Trous de mémoire
En chancelant, Ed se leva pour aller au salon et il resta estomaqué face au désordre ambiant. Des bouteilles et des verres vides jonchaient la table, puis sur la fenêtre, il repéra des canettes de bières remplies de mégots de cigarettes. Au sol, il découvrait de nombreuses traces de nourriture : chips, cacahuètes et morceaux de cake. Par endroits, le carrelage était collant, c’était sûrement des restes de boissons sucrées et malgré son cerveau embrumé, il se demanda où était Marianne.
Il la découvrit, allongée sur le canapé et il se pencha pour l’embrasser mais en sentant une odeur nauséabonde, il s’arrêta net. Avec concentration, il huma cette puanteur pour en dénicher l’origine, et il esquissa quelques pas sur le côté pour s’approcher d’une plante en pot. Le constat fut sans appel, le végétal baignait dans du vomi. Écœuré, il s’éloigna en titubant. Qu’est-ce qui s’était passé ? Sa mémoire lui faisait défaut, il devra attendre le réveil de Marianne pour en savoir plus. Avait-elle plus de souvenirs sur leur soirée ?
Il s’habilla puis retroussa ses manches pour s’armer de gants, d’un seau, d’un balai et d’une serpillière. Fatigué, le jeune homme astiqua l’appartement de fond en comble et après une bonne heure de labeur, satisfait, il s’installa à côté de sa copine. Elle était belle quand elle dormait, et à plusieurs reprises, pour tenter de la réveiller, Ed frotta le bout de son nez. Marianne ouvrit les yeux, et durant quelques secondes, hébétée, elle essaya de retrouver ses repères, mais après quelques étirements, elle était d’attaque. Étonnée, elle scruta la pièce, tout était clean et son regard s’arrêta sur Edward assis à côté d’elle.
— Tu es rentré quand ?
— Je ne comprends pas mon cœur ?
— Je t’ai attendu hier, enfin ce matin. Tu es parti raccompagner Carl et ses potes en bord de Saône, et je me suis posée sur le canapé tellement que j’étais pompette.
Habile, Marianne arrivait à omettre des détails importants.
« Je ne vais pas lui dire que j’étais brassée par tout ce que j’ai bu et que j’ai vomi à gorge déployée » songea-t-elle.
Ed rétorqua :
— J’ai même pas le souvenir de les avoir raccompagnés !
— En tout cas, on s’est bien amusés !
Sans grande conviction, Ed acquiesça puis il ajouta :
— J’vais acheter du pain.
En allant à la boulangerie, il était songeur.
« Cette pendaison de crémaillère était géniale. C’était cool de réunir toute la bande, mais on a tous bu à outrance, et c’est parti en live. À la prochaine fête, j’achèterai moins d’alcool, ça sera plus raisonnable. »
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