Luna est déjà en sous-vêtements. Je ne sais pas comment elle fait. Le léger vent me glace et je dois frotter mes bras pour ne pas mourir congelé. Elle frappe dans ses mains en nous voyant arriver et trempe son orteil dans l'eau.

— Mais c'est qu'elle est chaude ! Que le Seigneur bénisse ton père d'avoir laissé chauffer la piscine, Liam.

— Au détriment de la planète... murmuré-je.

Liam m'entend et lève les yeux.

— Qu'est-ce qu'on a dit ? Pas de rabat-joie ce soir, pretty boy.

Je sais qu'il a repris les paroles de Luna. Mais alors qu'il me regarde de ses yeux chocolat, ses mots résonnent différemment dans sa bouche.

Un éclat de rire nous parvient et fait tourner la tête de Liam. La lune fait ressortir la pâleur de sa peau et son profil taillé à la serpe. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il est vraiment beau ainsi : souriant, les cheveux décoiffés et les lèvres humides.

Luna ressort la tête de l'eau et fait quelques brasses.

— Venez, ou vous allez finir congelés à rester debout dans le froid.

Tobias ne se fait pas presser et se déshabille à toute vitesse. Il plonge alors dans l'eau et éclabousse Luna au passage. Il remonte à la surface et secoue ses cheveux sur Luna qui glapit. Puis, il se tourne vers Liam et les deux amis échangent un regard avant de se sourire. Je comprends aussitôt ce qu'ils comptent faire. J'hésite à empêcher leur plan d’arriver à ses fins mais Tobias me fait les gros yeux. Liam se dépêche de se dévêtir, se retrouvant très vite en caleçon. Je me fais violence pour ne pas regarder son entrejambe mais je n'arrive pas à me détacher de ses fesses lorsqu’il se précipite sur Chloe. Une pointe de jalousie se fait ressentir dans mon estomac quand je le vois enserrer sa victime contre son corps qui pousse un cri quand elle comprend ce qu'il lui arrive. Elle supplie son agresseur mais elle est bientôt soulevée de terre. Dans un dernier hurlement, Liam se jette dans l'eau, emprisonnant toujours Chloe. Ils ressurgissent à l'air libre et la blonde frappe son ami sous les rires moqueurs des autres et l'air satisfait de Liam.

— Il ne reste plus que toi, me lance Luna par-dessus le bruit de l'eau. Toi aussi, tu veux que j'envoie mon serviteur venir te chercher ?

Un sourire machiavélique se dessine sur le visage de Liam qui prend appui sur le rebord pour s’extirper de la piscine. Il s'avance vers moi en ouvrant grand les bras. Je laisse mon regard dériver sur la bosse moulée à son entrejambe que laisse entrevoir son caleçon mouillé avant de me prendre.

Je recule de quelques pas.

— Liam, non s'il te plaît.

Il accélère, pare ma défense sans difficulté et m'enserre dans ses bras. L'eau imprègne mes vêtements et le froid s'insinue jusque dans mes os.

— Laisse-moi au moins me déshabiller ! supplié-je.

— D'accord, tu as dix secondes.

Il me lâche et commence à compter. Je me dépêche et au fur et à mesure que j'enlève mes vêtements, je me rapproche de la piscine. Liam me suit de très près, savourant déjà l'instant où il me jettera à l'eau.

Au moment où mon pantalon tombe au sol, je le ceinture entre mes bras. Sa peau froide rentre en contact avec la mienne. Tout comme son caleçon.

Il lève les yeux et je peux voir dans son regard qu'il a compris. Trop tard. Je me laisse tomber de sorte que ce soit lui et non moi, qui rencontre la résistance de l'eau, lui faisant faire un plat dans la piscine. Je ne le lâche qu'une fois au fond de la piscine pour remonter à la surface et reprendre ma respiration.

Luna, Chloe et Tobias m'acclament comme un héros et me félicite. Liam se mord la lèvre et je lui adresse mon plus beau sourire de vainqueur.

Tobias se penche sur le bord de la piscine et saisit de la bouteille d'alcool. Il en prend une gorgée avant de nous la passer.

Je ne sais pas combien de temps nous passons dans l'eau, à boire et à danser au rythme de la musique qui s'échappe du salon. Tout ce que je sais, c'est que je me suis peut-être trompé sur leur compte et que Sarah a raison : je vois le mal partout et surtout, je me méfie trop de tout le monde. Et aussi que Chloe et Tobias se sont embrassés plusieurs fois. Je croyais qu'ils étaient amis ?

***

Ma tête tourne beaucoup trop. Allongé sur le dos, j'essaye vainement de lutter contre un début de mal de tête. J'hésite entre garder les yeux fermés ou les ouvrir. Je tente de les rouvrir. Aussitôt, le plafond se tord et l'envie de vomir torture mes entrailles. Je les referme immédiatement.

Je sais que Luna occupe l'autre canapé, dans un état semblable au mien. Mais je n'ai aucun souvenir de comment je suis retourné dans le salon. Est-ce que je me suis séché avant d'entrer ?

Des pas approchent puis une voix s'élève. Je reconnais celle de Chloe. J'essaye de me concentrer, une main sur le front et l'autre sur le ventre, pour comprendre ce qu'elle dit.

— ...les deux cadavres.

Je crois qu'elle parle de moi et Luna. Eclat de rire. Tobias.

— …part... ramené Luna.

— … êtes sûr ?

Cette voix, c'est celle de Liam. Toujours légère, comme s'il riait constamment. Son sourire apparaît dans mon esprit. Beau.

— Je m'occupe de Oscar... inquiétez pas.

Liam va s'occuper de moi ? Les pas se rapprochent et j'entends un grognement. Je tourne la tête et entrouvre les yeux. Tobias et Chloe forcent Luna à se relever. Elle y arrive difficilement et prend appui sur l'épaule de Tobias tandis que son amie rassemble ses affaires.

Souhaite une bonne nuit. Porte qui claque. Noir.

On me secoue et je grogne de mécontentement.

— Quoi ?

— Viens, on va se coucher. Tu seras mieux dans un lit plutôt que dormir sur le canapé.

Je marmonne quelque chose d'incompréhensible et ouvre les yeux. La pénombre m'accueille mais je distingue le visage de Liam penché sur moi.

— Tu peux te lever ?

— Oui, je crois, hésité-je.

Je me redresse sur le canapé et me frotte le visage.

— Il est quelle heure ?

— Trois heures passées. Je t'ai laissé dormir un peu après que les autres soient partis. Tu nous as écoutés ?

Je hoche la tête.

— Oui, un peu. Je me sens mieux maintenant. Merci d'avoir veillé sur moi.

Il me sourit.

— Pas de souci. Aller, viens.

Je me lève et m'aperçois que je suis resté en caleçon. La gêne s'empare de moi un instant mais je me rappelle de la piscine. Liam, lui, semble s'être changé : il porte un short mais reste toujours torse nu.

Je le suis tandis qu'il me guide à l'étage. Me souvenant soudain d'un détail, je le questionne :

— J'étais peut-être trop bourré mais j'ai cru voir Tobias et Chloe s'embrassaient, dans la piscine...

Liam glousse.

— Non, tu n'as pas rêvé. Ils sont sortis ensemble au collège et se sont quittés l'année dernière. Mais il faut croire qu'ils ne sont faits l'un pour l'autre, ajoute-t-il, ironique.

Nous dépassons la pièce du piano et Liam ouvre une porte sur la droite. Je comprends que c'est sa chambre. Elle est grande, bien plus grande que la mienne. Son lit est défait et des leds accrochées sur le mur au-dessus de son lit diffusent une légère lumière violette, donnant une atmosphère intime. Au fond, une baie vitrée mène à un balcon. Je reste à l'entrée, hésitant, tandis que Liam grimpe sur son lit et commence à s'enfouir sous les draps.

— Je dors où... ?

Il s'arrête et lève un sourcil.

— Je pense que c'est mieux d'être dans un lit pour dormir.

Il me force à le rejoindre en s'installant sans plus se préoccuper de moi. Je m'allonge à ses côtés et nous restons là sans un bruit. Savoir que Liam est à côté de moi me met mal à l'aise. Je fixe le plafond et je sais qu'il en fait de même. Enfin, je crois. J'ose jeter un coup d'œil à côté de moi. Nos regards se croisent. Merde. Ses yeux noisette brillent dans la pénombre. Je détourne la tête mais l'embarras s'est déjà installé.

Un bruissement de draps plus tard et Liam se tourne vers moi. Je reste parfaitement immobile, ne sachant que faire. Je me rappelle brusquement que je suis resté en caleçon et comme si elle n'attendait que ça, ma bite commence à se redresser. Putain de merde, c'est pas le bon moment. Je savais que j'aurais jamais dû rester ce soir.

Soudain, Liam pose un doigt sur mon bras. Je tourne aussitôt la tête. Il se sert de son bras replié comme appui-tête. Il comprend ma question muette mais ne rompt pas pour autant le contact. Et moi aussi. Il soutient plutôt mon regard et attend que je me remette à fixer le plafond. Ce que je fais, évidemment. Alors, il commence à parcourir ma peau du bout des doigts, faisant des allers-retours. Mon caleçon se tend un peu plus. Putain, s'il s'en rend compte, je vais passer pour un con. La voix de Liam s'élève dans la pièce :

— Tu te souviens de quand on est allés se baigner ? Ou t'étais déjà trop bourré ?

Il chuchote mais pourtant, l'obscurité et l'intimité semble l'amplifier, elle résonne sourdement à mes oreilles.

— Oui, pourquoi ?

— Et quand on s'est tenus dans les bras, juste avant qu'on se jette à l'eau ?

Je déglutis. Bien sûr. Mais si tu pouvais éviter d'en reparler maintenant... J'essaye justement de calmer mon pénis qui semble faire sa vie tout seul.

— Oui, répété-je.

— T'avais froid ?

Je le regarde une énième fois. Putain, on est vraiment proche. Je pose les yeux plus bas, pour ne pas avoir à l'affronter.

— Euh... Non, pas vraiment. Enfin, je sais pas, peut-être.

Il glousse. Ses doigts remontent le long de mon bras, passe par mon épaule pour trouver mon torse.

— C'était drôle. Et... J'ai bien aimé être contre toi.

Il relève les yeux et je le regarde instinctivement.

— On était beaucoup plus proche que maintenant, souffle-t-il.

Je ne comprends pas où il veut en venir. Enfin si, je crois.

— D'accord... réponds-je, attendant la suite.

Ses lèvres s’entrouvrent dans un sourire timide. Putain. Oh et puis, merde.