Lettre 7

2 minutes de lecture

Salut, j'aimerais une fois de plus, te demander comment tu vas. Pour ma part je me sens vide et inutile. Depuis ton départ je suis entrée dans plusieurs phases, telles que le choc, le doute, la culpabilité. Je t'assure dans ma tête c'est tout comme une roulette russe !

Aujourd'hui je suis retournée dans la chambre. J'y ai pris des vêtements à maman pour qu'elle n'ai pas à en racheter. J'ai longuement observé le lit en me rappelant à quel point ton loulou* ne te quittait pas ce jour. Je me suis juré d'agir autrement, de penser autrement, de dire d'autre chose, la prochaine fois, jusqu'au moment ou je me rappelle qu'il n'y aura plus de prochaine fois. C'est drôle, et bien sûr je ris jaune, de voir à quel point je m'obstine à vouloir me rattraper, à vouloir changer les choses une fois les choses faites.

L'autre jour j'ai ressorti les vieux albums photo, tu vois ceux au dessus du canapé. Le premier était celui de ta première fille. Maman me rappelait toute les horreurs que ta mère avait pu dire ou faire vis à vis de ses deux petits enfants. Tu devineras que je parle de ma demi-soeur et de mon frère.

J'ai ressorti mon album : presque vide. Je dois reconnaître que ça m'a fait un peu mal. Dans le peu de photo qu'il y avait, on me voyait à la naissance dans les bras de maman, dans ceux des voisins. On me voyait plus âgé sur les genoux de ton père, mon papy. De toute évidence il y en avait de toi me tenant dans tes bras. Alors une vague de nostalgie s'est emparée de mon esprit. Te souviens tu lorsque tu avais ton vieux peignoir bleu, et que je faisais du tam-tam sur tes fesses, qui soit dit en passant étaient à ma hauteur. Je jouais toujours l'air de georges de la jungle. Malheureusement, tu avais déjà ce petit problème d'alcool. Un matin avant que je parte à l'école, tu avais déjà bu. J'aimais prendre des céréales mais détestais boire le lait. À chaque fois je le vidais discrètement dans l'évier. Je crois bien que le pire de tout est qu'à l'époque je n'avais que 7 ou 8 ans, et le jour ou tu m'avais vu faire je m'étais dis : "Il a bu, il ne s'en souviendra pas normalement". Le comble, c'est que c'était bien réel et surtout vrai.

Sais-tu ce qui m'atriste le plus ? C'est que la dernière fois que je t'ai dis je t'aime remonte à très longtemps, si longtemps que je ne m'en souviens déjà plus du haut de mes 17 ans.

Je t'aime Papa.

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