Poésie - Stances à un flûtiste disparu
À Michel
Un jour — t’en souvient-il ? — tu jouas ma musique…
Je l’entendis de loin, rêvant dans le salon,
Et j'allai t'écouter, ô surprise ironique !
En ta flûte passait un sublime aquilon.
Ce n’était pas mon air qui menait à l’ivresse !
Mais que ton souffle aimé me le voulût offrir,
Combien j’en fus heureux, et comme je confesse
Que j’avais plus encor raison de te chérir !
Tu ne m’as rien donné de plus que l’instant frêle
D'une ombre de plaisir qui n'allait nulle part :
Je l’aimai comme on aime une douceur mortelle
Qui, l’instant qu’elle a fui, laisse au cœur son poignard.
Mais… c’était ma musique et… comme elle fut pure
En passant par ta bouche en vibrant en ton sein !
Mais ta flûte est muette, et la Mère Nature
A fermé ton tombeau par son cruel dessein !
Louklouk, 20. VII. 2020
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