- Erwan : Dans mon ancien bahut la salle de bain était partagée avec plusieurs chambres et tu pouvais te retrouver a plusieurs à te doucher en même temps donc autrement dit, intimité zéro…

- Moi : Sérieux ?

- Erwan : Tu as déjà été en camping ?

- Moi : Euh oui pourquoi ?

- Erwan : Et bien pareil : des douches côte à côte avec à peine la place dedans pour t'habiller.

- Moi : Ah oui tu faisais comment ?

- Erwan : J’ai fini par sortir soit en peignoir soit serviette autour de la taille.

- Moi : Ah ouais ça craint !

- Erwan : un peu! surtout que, du coup, on s’habillait dans nos chambres ; donc toute la chambre voyait "le matos"…

- Moi : C’est vrai qu’on a de la chance en comparant.

- Erwan : Surtout qu’on n'est que deux. Au pire y a qu'un type qui en voit un autre, donc ca va…

- Moi : Il y avait combien de gars par chambre ?

- Erwan : Entre quatre et six en lits superposés en plus.

- Moi : Ah ouais ….

- Erwan : Avec une superficie comme celle de cette chambre, salle de bain incluse.

- Moi : J’imagine que tu était dans une chambre de six.

- Erwan : Au début oui ; après ils m’ont changé pour une de quatre.

Je crois comprendre que ce sont ces camarades de chambres qui l’ont violenté, je n'insiste pas de peur d’ouvrir un blessure qui ne serait pas encore totalement cicatrisée. S'il souhaite m’en parler, je l’écouterai mais je ne veux pas le pousser à le faire.

La tendance s’inverse et il m'interroge à son tour. Je lui parle un moment de mon précédent lycée. il m’avoue être un peu jaloux de savoir que j’étais en mesure de rentrer chez moi autant à midi que le soir.

Après avoir longuement parlé de nos lycées, on change de sujet et on parle plus famille. Je lui dit avoir un petit frère qui a globalement son âge et une grande sœur. Il me fait part d’une situation familiale compliquée.

Lui aussi a une grande sœur. Puis, calmement, il m'apprend que son père est décédé des suites d’un très grave accident de voiture. Puis, quelques années plus tard, sa mère s’est mise en ménage avec un autre homme déjà père de deux enfants. Sa mère a mis au monde un bébé si bien qu’il a depuis un demi-frère âgé maintenant de quatre ans.

Je suis assez peiné pour lui car sa situation ne semble pas être des plus faciles. Je comprends vite qu’il ne s’entend ni avec son beau père ni avec les autres enfants. C’est l’une des raisons principales, m'avoue-t-il, qui explique sa situation d' interne.

Il me dit encore que sa sœur a quitté l’école et le domicile familiale à la suite du décès de leur Père et qu’elle lui est d’un très grand soutien depuis. Apparemment, il va chez elle les week-ends plutôt que chez sa mère. Sa sœur est, quelque part,devenue sa maman d’adoption si je résume.

Je lui fais part de tout mon soutien et je me sens un peu attristé de voir une famille qui a tant souffert et se retrouve désormais totalement déchirée