Chapitre 251
Les pompiers reviennent d’intervention qu’ils ont mené comme il se doit. Déshydraté le lieutenant se sert un grand verre à la fontaine à eau.
Patrick se positionne devant lui imposant sa stature.
- Matt j’aimerai te parler dans mon bureau achève t-il d’une voix calme.
Le jeune homme sent de la chaleur envahir tout son corps jusqu’à se diffuser dans ses tempes. Au bout de quelques secondes il finit par répondre.
- Oui bien sûr. Je peux prendre une douche avant ? Je me sens tout mouate répond Matt.
Patrick acquiesce alors que son lieutenant bois d’une traite le verre qu’il tient entre les mains. Le capitaine rejoint son bureau.
Betty-Lou et Clément se regardent d’un air entendu et remplit de compassion.
- Vous avez l’air de savoir quelque chose tous les deux, est-ce que je me trompe ? Demande Matt inquiet.
Betty - Lou secoue la tête en mode négatif pour lui confirmer qu’il n’a pas tord. Clément détourne le regard fortement embarrassé.
- Dites-moi ce que c’est... murmure Matt en essayant de garder son calme malgré le stress qui monte en lui.
Tous les deux refusent de communiquer quoi que ce soit. Betty est à présent autant gênée que son ami.
- Est-ce que c’est grave ? Interroge Matt en fronçant ses sourcils bruns.
- Pas pour ta carrière ! S’exclame Clément.
- Après tout dépend de ce que tu appelles grave. En soit ça ne l’est pas puisque c’est pour ton bien! Mais te connaissant je pense que tu vas trouver ça grave... je sais que tu es quelqu’un de sensible Matt alors je pense que ça va te toucher. Promets-moi de ne pas t’énerver dans le bureau de Patrick ? Déclare la jolie blonde en détachant ses cheveux dorés.
- Je ne veux pas te promettre quelque chose que je ne réussirai probablement pas. Rétorque Matt en se dirigeant aux douches.
´´ On ne le changera pas, j’espère juste qu’il ne se montrera pas insolent envers Patrick. ‘´ Pense intérieurement Betty-Lou.
Le lieutenant entre dans la cabine, il dépose son sac de sport sur le siège, retire son uniforme qu’il enfouit au fond de celui-ci. Il sort gel douche et shampooing de sa trousse de toilette avant de monter dans la douche.
L’eau cascade sur son corps divin, il se masse doucement les tempes avec une noisette de shampooing pour les détendre. L’angoisse de l’intervention et le fait de se demander ce que lui veut son capitaine lui ont foutu un violent mal de tête.
Le lieutenant est en difficulté pour se laver les cheveux, sa nuque tendue lui inflige une douleur insupportable et ses côtes le rappellent à l’ordre. Ses trapèzes tout comme ses épaules sont quasiment rouillés, de vives douleurs le foudroient sur ces zones là.
Le bel homme grimace puis étale du gel douche sur tout son corps en détresse.
Le fait de se sécher s’avère tout aussi compliqué que la douche elle même.
Matt enfile son t-shirt noir près du corps mettant en valeur sa musculature ainsi que son jeans moulant ses jolies fesses. Il noue les lacets de sa paires de baskets noires. Le lieutenant balance son sac de sport sur le banc du vestiaire puis traîne le pas jusqu’au bureau de Patrick.
Il lève la main prêt à frapper à la porte mais l’ouverture de celle-ci ne lui en laisse pas le temps.
- Entres Matt murmure Patrick.
Le beau brun s’avance dans le bureau de Patrick qui lui désigne un fauteuil à roulettes en face du sien. Le pompier refuse et préfère rester debout les pieds ancrés dans le sol, bras le long du corps.
- Écoutes, si tu as quelque chose à me dire ou à me reprocher je l’accepte mais on ne va pas y aller par quatre chemins déclare Matt dont la mâchoire se crispe visiblement.
- Attends Matt, tu vas redescendre en pression et souffler un grand coup... je n’ai pas commencé à parler que tu es déjà fortement tendu. Répond Patrick.
- Oui je le suis ! Je ne sais pas de quoi il s’agit Clément et Betty n’ont rien voulu me dire mais apparemment c’est quelque chose qui risque de me faire de la peine donc réaction normale me semblerait-il.
- Je comprends mais est-ce que tu pourrais avoir le respect de me laisser parler et d’entendre ce que j’ai à te dire ? Le coupe Patrick.
- Oui bien sûr dit Matt en baissant les yeux. En aucun cas je souhaite te manquer de respect, je m’excuse si mon ton a été insolent mais je suis complètement stressé de ce que tu as à me dire.
- Je sais ! Je te connais bien trop ! Rétorque le capitaine. Tu vas me répondre avec honnêteté et franchise jeune homme. (Bien sûr tu sais bien que le mensonge n’est pas dans mes valeurs.) Bien... Je ne t’ai pas senti totalement dans l’intervention ! (Yeux ronds) oui je m’explique il me semble que ça a été compliqué pour toi d’intervenir, c’est comme si il me semble que tu avais mal.
Matt laisse un silence pesant régner dans la pièce, il se triture les doigts avant d’attirer ses iris vertes dans les noisettes du cinquantenaire.
- Oui en effet, il m’arrive quelques fois...(se reprend la voix tremblante) à chaque fois de ressentir des douleurs m’empêchant de réaliser aisément les mouvements de mon corps. J’espère que tu n’en tiendras pas rigueur.
- Matt tu sais autant que moi que justement si ! Il faut en tenir compte ! Ça fait un moment que je t’observe et que c’est de pire en pire! Tu es en train de te blesser. Déclare Patrick navré de la situation.
- Hum..... ouais.....
- Donc ce que j’ai pensé...... commence Patrick.
- Y a un truc, excuse-moi mais que je trouve dégueulasse c’est que tu en as parlé à tout le monde mais vraiment tout le monde sans même m’en parler à moi l’interrompt Matt sur la défensive.
- Alors il ne faut pas que tu le prennes comme ça, si j’en ai parlé à d’autres c’était pour avoir leur avis sur le sujet... je n’en ai pas parlé à tout le monde comme tu l’as mentionné mais uniquement aux pompiers qui sont proches de toi ou d’un certain âge. Ils sont à l’unanimité d’accord avec moi sur le fait que tu n’as pas eu le temps de te rétablir et que tu ne peux donc pas être à 100% efficace dans ton travail. De plus que tu l’as clairement montré cet après-midi ! Tu n’as pas été dans la capacité de terminer ton intervention et tu t’es mis en danger ! Sans parler du refus d’obéir aux ordres!
Matt baisse la tête, croise les bras sur son torse se fermant à la discussion. Le jeune homme préfère se taire plutôt que de l’ouvrir risquant de s’emporter.
- Je m’excuse de mon comportement mon capitaine.... avoue t-il.
- Donc Matt, pendant quelques temps, jusqu’à que tu te rétablisses , j’ai engagé un nouveau lieutenant pour assurer toutes tes tâches. Confirme Patrick.
´´ Il se fout de ma gueule là ? Est-ce que j’ai bien entendu ? Un nouveau lieutenant ? Pour quoi faire ? Là c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! Je vais péter un câble ! Il n’a pas le droit de me faire ça. ´´
Patrick perçoit la respiration saccadée de son bras droit, tous les deux se regardent dans les yeux de manière intense.
- Attends... tu es en train de me dire que ... tu es en train de me retirer mes fonctions ? Articule Matt complètement sonné.
- Ce n’est pas comme ça qu’il faut le voir, ce n’est pas définitif, c’est l’affaire de quelques mois.
Matt pouffe insolemment à cette déclaration s’appuyant de ses bras sur le bureau.
- Donc je serai sous les ordres de ce .....? il s’interrompt.
- Pour l’instant oui Matt.
- Donc rétrogradation... normal quoi ! Continue t-il sur un ton des plus calmes.
- Ne le vois pas comme ça s’il te plaît ! Rencherit Patrick tout embêté sentant la pression palpable chez son lieutenant.
- Putain Patrick ça fait chier là ! se confie Matt en veillant à ne pas hausser le ton. Niveau confiance en soi on est bon ! (Lève son pouce en l’air de manière ironique).
- Ça m’embête que tu le prennes comme ça vraiment.... tu es un lieutenant important ici Matt, j’espère que tu n’es pas en train de penser le contraire.
- Tu sais très bien que je n’ai pas confiance en moi ! Que je suis réservé et timide ! Et tu fais quoi ? Tu me retires tout ce qu’il y a de plus important ici pour moi ! Mon grade me donnait un minimum de confiance en moi et faisait de moi quelqu’un de bien ! Vraiment j’ai les boules! Lâche Matt énervé.
- Attends Matt ! S’écrie le capitaine en le voyant prendre la direction de la porte.
- La discussion est close, je ne vois pas ce qu’il y a à dire de plus. Déclare Matt en sortant.
Patrick retient l’entre bâillement de la porte et le force à reculer.
Matt obtempère.
- Vois l’avantage d’avoir le temps de préparer un peu plus ton mariage ! Et de te reposer. Affirme Patrick.
- Reposer ?! Est-ce que j’ai une tête à me reposer ? Ma place est dans la caserne Patrick ! Dans ce cas autant m’arrêter ! Ça serait moins pire ! Vocifère le lieutenant.
- Je suis navré Matt, je ne pensais pas que ça te toucherais autant, tu dois comprendre que c’est dans ton intérêt et que tu m’es bien trop important pour prendre le risque de te blesser encore plus ! Et là ça serait ta carrière qui serait compromise. Argumente le capitaine.
-(soupire) Tu croyais quoi Patrick ? Que j’allais sauter de joie ?! Oui je comprends que tu le fais pour me préserver ! C’est bienveillant de ta part mais........(inspire bruyamment) (expiration saccadée) oui ça me fait de la peine d’être écarté de mon poste. Est-ce que je peux retourner à mes tâches ?
Après accord, Matt sort du bureau encore plus tendu que lorsqu’il y est entré. Betty-Lou lui tombe dans les bras pour le réconforter.
- Non, laisses-moi ! Pourquoi j’accepterai de te prendre dans mes bras alors que vous tous vous avez contribué à mon évincement ! Bougonne le bel homme en s’écartant de la prise de son amie.
- Matt non ! Arrêtes ! S’écrie Betty-Lou en lui empoignant fermement le bras.
Il la pousse pour pouvoir se libérer.
- Lâches moi, je risque de te faire mal! Fous moi la paix !
- Ce n’est pas ça ! Je l’ai fais en tant qu’amie et tu ne peux pas m’en vouloir pour ça ! Je tiens à toi ! Crie la jolie blonde.
- Je t’ai dis de me lâcher et je serai toi je le ferai ! Gronde Matt. Betty! Écoutes moi ! Je vais finir par te mettre un coup! Et de m’énerver !
Betty-Lou lâche à contre cœur le bras de son collègue. Il la toise méchamment alors que les yeux de la jeune femme deviennent troubles.
Tous les deux restent immobiles, le cœur de Matt se serre violemment.
´´ Roh mais non ! Je ne veux pas la faire pleurer! Je dois me calmer et passer au dessus de toute cette histoire... j’ai su à peu près garder mon calme avec le grand capitaine, ce n’est pas à mon amie de ramasser les pots cassés ! ´´
Les bras musclés du lieutenant attirent de nouveau Betty-Lou contre son torse. Elle cale sa tête et entoure la taille de Matt.
- Désolé Betty-Lou, je ne devrais pas m’énerver contre toi. Dit il en déposant un baiser amical sur le front de la belle femme pompier et séchant ses larmes de ses pouces. Merci d’être là pour moi et de vouloir m’aider. Juste ce n’était pas la meilleure idée...
- En même temps Patrick est venu nous poser des questions, j’ai répondu en toute sincérité et en pensant à ton bien Matt. Je ne pensais pas qu’il te ferait remplacer ! Si je l’avais su j’aurai fermé ma gueule !
- Bon ne t’inquiètes pas, je vais gérer ! Murmure t-il au creux de l’oreille de sa pote.
Matt se rend dans son bureau pour terminer la paperasse. Il est dix-huit heures lorsqu’il quitte la caserne.
Il enjambe sa moto tout en enfilant son casque, au moment où il s’apprête à retirer la béquille, une main se pose sur son épaule.
- Rappelles toi que ce n’est pas prudent et encore plus si tu ressens de l’énervement... s’exclame Patrick.
Matt soupire puis retire son casque.
- Laisses-moi te raccompagner. Propose Patrick.
- Entendu !
Patrick sourit en comprenant que Matt n’a pas refusé ni tenté de lui tenir tête. Pour une fois qu’il n’a pas essayé de faire le têtu.
Matt s’assoit à côté de Patrick et celui-ci le raccompagne à la maison.
Annotations
Versions