Mathilde pénétra dans la maison dans un grincement de porte digne d’un film d’horreur. Lilou siègeait au milieu de la pièce, assisse en tailleur à même le sol, la vieille boîte dorée et poussiéreuse de son souvenir entre ses jambes.

- Maman, je l’ai trouvée ! S’exclama Lilou.

- Jeune fille, vous allez me payer la peur que vous m’avez faite !!

Mathilde, dont l’intérêt s'avérait plus fort que sa colère, s’approcha et s’accroupit à côté de sa fille, le regard rivé sur cette boîte. Sur le dessus, un symbole lui semblait familier.

- J’ai essayé dix fois, mais je n’arrive pas à l’ouvrir !

- Attends, laisse-moi voir. Dit Mathilde en prenant la boîte dans ses mains.

Elle l’observa de tous les côtés. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que la clef à elle seule ne suffisait pas. Il y avait un mécanisme pour l’ouvrir. En un flash, elle se souvint des gestes de sa grand-mère. Elle devait appuyer sur l’une des pierres audessus du couvercle. Mais laquelle ? Elle avait le sentiment qu’elle ne pouvait pas se tromper. Elle pesta tout haut, se parlant à elle-même.

- Bon sang, réfléchi ma fille.

Elle respira profondément, ferma les yeux et appela son souvenir. Elle savait.

- Passe-moi la clef Lilou !

Lilou tâta le sol, se retourna et se leva, ses yeux fouillant autour d'elle.

- La clef a disparue

- Comment ça la clef a disparue.

- Elle était là mais elle n’y est plus.

Cette histoire devenait vraiment étrange, comment une clef pouvait-elle disparaître toute seule ? Mathilde compta jusqu’à cinq en silence comme elle avait l’habitude de le faire quand l’angoisse lui enserrait les tempes. Il y avait une explication logique. Ses yeux rivés au sol, elle comprit soudain. La clef avait dû glisser entre les lattes du parquet qui s’étaient dilatées avec le temps.

Elle retourna à sa voiture chercher la petite boîte à outil qu’elle gardait au cas où dans le coffre. Elle en sortit un tournevis et commença à faire levier sur l’une des lattes qui se souleva sans difficulté. La clef était bien là. Et voilà, encore une preuve que tout avait toujours une explication. Sans attendre, elle inséra la clef dans la serrure du coffre et en tournant, elle appuya sur la pierre bleue qui représentait le symbole de l'eau. Le couvercle se souleva légèrement et elle l’aida de son index pour l’ouvrir en grand.

L’intérieur était capitonné d’un feutre rouge vieillit, élimé par le temps. Au milieu un papier siégeait. Mathilde le prit dans ses mains, un peu nerveuse, l’ouvrit avec précaution. Elle allait découvrir le secret dont elle était la gardienne. Le texte était court, cruel. Le soubresaut nerveux qui s’empara d’elle se transforma en un rire détonnant. Elle ne pouvait plus s’arrêter. Lilou la regardait avec incompréhension, l’air interloqué. Mathilde lui tendit le bout de papier qui disait ces simples mots.

- Aujourd’hui, tu viens d’apprendre le pouvoir de la curiosité. Fais-en bon usage.