Ils étaient assis sur le lit, penchés sur ce message déchirant qu'elle leur avait laissé.

Lui, plutôt grand, les cheveux et la moustache noirs, tout de gris vêtu, reniflait sans conviction. Elle, sa longue crinière brune complètement en désordre, juste habillée d'un t-shirt rose distendu et d'un training gris, se frottait les joues, les yeux rouges et mouillés.

En rangs serrés sur les étagères, d'innombrables poupées vieillotes observaient la scène, leurs yeux aveugles rivés sur les deux adultes. Une autre gisait sur le sol, son délicat visage réduit à quelques tessons de porcelaine, éparpillés dans un accès de rage.

Élise adorait les poupées.

Cette passion était passée inaperçue quand elle n'était qu'une fillette, mais elle l'avait poursuivie dans l'adolescence, avec une force qui n'avait rien de commun.

— Elle... elle était victime de harcèlement ? sanglota la mère, sa tristesse mêlée d'étonnement.

Le père acquiesça sombrement, les lèvres serrées.

— Mais... mais pourquoi ne nous en avait-elle jamais parlé ? continua-t-elle, le visage ruisselant.

— Elle a essayé. Plusieurs fois. Mais nous ne l'avons pas écoutée.

— Elle est morte ? demanda une petite voix. Comme la fille dans la vidéo ?

Derrière la porte entrouverte, leur fils cadet regardait la poupée éclatée et les taches rouges sur le sol.

— Non, chéri, non... souffla la mère, baissant la tête d'un air affligé.

— Elle est à l'hôpital, ajouta le père, d'un ton qu'il voulait rassurant.

Le gamin entra, s'assit sur le lit sans un mot et s'effondra.

— J'aime pas les poupées, dit-il finalement. Mais j'aime Élise. Sa poupée, je vais la réparer, comme le type japonais que j'ai vu sur Youtube, et quand on ira la voir, je lui donnerai.

Il ramassa la poupée, essuya avec dégoût un tesson ensanglanté sur son pantalon et s'apprêta à sortir.

La sonnerie du téléphone les fit tous sursauter. La mère décrocha, échangea quelque mots avec la personne au bout du fil, puis son visage s'éclaira.

— C'était le médecin. Sa vie n'est plus en danger.

Le père saisit son portable à son tour.

— J'appelle l'école, il faut que je sache ce qu'est cette histoire de harcèlement.