Pauvre Norbert

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Norbert ne l’avait pas zieuté longtemps ce foutu baiseur pourtant cette nuit, il avait cauchemardé. Après s’être réveillé en sueur, il s’était installé hors de son lit. Même s’il n’osait pas se l’avouer, le masque et la folie de cet homme l’avaient terrifié.

Il fallait qu’il en parle à quelqu’un. Il ne pouvait pas garder ça pour lui. En entendant des bruits de pas, le vieil homme sursauta et fit volte-face, il fut rassuré en constatant que c’était Josette.

Elle s’approcha de lui et l’enlaça :

— Qu’est-ce qui se passe Nono ? Tu as peur de quoi ?

— C’est l’baiseur, il m’a chamboulé.

— Tu veux te confier à moi ? Tu peux tout me dire, tu le sais ça ?

Norbert resta muet, il ne voulait pas lui causer de ses tourments. Josette continua d’une voix calme :

— Parles-en, au curé du village, ça te fera du bien. Tu seras libéré.

Le paysan resta impassible, mais il savait que sa femme était de bon conseil. Demain, il se rendra à l’église pour se confesser.

Le lendemain, le vieil homme avait enfilé de belles frusques pour se rendre à l’église. Sa femme plus pratiquante, lui avait conseillé prendre un rendez-vous à dix-sept heures lors de la permanence du prêtre.

Devant ce monument religieux, Norbert était intimidé. La grande porte était ouverte, il hésita, puis s’engouffra dans l’édifice. Les voûtes, les vitraux et les peintures, c’était somptueux. L’intérieur était plus lumineux que dans ses souvenirs. Les cierges et l’odeur d’encens, il avait oublié cette ambiance. Calmement, il s’approcha du chœur de l’église en observant les lieux et son regard s’arrêta sur un homme. Un barbu ventru était assis sur un banc, son visage jovial inspirait confiance. Norbert réfléchissait, ce type correspondait parfaitement à la description qu’on lui avait faite du père Galop. Déterminé, il alla à sa rencontre et d’une voix claire et envoûtante le prêtre entonna :

— Qu’est-ce qui vous amène dans la maison du seigneur ?

Norbert bredouilla :

— J’viens me confesser.

— Le curé invita le paysan à s’asseoir puis il enchaîna :

— Je vous écoute.

— Hier au soir, j’ai vu quelque chose d’affreux qui m’tourmente. Il y avait un type masqué au milieu de mes chèvres. Il leur a fait des trucs…

Norbert regarda le prêtre puis gêné, il baissa la tête :

— Ce type a baisé mes chèvres et j’ai fait feu à plusieurs reprises pour le faire déguerpir.

Même si le religieux était surpris, il ne laissa rien paraître :

— C’est cet acte contre nature qui est à l’origine de vos troubles ?

— Oui ! Comment oublier ?

— Vous ne pouvez pas, il faut continuer à vivre et vous changez les idées. Évitez de gamberger.

— J’ai peur qu’il revienne ! Son masque m’a foutu les j’tons. Je ne sais pas quoi faire. chiala Norbert.

Le père Galop posa ses mains sur les épaules du paysan.

— Dans ce cas, n’ayez pas honte, allez voir les gendarmes. Racontez leur tout, cet ignoble individu sera recherché et arrêté tôt ou tard et par la même occasion vous serez rassuré.

— D’accord, mais je ne sais pas si je serais assez fort pour le faire.

— Vous n’êtes pas seul, Dieu vous soutient dans cette épreuve. N’hésitez pas à revenir me voir si ça ne va pas.

Norbert passa sa manche sur son visage pour essuyer ses larmes. Il se sentait déjà mieux !

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