasses ! Ah tiens, j'ai une idée, pour l'occasion, j'vais faire couler un bain.

En chantonnant, elle traversa l'appartement, puis elle posa la caméra et tourna le dos à l'objectif afin d'ôter son pyjama et d'enfiler son peignoir.

En visionnant ses images Edward fut ému jusqu'aux larmes. La belle Marianne tourna la tête et s'exclama :

— Quelqu'un frappe à la porte, on va y aller !

— Comme je suis méfiante, je regarde toujours dans le judas avant d'ouvrir. Oh, vous allez voir c'est une petite fille toute mignonne !

Marianne déverrouilla la porte et en cadrant approximativement elle entonna :

— Bonjour ! Je peux t'aider ?

— Bonjour Madame ! Je vends des billets de tombola pour mon école.

— C'est combien le ticket ?

— Trois euros m'dame !

— Je reviens, j'vais juste chercher de l'argent !

Elle fouilla dans son sac à main pour en extirper quelques pièces et en se retournant, elle hurla. La gamine avait laissé place à un individu masqué qui lui ravivait d'horribles souvenirs ! L'homme à la hache était de retour, sans réfléchir, elle s'empara de l'émetteur et fonça dans la salle de bain pour s'enfermer. Après avoir actionné le verrou, elle posa la caméra sur un petit meuble et appuya sur le boîtier pour prévenir la police. Affolée, Marianne se recroquevilla. En déverrouillant le loquet de l'extérieur, le tueur ouvrit la porte en douceur, avant de fondre sur sa victime. La succession de hurlements et de coups brutaux laissa place à un silence macabre. Victorieux, le type approcha de l'objectif pour lâcher :

— Je t'ai eu pétasse...

Cette voix morne glaça le sang d'Ed, l'individu ne semblait pas posséder une once de compassion. Écœuré et brassé par ses images insupportables, le jeune homme arrêta la vidéo. Livide, il dégobilla son semblant de repas dans un sac en carton, puis il fila sous la douche pour se laver. L'eau ruisselait gracieusement sur son corps dénudé, abattu, Ed se focalisait sur cette sensation agréable pour tenter de faire le vide dans son esprit, mais la réalité le rappelait à l'ordre. Blasé, il enfila son peignoir et il se dirigea dans la chambre pour s'habiller chaudement. Épuisé psychologiquement, il s'allongea sur le lit, son cerveau ressassait continuellement les derniers instants de Marianne. Comment oublier ? C'était impossible, il devra vivre avec. Ayant l'impression d'être dans un cauchemar, il ferma les yeux pour fuir l'adversité et il se calma en traversant des contrées avec son esprit. Une fois sa destination choisie, sensation de légèreté, noir absolu. Pour Ed, le retour de la gravité était toujours surprenant, son corps était lourd et un vent glacé fouetta son visage. Il se tenait sur le sommet du Mont Blanc. Son pouvoir était prodigieux, avec, il se sentait libre et en marge de ce monde infâme où l'argent régnait en maître. Mais sans sa bien- aimée, sa capacité de se téléporter semblait bien dérisoire. Des larmes déferlèrent sur son visage meurtri et ses paupières se fermèrent. L'instant d'après, il était en haut du mont Gargas à proximité de Notre de Dame de La Salette, et seul, il faisait face au ravin. Il n'y avait jamais vraiment songé, mais ce précipice, c'était la solution pour mettre fin à ses tourments. Il recula de plusieurs mètres, puis sans hésiter, il commença sa course suicidaire et il se jeta dans le vide. Prise d'élan formidable, plongeon majestueux, chute libre, adrénaline, Ed vivait ses derniers instants. Avant de percuter le sol, par réflexe, le jeune homme ferma les yeux. L'impact fut violent, puis il tournoya comme du linge dans le tambour d'une machine à laver. En sentant son corps endolori, Ed ouvrit les yeux et constata qu'il avait été propulsé sur une dune de sable, au cœur du Sahara. Désirant mourir, il n'avait pas souhaité ce voyage mais la pierre avait décidé de le sauver. Pourquoi avait-il droit à cette seconde chance ? Cette question lui turlupina l'esprit durant plusieurs minutes, mais il trouva la réponse. Cette deuxième chance sera celle de la vengeance ! Comme dans les films d'horreur, il trouvera l'assassin et le tuera de ses propres mains pour restaurer la justice en ce bas monde. En arborant un sourire sadique, il se téléporta.

Arrivé chez lui, il s'empara du caméscope pour visionner la vidéo. Ses yeux acérés étaient à l'affût du moindre détail, mais il ne remarqua rien. L'homme à la hache venait de massacrer Marianne et il articula :  « Je t'ai eu pétasse ». Cette voix rauque fit tiquer Ed, il l'avait déjà entendu, mais où ? Il se concentra et stimula sa mémoire sans rencontrer le succès escompté. Il n'insista pas en se disant que l'étincelle jaillirait d'elle-même.

À sa grande surprise, il remarqua que l'enregistrement n'était pas terminé. L'individu était hors de l'écran, mais il revint pour s'approcher de la caméra en ricanant et doucement, il enleva son masque pour dévoiler son visage. Ed cru recevoir un coup de poignard dans le cœur en découvrant l'identité de l'homme à la hache. Comment avait-il pu être aussi naïf ?

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