Le chat est mal en point, la mémé aussi aparemment...
L’intérieur est propre et relativement rassurant. Enfin visuellement… Le cabinet est chargé d’émotions fortes, de la peur surtout. Je sens tout proche la salle où les injections sont faites… Non, pas les injections pour soigner mais celles pour en finir. Ce sentiment m’agresse et je chancèle. J’ai envie à la fois de pleurer et de vomir, tout en me tenant au mur pour ne pas tomber. Apparemment, personne ne me remarque, les deux autres hommes étant trop occupés à examiner Terreur. Difficilement, j’arrive à dresser une barrière émotionnelle entre le lieu et moi et j’arrive à me remettre sur pied.
Le bon Docteur Boulègue pose son stéthoscope après dix minutes d’examen. Lui aussi est perplexe.
« Votre chat n’a aucune blessure apparente, dit-il à Gérard, sa respiration est bonne et son cœur bat régulièrement. Et pourtant, il semble inconscient, comme dans le coma. Il est préférable que je l’intube et lui pose une voie veineuse pour l’alimenter. »
Ces derniers mots causent à Gérard d’ouvrir grand les yeux. Je n’arrive pas à savoir s’il est inquiet pour le sort de son chat ou la facture du véto après tous ces traitements… Espérons que ce soit le premier choix.
« Il devra rester en observation à la clinique, continue le docteur. Nous devons maintenant attendre. »
On aurait dit qu’une tonne de briques venait de s’abattre sur l’infortuné fossoyeur. Je m’élance pour le soutenir, remercie le véto et fait sortir Gérard.
« Venez au restaurant ce soir, dis-je. Je vous offre le dîner et nous boirons au rétablissement de Terreur, dis-je pour le réconforter. Ensuite, je vous ramènerai chez vous. »
Et c’est ainsi que se passa la soirée : enjoints d’Evaristo, nous nous confortâmes à grand renfort de Patxaran.
Le lendemain, je repasse prendre Gérard et nous retournons à la clinique. Malheureusement, les nouvelles ne sont pas bonnes : Terreur est toujours inconscient. J’entends partiellement la conversation entre Gérard et le docteur car je suis occupé à étudier le chat. Apparemment, le plus longtemps Terreur reste dans le coma, le moins de chance il a de se réveiller. Premier choc pour le fossoyeur ! Deuxième choc lorsque le docteur lui annonce la facture quotidienne… Je pense que les maigres économies précieusement gardées pour la retraite vont fondre comme neige au soleil. Mais Gérard est un maître loyal et ne se laissera pas convaincre d’abandonner son chat. Ce sentiment d’altruisme et de responsabilité qu’il émane me fait l’effet d’un coup de fouet sur le visage. Je suis impressionné.
Alors que nous sortons de la clinique, nous rencontrons Mme. Baguit, la boulangère du quartier. C’est parti pour les ragots ! Mais cette fois-ci, l’affaire est grave : on a retrouvé dans le quartier une mémé inconsciente. Quelle coïncidence ! Elle a été trouvée dans la nuit hier par un couple de jeunes qui rentraient à la maison. Elle est maintenant à l’hôpital.
Bon, ça y est ! Ma curiosité est piquée. Il est improbable que ces deux faits ne soient pas liés : deux êtres vivants (si, si ! Les chats sont vivants...), dans le même quartier, trouvés dans le coma à une journée d’intervalle. Comme dirait mon ami Iban, « il y a baleine sous grain de sable »… Je me dirige vers l’hôpital.
La visite ne fut pas fructueuse. Non seulement le commissaire Bergot n’était pas disposé à partager ses informations avec un inconnu, mais en plus je n’ai pas pu voir la victime en question. Assez frustrant !
Je trouve cette histoire très louche. Je pense que je vais passer la nuit au cimetière… Prétextant de vouloir réconforter Gérard, je me fais inviter dans la cabane du fossoyeur pour y passer la nuit. Je sais ce que vous pensez : cimetière la nuit, zombies et squelettes qui attaquent, etc… Pas du tout, on n’est pas dans un film d’horreur ! Enfin, je dis ça mais je me suis fait attaquer par un fantôme/zombie récemment. Mais ce n’est pas une raison !
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