La réunion vient de commencer et j'en ai déjà assez. Non pas que je ne comprends pas le sujet de la réunion, loin de là. Je pense juste que le monde peu vivre sans cette entreprise. Le pétrole n'est pas indispensable à la vie. Les êtres humains ont certes, besoin d'énergie, mais de celle là. Et honnêtement, j'aimerais plus être avec ceux qui me sont chers. Mon téléphone sonne. Je lance un regard désolé aux autres et sors dehors pour être au calme. C'est mon voisin qui m'appelle. Je pousse la porte du haut immeuble avec mécontentement. Bien que cet appel m'ai empêché de perdre mon temps là bas, on va penser de moi que je suis un lâcheur. Or, je n'en suis pas un. Je commence quelque chose, je le fais jusqu'au bout, même si cela doit prendre des heures, des jours, voire des mois. J'appuie sur "décrocher". Une respiration courte et rapide comme si mon correspondant était à bout de souffle. On pouvait l'entendre marmonner des jurons.

"- Allô ?

- Allô ?! James ? Il faut que tu rentres vite !

- Qu'est-ce qui se passe ?!

- Des incendis ont débuté, hmff, à l'orée du bois près de chez toi."

J'ai mis un temps à comprendre l'ampleur de sa révélation. Les incendies détruisent l'Australie depuis quelques jours à cause du réchauffement climatique. Cela ne s'est passé que dans des régions éloignées de ma ville. Je n'aurais jamais cru que ce malheur viendrait jusqu'à chez nous.

"J'arrive tout de suite."

Dis-je avant de raccrocher et de composer fébrilement un nouveau message, pour prévenir de mon absence à la réunion. Je fonce vers ma voiture. En prenant en hâte mes clés, je me coupe. La douleur est affreuse, mais, je ne ressens rien. Tout ce que je ressens, c'est de la panique et de la peur. Je m'assoie sur le siège conducteur, insère la clé et tourne. La voiture ne démarre pas. Je réessaye, plusieurs fois sans succès. L'espace d'une seconde, je reste tétanisé.

 Non. Pas maintenant. Je sors de la voiture et commence à courir en direction de ma maison. Je n'ai jamais été un grand sportif, mais, aujourd'hui, un regain d'énergie inattendu me donnait la force de courir. Claudia ! Elle était avec les enfants à la maison ! Ils sont en danger ! Je prends mon téléphone et, tout en courant, compose le numéro de Claudia. Je peux la prévenir. Bip. Il faut qu'elle me réponde. Bip. C'est peut-être une question de vie ou de mort. Bip. Et le voisinage ? Bip. Ils ont peut-être prévenus les secours. Bip. Qu'est-ce que j'entends ? Bip. Le bruit d'attente du téléphone. Bip. Tel un éléctrocardiogramme. Biiiiippp.

"Bonjour ! Vous êtes bien sur la messagerie de Claudia, je ne suis pas dispo-"

Je raccroche. J'essaye cette fois, de composer le numéro de la maison. Même résultat. J'y suis presque. Je peux appercevoir le toit de ma destination. Une fumée noire émanait au-dessus d'elle. J'accélère le rythme. Plus que quelques mètres. Un virage. Je vois la porte d'entré au bout de la rue. Une silhouette est devant et regarde le feu faire un massacre. Ces cheveux blonds, courts, c'est Alex ! Où sont Claudia et Mary ?! Je pose ma main sur l'épaule d'Alex. Il se retourne d'un mouvement. Son visage est remplit de larmes. Il ressemble tant à sa mère. Il mit un temps avant de savoir qui j'étais, ma visage rouge et épuisé de la course que je venais de faire, mes cheveux emmélé par le vent et la vitesse, me rendaient méconnaissable. Lorsqu'il me reconnu, son visage se radoucis.

"Où sont-elles ?!"

Il ne répondit pas tout de suite. Après avoir pris une petite inspiration, il pointa la maison enflammée. Mon pire cauchermar se réalisait. Sans même prendre le temps de réfléchir, sans même prendre le temps de penser à ma vie, je rentre dans le jardin bordé de flammes. Le hall d'entré. Personne. Le salon. Personne. La cuisine. Personne. Juste une table, avec les décoration de la veille. J'entends une plainte s'élever depuis l'étage. Je monte à toute vitesse dans les escaliers. La plainte s'est tue. La fumée bouche mon champs de vision. Les flammes réduisent en cendre tous mes souvenirs. La salle de bain. Personne. Notre chambre. Personne. La chambre d'Alex. Personne. Il ne reste plus qu'une salle. La chambre de Mary. Deux silhouettes, toutes deux au sol. Claudia et Mary. Elles sont enlancés ensemble. Je tombe à genoux près d'elles. Je pose mon oreille sur la poitrine de Mary. Bom bom. Bom bom. Son cœur bat faiblement. Une vague d'espoir passe en moi. Je pose mon regard sur Claudia. Ma main passe près de son nez. Rien. Pas un souffle.

 Toute notre vie ensemble défila devant mes yeux. Rencontre. Emmenagement. Demande. Mariage. Accouchements. Joie. Larmes. Enfants. Tout ça parti en fumée. Tout est terminé. Je prends Mary dans mes bras. Tout n'était pas encore fini. Je peux tous les sauver. Il me faut juste agir vite et bien. Je traverse la maison en flamme et sors. Je la confie à Alex et lui demande d'appeler les pompiers et une ambulance. Sans prendre le temps de regarder la foule de gens autour de moi, je retourne dans le bâtiment. Les flammes ont commencé à détruire l'entrée menant à la cuisine. Je cours de plus en plus vite vers les escaliers. Je tourne. Les larmes coulent toutes seules. Je rentre dans la chambre rose, et argenté. Je prends ma femme dans mes bras. Je la met sur mon dos. Et entreprent de sortir. Je trébuche sur le tapis du couloir. Je saigne. Quelle importance ? Je me relève. La porte d'entrée devant moi est défoncé par les pompiers. Je parvient à sortir et une fois que tous sont en sécurité. Je m'effondre.

 Blanc. Je vois, du blanc. Du blanc partout. Suis-je mort ? Une douleur atroce me transperce le bras. Non je ne suis pas mort. Je suis dans une ambulance. Je me relève d'un coup et les personnes autour de moi tentent de me calmer.

"- Où sont-ils ?!

- Votre famille est prise en charge par d'autres médecins, monsieur.

- Où sommes-nous ? demandais-je plus rassuré.

- En route vers un hôpital, vous pouvez vous rendormir."

 Plus apaisé, je me rendormis. Cependant, mon repos fut agité par des visions d'horreur. Des flammes. Des flammes partout. Elles m'encerclent. Un bourdonnement sourd. Puis, des visages. Des visages terrifiés. Claudia, et Mary. Leurs traits durs ; leurs yeux vides. Elles m'appellaient. Elles me demandaient de l'aide. Elles me suppliaient de les sauver. Et moi, impuissant, je restais pétrifié devant leurs jugements. Tous criaient. Dans le son pourtant trop fort pour distinguer quoi que ce soit, se cachait des acusations meurtrières. Du rouge. Du rouge partout. Du sang. Lentement, les visages firent volt-face et s'en allairent. Je n'ai plus la force de courir. Je tente quand même de les poursuivre.

 La douleur. La douleur, tel un sabre d'ombre, me traverse de toute part. La culpabilité me rongeait de toutes parts. Impossible de lui échapper. Les images de ces corps effondré par terre me hantent depuis seulement quelques minutes, et je les garderais en tête toute ma vie. Ensuite vinrent les mots, qui paradoxalement faisait moins mal que la douleur précedente. Incapable ! J'avais besoin de toi. Tu n'es jamais là pour nous. Nous avons tout fait pour toi, et tu nous laisse périr en nous regardant te supplier. James celui qui avait tous. James, celui qui a abandonné sa famille. Regarde ce que tu nous a fait ! C'est de ta faute. Tu mérites de mourir. Meurs. Meurs ! MEURS !

 Enfin, virent les flammes. Les flammes de l'enfer. Les flammes dévastatrice. Les flammes qui m'ont écartées de ceux que j'aime. Les flammes qui, en quelques minutes, ont réduit en cendre 10 ans de bonheur. Tous ces souvenirs, partis en fumée, réduit en cendre, font place au vide, à la haine et le besoin de vengeance. Je trouverais celui ou celle qui à causé cette catastrophe. Je le trouverais et je le ferais payer.