Au port, une Diogène attend son marin
Elle allume sa lanterne dès le matin
Ce phare de jour qu’elle fixe sans raison
Est pour cette prométhéenne une prison
"Dis, lumière captive dans ta lampe en verre
Mon amant repose-t-il au fond de la mer ?
Vacille encore un peu et j’aurai ma réponse"
Et Pénélope attend la vérité absconse
Elle scrute toutes les ondulations
Jusqu’à percevoir de lunatiques gorgones
Et leurs libératrices décollations
Qui la feraient marcher dans les pas d’Antigone
Mais bientôt son cœur fuit ces postulats cruels
Car nul Charon menteur ne brisera ses rêves
Tant qu’elle pourra dire à son homme sans trêve
"Je t’aime, mais tache d’être plus ponctuel"
La nuit retombe enfin sur cet ingrat ressac
"Demain je défierai cette maudite flaque
Bientôt je reviendrai" lui avait-il promis
Dix ans déjà que l’océan l’a englouti