Le coffre
Elles gardaient jalousement cette clef depuis des générations. Mais au fil des décennies, son utilité avait été oubliée. Elle restait abandonnée dans un coffre à bijoux au milieu des bagues de pacotilles et des zirconiums étincelants. Une clef des plus banale, dont plus personne ne connaissait la valeur.
Mathilde, nouvelle propriétaire de cette boîte à bijoux ne prêta aucune attention à l'objet. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Elle était trop perdue dans son chagrin. Et puis, il ne s’agissait que de la boîte à bijoux de sa mère. Elle la savait remplie de breloques aussi insignifiantes les unes que les autres. Elle pensait même la transmettre à sa fille. Elle venait d’avoir quinze ans et était dévastée par la mort de sa grand-mère. Elles étaient si proches toutes les 2, elle garderait ainsi un petit quelque chose d’elle, une aide, une béquille pour supporter son deuil.
Pour le moment, il fallait s’occuper des invités qui s’étaient réunis là pour célébrer la mémoire de la défunte.
Quelques jours plus tard, Mathilde, accompagnée de Lilou, dans un silence religieux, triait les affaires de sa mère. Lilou avait été subjuguée par la boîte à bijoux. Elle caressait les boucles d’oreilles et les bagues que sa grand-mère avait portées, d’un doigt timide. Le coffre à bijoux était des plus simples, en cuir noir, assez ancien.
Le regard noir de l’adolescente fut attiré par un objet insolite qui n’avait rien à faire dans un coffre à bijoux. Une clef, une clef noircie par le temps, une clef ancienne.
- Tu sais à quoi sert cette clef ? Demanda-t-elle à sa mère.
Mathilde prit l’objet entre ses doigts et le retourna. Elle l’avait déjà vu, elle en était sûre, mais dans quelle circonstance ? Elle ne savait plus.
Lilou, qui continuait d’observer la boîte avec attention, s’aperçut que le fond paraissait corné et semblait se décoller. Elle tira avec précaution sur la languette et tout vint d’un coup. Il s’agissait d’un double fond. La jeune fille sourit en pensant que sa grand-mère avait, un jour, trouvé le besoin d’avoir une boîte à double fond. Comme dans un roman. Un petit bout de papier plié reposait là, attendant d’être découvert.
Bien évidemment, la curiosité de la jeune fille n’y résista pas. Elle prit le petit papier jauni avec impatience et le déplia. Une sorte de déception mélangée à un intérêt accru se peignit sur son visage. Le mot inscrit d’une belle écriture, ne disait rien et tout à la fois. Un coffre dans une maison, caché derrière une pierre au-dessus de la cheminée contenait un secret.
Mathilde, après avoir pris connaissance du petit message, pensait savoir qu'il s'agissait de la maison familiale. Celle qui dans l’état où elle était, ne trouvait pas d’acheteur.
Le coffre en question, si tant est qu’il existait encore, ne devait plus y être. Ses propres parents avaient vidé la vieille bâtisse avec minutie, ça, elle s’en souvenait très bien.
Lilou dans un élan romanesque, pria sa mère d’aller vérifier par elles-mêmes dans la maison. Mais bien sûr, elles n’iraient pas.
Lilou l’entendait autrement et voyait tout ça comme une aventure palpitante.
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