Chapitre 11 : Tel est pris qui croyait prendre
- On a déjà eu affaire à un monstre du genre avec Sam, il y a des années. C'était un wendigo, une sacrée pourriture.
- Je vois... quel est son talon d'Achille ?
- Il va nous donner du fil à retordre, cette espèce est coriace. Mais il me semble qu'on l'avait brûlé vif. D'autres chasseurs mentionnent les balles d'acier. Et certaines légendes racontent qu'il faut leur arracher le coeur avant de le faire fondre.
- Ce sera pas une mince affaire, espérons que Weyburn n'abrite pas deux de ces créatures. soupiré-je.
Je patiente dans la voiture, alors que Dean éternise les au revoir avec la jolie secrétaire blonde. Il sors enfin de la morgue, un sourire aux lèvres et un petit morceau de papier à la main.
- Devines qui a eu le numéro de la charmante secrétaire ? dit-il en se mettant au volant de l'impala, l'air victorieux.
- Je lève les yeux aux ciel, décidément il ne changera jamais....
- Dis-moi... elle avait les yeux de quelle couleur cette charmante secrétaire ?
- Euh... je n'ai pas regardé... ses yeux.
- Je m'en doutais.
- En même temps.... ok je la ferme. dit-il en aperçevant le regard noir que je lui lançait. Tu en as marre de moi ?
- J'en aurais jamais marre de toi...tu ne serais plus Dean si tu n'étais pas un courreur de jupons.
Il me sourit avant d'embrasser ma joue et de démarrer Baby, sa précieuse impala. Nous arrivons en quelques minutes au poste de la ville, où le shérif Jody Mills nous réserve un accueil chaleureux. Elle est l'une des rares personnes à connaitre l'existence des monstres et des chasseurs. C'est une bonne amie, qui nous couvre à chaque fois, sans hésiter à faire appel à nous lorsqu'une affaire lui parait louche. Elle a du flair.
- Dean ! Comment vas-tu ? dit-elle en l'enlaçant amicalement.
- J'ai une santé de fer comme toujours !
Jody s'approche de moi et me serre la main cordialement :
- Enchantée d'enfin rencontrer celle dont m'a tant parlé Bobby, sa petite protégée !
- En effet... dis-je avec un sourire gênée.
Jody est une femme forte, elle a vécu des choses terribles. Tout comme nous, elle a connu la perte d'êtres chers. Mais lors d'une chasse avec les frères Winchester, elle a sauvé une adolescente de leurs griffes, maintenant prise sous son aile.
- Et Alex, comment va-t-elle ? demande Dean.
- Oh et bien elle ça va, mais moi j'ai du mal ! C'est dur de vivre avec une ado en pleine crise.
- Comme je te comprends ! Samy était insupportable à cette période.
- Sinon cette affaire?
— Oui excusez-moi, entrez dans mon bureau, je vous en prie !
Jody nous explique que les meurtres ont commencés il y a deux semaines, le soir même de la pleine lune comme par hasard. On recense déjà quatre meurtres et deux disparitions.
— Vous pensez que les deux disparus... sont les wendigos ? demandé-je au shérif.
— J'en ai bien peur... étant donné qu'ils ne sont ni à l'hôpital, ni à la morgue. J'ai vérifié. M'assura-t-elle.
Jody nous donne les adresses et coordonnées des familles des disparus et des victimes, au cas où.
Une fois rentrés dans la voiture, je me tourne vers Dean le visage peiné :
— On va devoir les tuer, n'est-ce pas ?
— Ils sont trop dangereux Eli...une fois transformés ils sont capables de tuer leur propre famille. Me répondit-il, l'air grave.
- J'en suis consciente, mais le reste du temps ils sont humains. Comme toi et moi, il n'y a que durant la pleine lune qu'ils sont monstrueux. Se sont en partie des innocents.
- Crois-moi c'est pas une partie de plaisir pour moi non plus, mais c'est notre boulot. T'es avec moi?
Je lui lance un sourire contrit :
- Toujours.
— Que dirais-tu de manger un morceau avant de chasser cette nuit ?
— Avec plaisir, je meurs de faim ! dis-je en caressant mon estomac qui crie famine depuis au moins une heure.
Après avoir réservé une chambre d'hôtel, Dean pars chercher notre repas à emporter dans un restaurant chinois. A peine rentré dans la chambre, il ouvre le sac et dévore comme un ogre notre dîner.
— T'es au courant que tu t'en fous partout ?
— Mmmh omui. Mmhais jmai fmmaim. dit-il la bouche pleine.
— Je comprends rien à ce que tu dis ! ris-je, m'amusant de le voir faire le pitre. S'ensuit le concours de celui qui mange le plus comme un cochon, on a vraiment des rituels étranges Dean et moi.
Après m'être remplie l'estomac, je m'allonge sur l'un des lits de la chambre d'hôtel en essayant de ne penser à rien. Mais impossible de faire le vide dans mon esprit, mes pensées revenant toujours vers Jeff...
Je jette un œil à mon téléphone : toujours aucun message. Je pousse un profond soupir en m'efforçant de me concentrer sur notre enquête.
Nous avons élaboré un plan pour attraper les wendigos avec Dean, évidemment qui allait servir d'appât ? Moi bien sûr, on tombait vraiment dans le cliché de la jeune fille en détresse. Enfin finalement Dean avait trouvé ça trop dangereux et avait eu l'idée de leur tendre un piège avec du sang, puis en leur foutant le feu, en espérant que leur cœur de glace fonderait.
Dean feuillette le journal de John, il a déjà croisé des wendigos et a accordé quelques pages à cette créature. Tandis que j'observe le jeune chasseur, concentré à la lecture du journal, mes paupières se font lourdes...
Je sens la main de Dean caresser doucement ma joue :
— Debout la belle au bois dormant, on a un wendigo à chasser.
Je lui souris et me prépare en quelque minutes, après avoir faire l'inventaire de nos armes et munitions, nous prenons la route vers la forêt où deux personnes ont été tuées, une semaine auparavant.
Nous marchons depuis déjà une heure dans la forêt sombre, la pleine lune éclairant légèrement la végétation. Dean avance prudemment, son flingue à la main, chargé des fameuses balles d'argent.
J'éclaire notre chemin à l'aide de ma lampe torche. Tout en laissant tomber quelques gouttes du sang de mon autre main à mesure que nous avançons dans la foret, dans le but d'attirer la ou les créatures. Dean qui est resté silencieux depuis que nous sommes sortis de la voiture, prend finalement la parole.
— Je voulais te parler de quelque chose Eli...
— Je t'écoute, je réponds tout en restant sur mes gardes au cas où le wendigo nous attaquerait.
— Bobby, Sam et moi , on se pose des questions. On trouve que tu as l'air triste ces temps-ci.... j'imagine que si tu ne nous en as pas parlé c'est parce que tu n'en as pas envie. Mais on est là pour toi tu sais. me dit-il en s'arrêtant et en se tournant face à moi. Si tu veux m'en parler, je suis prêt à t'écouter. assure-t-il en posant sa main sur mon épaule.
— Je veux pas vous embêter avec mes problèmes, et puis c'est rien d'important...
— Ça a l'air important puisque ça t'affecte.
— En fait...c'est une histoire bête de...
— CHUT. dit-il en posant son doigt sur mes lèvres.
Je tends l'oreille mais rien, pas un bruit...
— Il n'y a rien Dean, je t'assure.
Il recommence à marcher, l'air anxieux.
— C'est bizarre, j'ai cru entendr...
— AAAAHHHHH.
— Fais chier ! Jure Dean alors qu'un wendigo vient de planter ses énormes crocs dans ma jambe droite, en accélérant l'allure pour m'emporter dans les profondeurs de la forêt. Dean s'empresse de nous suivre en essayant de viser le monstre avec son flingue. Mais il fait trop sombre, et la créature trop rapide, il risque de me blesser en voulant me sauver. Je comprends alors que c'est à moi de me débrouiller, je parvient à accéder à mon sac posé sur mon épaule et attrape habilement mon lanceur de fusées de détresse. Ignorant la douleur je vise puis tire dans le museau de la créature.
— Prends toi ça espèce d'ordure.
Le wendigo me lâche alors en se frottant les yeux, il hurle à la mort comme le ferait un loup. Dean arrive et m'attrape par la taille pour m'aider à me relever en m'enloignant du monstre, ma jambe saigne abondemment et me fait horriblement souffrir.
Je me tourne vers Dean qui a l'air affolé puis aperçois deux yeux jaunes dans la pénombre derrière lui.
— Merde ! Y en a deux, DEAN COURS !
En hurlant le wendigo a appelé son congénère, nous avons maintenant deux énormes monstres à nos trousses. Dean passe un bras autour de ma taille, tandis que j'aggripe son épaule pour y prendre appui. Puis nous commençons à avancer, le plus vite possible malgré ma blessure. Après quelques instants, nous arrivons à l'orée de la forêt. Les wendigos sont toujours derrière nous mais ont heureusement étaient légèrement ralentis par les pièges à loup que Dean a posé lorsqu'il faisait jour. Ils poussent des hurlements sauvages, agressif et furieux. Le chasseur me dépose sur la terre ferme, nous nous trouvons dans une sorte de clairière éloignée des arbres. C'est exactement à cet endroit que nous voulions les mener. Ils étaient tombés dans notre piège. Après m'être empressée d'enlever ma veste en jean , je déchire mon haut et enroule la bandelette de tissus autour de ma jambe puis serre pour éviter au maximum de perdre plus de sang. Les wendigos avancent doucement mais dangeureusement, persuadés que nous sommes leur repas...
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