La crevette humoriste
Il y a 5 ans, je croyais m’être emparée du Monde et je m’apprêtais à tout faire pour qu’il devienne tien.
Toi, tapi dans dans ta tanière, tu avais fait taire les démons. Le peu de bruit que tu faisais couvrait leurs hurlements.
Dans ma tanière à moi, tu avais laissé entrer la lumière.
Tu as diffusé la douceur sur ce corps que j'ai tant haï. Que j'ai tant maltraité. De cette chair que j'ai tant blessée, j’ai effleuré la chaleur et l’indulgence.
Je suis devenue moelleuse. Je suis devenue tendre. Je suis devenue une guimauve dans ma carapace de ferraille.
Tu m’avais dit « Cap? » et j’avais dit « Cap !! », parce que je l’étais.
Et puis d’un coup, le silence.
Ton silence.
Celui de tous ceux qui sont désolés.
Celui de tous ceux qui ne le sont pas.
C’est comme si l’envie t’était venue de me faire jouer à Colin Maillard sur l’autoroute.
Mais j’ai encore dit « Cap », parce que tu ne m’as pas laissé le choix.
En te barrant comme un voleur de babouches, tu as laissé plus de vide qu’il n’en fallait pour m’engloutir. Du haut de tes 5 centimètres, tu en as pris de la place.
Comme quoi, ce n’est franchement pas la taille qui compte.
Mais j’avais dit « cap »…
Alors, les yeux bandés, dans le noir, à tâtons, j’avance. Je peux trébucher et cogner mes petits orteils dans tous les pieds de table de ce Monde que tu as refusé, mais j’avance.
Cap.
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